"Si ce gouvernement est archi-décevant, c’est parce qu’il a trahi"

mardi 26 août 2014.
 

Entretien avec Pierre Larrouturou, co-président de Nouvelle Donne. Le jeune parti, composé d’anciens membres du Parti Socialiste, d’Europe Ecologie - Les Verts et du Front de Gauche, a organisé ses premières journées d’été à Amiens du 22 au 24 août.

Quel est le but de ces premières journées d’été ?

Pierre Larrouturou. Ces journées d’été sont une étape importante. C’est la première fois que l’on se retrouve ensemble pendant trois jours. On a fait beaucoup de meetings partout en France, mais on n’a jamais été si nombreux si longtemps. On sera entre 900 et 1000, venus de toutes les régions, alors que Nouvelle Donne vient juste de passer le cap des 10 000 adhérents en seulement neuf mois d’existence. Le but est de travailler sur le fond, sur les questions de démocratie, de chômage et de climat. Mais aussi de voir comment reconstruire l’espoir dans un paysage politique assez sinistré. Donc on espère un moment politique de convivialité et de brainstorming.

Que pensez-vous de la politique actuelle du gouvernement ?

Pierre Larrouturou. Elle est catastrophique. Tous les mois il y a 10 000 ou 20 000 chômeurs de plus. Et 30 000 ou 40 000 personnes qui ne sont plus comptées comme chômeurs parce qu’elles sont tombées dans la pauvreté. Donc tous les mois, il y a 50 000 personnes, 50 000 familles qui sont touchées dans la vie quotidienne. Et ces chiffres ne sont qu’une partie du problème. Voir que Manuel Valls refuse tout débat alors que cette politique ne marche pas, c’est dramatique. La croissance retombe partout. Depuis 2007, les socialistes ont été incapables de penser la crise, de mesurer sa gravité, et de penser des solutions. C’est pour cela qu’il est important que d’autres forces politiques le fassent.

Attendez-vous quelque chose des universités d’été du PS ?

Pierre Larrouturou. Non. Je n’attends rien. On a des amis du PS qui viendront nous voir, dont Barbara Romagnan et Pouriah Amirshahi. Il y a des gens très bien au PS, et de très bons militants, mais la direction du PS et du gouvernement, c’est dramatique.

Le gouvernement est-il encore de gauche ?

Pierre Larrouturou. Non. Hélas. En principe, être de gauche c’est vouloir construire la justice sociale par le dialogue social. C’est ça la social-démocratie. Je suis un ami de Michel Rocard qui m’a toujours appris qu’il faut construire le progrès social par le débat, par la discussion et la négociation collective. Et là, on a un gouvernement qui refuse de dialoguer, même avec ses députés, même avec des syndicats. C’est un système totalement monarchique, où il y a deux ou trois personnes qui décident et qui ont manifestement renoncé au progrès social. C’est un moment très grave et très triste de l’histoire de notre pays, et c’est pour cela que nous tous avons une énorme responsabilité. Avec un parti comme Nouvelle Donne, qui en seulement six mois a réuni plus de 540 000 voix pour ses premières élections, aux européennes, on se dit qu’on a une responsabilité, avec d’autres, pour reconstruire une vraie alternative.

Des ambitions pour 2017 ?

Pierre Larrouturou. Simplement que les Français puissent choisir une vraie politique de gauche et de justice sociale. Il faut que l’on soit capable, face à la désespérance et au désarroi social terrible, de susciter l’espoir. Si ce gouvernement est archi-décevant, c’est parce qu’il a trahi (1), qu’il a renoncé au progrès social, et même renoncé à changer l’Europe. On voudrait que dans trois ans il y ait une alternative crédible et citoyenne. On ne se résigne pas à un second tour entre Sarkozy et Le Pen. On n’en veut pas, donc on va tout faire pour que ce ne soit pas le cas.

Entretien réalisé par Aurélien Soucheyre, L’Humanité

(1) son dernier livre, sur le sujet, s’appelle d’ailleurs la Grande trahison, aux éditions Flammarion.


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