Université d’été du Medef : Gattaz et Valls à l’unisson

samedi 30 août 2014.
 

Répondant aux exigences formulées par le « patron des patrons », le Premier ministre a clamé son « amour de l’entreprise » et annoncé de nouvelles remises en cause d’acquis sociaux comme le repos dominical ou les « seuils sociaux » qui garantissent la représentativité des salariés.

« La France doit faire sa révolution culturelle, accepter que l’entreprise est le cœur de l’économie », a affirmé Pierre Gattaz dans son discours inaugural de la réunion annuelle du Medef. Le patron des patrons a répété son attachement au pacte de responsabilité voulu par François Hollande. Un dispositif qu’il a qualifié de « lumière dans un tunnel » pour les entreprises, ajoutant cependant qu’il fallait « aller au-delà ».

La réponse du Premier ministre, qui lui a succédé sur scène sous les applaudissements nourris et même... quelques acclamations de l’assistance, ne peut que combler les attendes (les exigences ?) de P. Gattaz. Au lendemain du remaniement qui entérine le renoncement à toute politique de gauche, Manuel Valls a d’emblée scellé son idylle avec le Medef, en martelant dès les premières minutes de son discours : « J’aime l’entreprise ! J’aime l’entreprise ! »

Le chef du gouvernement s’est même risqué à une extrapolation audacieuse en affirmant que, selon un sondage, les Français déclaraient « un plus fort attachement aux entreprises (les PME en l’occurrence, NDLR) qu’à des institutions comme la police, l’armée et même l’éducation nationale »…

Peu de commentateurs auront noté la légère contradiction avec la suite de son discours, dans lequel, à l’instar du message délivré le matin même par Emmanuel Macron lors de sa prise de fonction à Bercy, Manuel Valls a fustigé ceux qui opposent « Etat et entreprises, chefs d’entreprise et salariés, organisations patronales et syndicats ». « Notre pays crève de ces postures, a-t-il ajouté. Cessons d’opposer systématiquement, cherchons plutôt à coopérer. »

« La France a besoin de vous. Le retour de la croissance passera d’abord par le soutien aux entreprises », a poursuivi le Premier ministre face aux centaines de chefs d’entreprises qui l’acclamaient. Il a tenu à les rassurer quant à leur profits à venir, répétant, comme il l’avait fait la veille après l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, qu’il ne doutait pas d’obtenir le soutien de la majorité pour faire voter le pacte de responsabilité.

En réponse implicite aux critiques des députés dits « frondeurs » et de l’ex-ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, qui demandaient moins d’aides aux entreprises et plus pour les ménages, Manuel Valls a jugé qu’« il est absurde de parler de cadeaux faits aux patrons, ce langage n’a aucun sens », avant d’évoquer une « sanctuarisation du crédit impôt-recherche ».

Marquant bien son cap à droite, le Premier ministre a également affirmé que dans notre pays, « la protection des salariés est globalement élevée ». S’il n’a pas prononcé les mots « TROP élevée », les propos qui ont immédiatement suivi cette affirmation ne laissent aucun doute quant à ses intentions : ouverture de nouvelles négociations sur le modèle de l’ANI (Accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la "sécurisation" de l’emploi), allègement de la réglementation sur le travail dominical, remise en cause des seuils sociaux qui assurent la représentativité syndicale et salariale au sein des entreprises…

La longue et chaleureuse poignée de main échangée par Gattaz et Valls, à l’issue du discours de ce dernier, a entériné le reniement total, implacable et décomplexé du programme pour lequel François Hollande a été élu en 2012.

Eugénie Barbezat


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