CAPITAINE THOMAS SANKARA, un film bientôt dans les salles

dimanche 17 août 2014.
 

A) Video

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B) Un documentaire sur le CAPITAINE THOMAS SANKARA

Ce documentaire captivant dépeint avec humour la révolution conduite par Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso. De 1983 à 1987, Sankara se bat en faveur de l’indépendance politique du pays, de son désendettement, mais aussi de l’éducation des jeunes, de l’émancipation des femmes et de l’éradication de la corruption. Cette politique intransigeante et les frasques de ce jeune, beau et brillant dirigeant font trembler le monde des puissants et s’achèvent en 1987, année de son assassinat.

Depuis plus de 25 ans, Christophe Cupelin collecte inlassablement les archives écrites, sonores et audiovisuelles et réussit à travers un montage méticuleux à brosser un portrait exceptionnel de cette icône révolutionnaire.

Présentation du film

Un portrait en archives de Thomas Sankara, président de trente-trois ans qui a voulu transformer les mentalités dans son pays, le Burkina Faso, qui a marqué l’histoire de l’Afrique, qui a tenté de remettre en cause l’ordre mondial et fait trembler les puissants de son époque dans les années quatre-vingt.

Thomas Sankara devient président de la Haute-Volta le 4 août 1983. Une année après, il marque définitivement l’histoire et l’identité de son pays en le rebaptisant "Burkina Faso", littéralement la "Terre des Hommes intègres".

Bien au-delà des frontières de son pays, il a représenté un immense espoir pour une grande partie de la jeunesse africaine. Il a conduit une révolution "démocratique et populaire", et apporté davantage de progrès pour les populations pendant les quatre années de sa présidence que durant un demi-siècle de colonisation française.

Vingt-cinq ans après la disparition tragique et non élucidée de Thomas Sankara survenue le 15 octobre 1987, ce film donne à voir et à entendre la parole de ce chef d’Etat atypique, sans doute l’un des plus importants Leaders africains du 20ème siècle.

C) Entretien avec le réalisateur

Pascal Knoerr : D’où provient votre intérêt pour le Burkina Faso et Thomas Sankara ?

Christophe Cupelin : Je me suis rendu une première fois au Burkina Faso en 1985. La découverte de la révolution Burkinabé fut un choc et une révélation pour le jeune homme de dix-neuf ans que j’étais. Pour tous ceux de ma génération, africains ou non, qui ont connu Thomas Sankara, il représentait alors non seulement l’espoir d’une société plus juste au Burkina Faso mais encore l’espoir d’un monde meilleur pour tous. Ce président innovant qui parlait avec verve et humour de problèmes sérieux, notamment à la radio nationale du Burkina, a laissé une trace indélébile dans ma mémoire.

Plus précisément, qu’est-ce qui faisait de Sankara un chef d’Etat atypique ?

La renommée de Thomas Sankara a littéralement traversé les frontières de son pays et du continent africain. Il était considéré comme le président des pauvres, le porte-parole des laissés pour comptes. C’était un révolutionnaire anti-conformiste, même vis-à-vis de son propre camp. Par sa probité, son intégrité et son charisme, il a été celui qui a « osé inventer l’avenir », selon sa propre formule.

Il appartenait à la nouvelle génération apparue en Afrique dans les années 1980, de jeunes militaires révolutionnaires épris d’intégrité et de liberté. « Sans formation politique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance », disait-il, marquant ainsi sa différence. Ses déclarations ont fait trembler les pouvoirs et inquiété les chancelleries, au nord comme au sud. Et sa mort aux accents tragiques a contribué à faire de lui une figure mythique de l’histoire contemporaine africaine adulée par les jeunes Africains.

Aujourd’hui, la majorité des Burkinabés gardent de Thomas Sankara l’image d’un homme intègre, qui a changé les mentalités de ses concitoyens et donné une dignité à son pays. Une image et un idéal qui résistent au temps, Thomas Sankara étant toujours perçu comme le « père » fondateur de la nation.

Pourquoi avoir choisi le cinéma pour raconter son histoire ?

C’est lors de séjour initial au Burkina Faso que j’ai tourné mes premières images en super-8 et que j’ai décidé de « faire du cinéma ». Aujourd’hui, un quart de siècle plus tard, ce film me ramène à ces origines de ma pratique cinématographique, aux espoirs qui nous habitaient alors, à ce temps où l’histoire semblait s’écrire en direct…

Pour ce qui est de la matière première, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur des images d’archives remontées à la surface en 2007, année du vingtième anniversaire de sa mort. En effet, jusqu’alors, les traces audiovisuelles concernant Sankara et la révolution Burkinabé avaient disparu ou étaient du moins restées invisibles. Cette année-là, des archives importantes, libres de droits, sont apparues sur Internet ; deux films pour la télévision, contenant chacun leur lot d’images inédites, ont été réalisés en France, et j’ai moi-même trouvé de nouvelles archives.

Comment le récit de votre film s’est-il articulé autour de ces archives ?

Ces images sont très importantes pour l’Histoire et nous permettent de découvrir Thomas Sankara à l’œuvre, son charisme et son importance en Afrique. Sa personnalité crève l’écran quand il tente de convaincre du bien-fondé de sa révolution avec éloquence, brillance et humour. On voit aussi la façon dont il est perçu par les médias occidentaux - surtout français - durant les années 80. Tour à tour, Sankara est qualifié de marxiste, d’homme de Kadhafi, d’anti-français, voire de dictateur...

Ces différents lots d’archives enfin rendues publiques et accessibles, auxquels s’ajoutent mes archives personnelles récoltées sur place au Burkina Faso depuis mon premier séjour en 1985, m’ont permis de développer un récit fort, captivant et plus approfondi sur Thomas Sankara et la révolution Burkinabé. La construction narrative du film s’est fondée à la fois sur ma propre expérience vécue en direct au Burkina Faso, sur l’ensemble des sources écrites et non écrites disponibles à l’heure actuelle, et sur le recueil d’une mémoire orale transmise par différentes personnes qui ont fréquenté de près ou de loin Thomas Sankara.

Votre film aborde bien sûr le flou entourant la mort du président Sankara…

Il n’y a jamais eu d’enquête sur les circonstances de la disparition de Thomas Sankara. Le certificat officiel de son décès produit trois mois après sa mort, mentionne seulement, qu’il est décédé de « mort naturelle ». Sa tombe supposée se trouve au cimetière municipal de Dagnoen, banlieue ouest de Ouagadougou, où une commémoration a lieu annuellement tous les 15 octobre.

Le principal suspect de l’assassinat de Thomas Sankara est son meilleur ami, Blaise Compaoré, « numéro deux » durant la période révolutionnaire de 1983 à 1987 et aujourd’hui toujours président du Burkina Faso. Cette tragédie humaine, brutale, entre « frères d’armes », contribue à donner une dimension mythologique au récit.

On peut tuer un homme, mais on ne tue pas ses idées : cet adage s’adapte parfaitement bien à la figure de Thomas Sankara qui nous lègue une expérience sociale et politique complètement nouvelle et totalement singulière. D’une certaine manière, Sankara existe encore bien plus en étant mort que vivant. Il s’agit désormais de restituer la mémoire de sa parole à la fois aux Burkinabés et à l’ensemble de la communauté internationale.

Propos recueillis et mis en forme par Pascal Knoerr


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