Réaction de militants du PC au texte de Michel Onfray (encore et toujours)

dimanche 4 mars 2007.
 

Mineur, fils de mineur, fier d’être communiste. Lettre ouverte à Michel Onfray

de Achille Blondeau, résistant, syndicaliste.

Quand une énormité était proférée devant elle, ma mère disait : "il vaut mieux entendre cela que d’être sourd".

Si elle avait pu prendre connaissance des énormités proférées dans Libération par Michel Onfray, atteint d’un violent délire anticommuniste, elle aurait inévitablement conclu : "il vaut mieux lire cela que d’être aveugle."

Trop c’est trop. Je m’insurge avec vigueur, avec colère, contre cette monstrueuse calomnie : « la classe ouvrière a été le cadet des soucis du Parti communiste ».

Elle est tellement énorme qu’aucun idéologue anticommuniste n’avait osé l’énoncer. Michel Onfray, qui croit sans doute ainsi bien servir José Bové, l’a osé !

Mon père était un mineur communiste.

Il fut un des artisans du Front populaire dans les mines du Nord. Les communistes furent dans tout le pays à la pointe de la grande grève générale de juin 1936 qui amena, entre autres, les 40 heures et les congés payés.

Le Parti communiste m’a d’abord conduit à la Résistance à l’occupant nazi, puis à agir pour la défense des travailleurs, ce qui m’a amené à militer à l’organisation syndicale des mineurs à laquelle j’ai voué ma vie. Mon père spirituel a été Henri Martel, député du Douaisis, légendaire dirigeant syndical des mineurs, dont les deux fils, Germinal et Henri, furent fusillés par les nazis.

C’est un ministre communiste, Marcel Paul, qui fut, au bout de la chaîne, l’artisan décisif pour la nationalisation des houillères et l’adoption par le Parlement du statut du mineur. C’est un autre ministre communiste, Ambroise Croizat, qui promulgua la Sécurité sociale minière (et aussi la Sécurité sociale qui, malgré les atteintes qu’elle a subies, demeure un exemple pour le monde entier). Michel Onfray peut invoquer l’excuse qu’il n’était pas né à l’époque. Mais alors, qu’il se renseigne.

J’ai été un dirigeant national de la Fédération des mineurs de la CGT. J’en ai été le secrétaire général de 1968 à 1980 qui vit mon départ en retraite. Dans toutes les grandes luttes revendicatives que la corporation minière a menées, j’ai naturellement trouvé le PCF à ses côtés.

Je cite (pardon pour les nombreux oublis) : la grève générale de 1948 contre le démantèlement du statut du mineur, la grève générale de 1953 contre les décrets Laniel, la grande grève générale des mineurs de 1963 (1), les grèves d’Aubrives (1961) et Decazeville (1961-1962) Ladrech (Gard) début 1980 et (force est de dire etc. ).

J’ai toujours vu le PCF et ses élus aux côtés des mineurs.

On peut naturellement apporter des critiques à l’action de ce parti politique depuis sa naissance. Je suis prêt à en débattre, avec n’importe qui et n’importe où (salle de réunion, télé, radio, presse etc.), j’attends les offres.

Je pourrais encore écrire des pages et des pages sur la situation passée, je préfère conclure en disant : j’ai été communiste tout gosse (2). J’ai adhéré aux Jeunesses communistes clandestines en octobre 1940. Cela me fait près de soixante-sept ans de Parti, de « dévot communiste » pour reprendre les termes de Michel Onfray, moi qui n’ai jamais eu aucun rapport avec la religion. De ces soixante-sept ans de vie militante, j’en ai tiré une certitude : seul le Parti communiste a su défendre en tous lieux et en tous temps les intérêts généraux de la classe ouvrière.

C’est pourquoi, en conclusion, je voudrais dire à tous les salariés : « les avantages sociaux dont vous bénéficiez et dont certains sont sérieusement menacés par Sarkozy et consorts, sont le résultat des luttes dont les communistes ont été les meilleurs artisans et les meilleurs dirigeants. Rien n’est acquis définitivement mais, croyez-moi, il est plus facile de défendre des droits acquis que d’en acquérir d’autres. Alors, ne laissez toucher à aucun de vos droits.

On les menace au nom du modernisme et on veut vous ramener aux débuts du capitalisme industriel. Rejetez les charlatans, défendez vos droits et luttez pour en obtenir d’autres. Les richesses produites par le travail le permettent. »

Nous sommes près de l’élection présidentielle. Le choix du bulletin de vote n’est pas toujours facile. Malheureusement, le camp antilibéral n’a pas trouvé de candidat unique. Quel que soit le souhait que nous ayons pu exprimer, les uns et les autres, il y a peu de temps, quels que soient les regrets que l’on puisse avoir devant la dispersion des candidats, pour moi le choix est clair : c’est celui de Marie-George Buffet, désignée majoritairement par les comités antilibéraux, et ratifié à plus de 80 % par les membres de son parti.

Il n’y a aucune équivoque, les grands changements antilibéraux auxquels j’aspire et qui nécessiteront encore d’autres luttes importantes passent par le vote au premier tour en faveur de Marie-George Buffet et au second tour par le vote anti-Sarkozy.

(1) 1963 : Quand toute la mine se lève, d’Achille Blondeau, Éditions Messidor.

(2) J’ai été communiste tout gosse, d’Achille Blondeau, Éditions le Geai bleu.

De : Achille Blondeau samedi 3 mars 2007


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message