L’immense chantier progressiste à ouvrir

dimanche 15 juin 2014.
 

La crise politique et la crise d’avenir sont si profondes que fleurissent désormais à haute voix des doutes sur la capacité de F. Hollande à tenir encore 3 ans dans ces conditions. Certains testent l’idée d’une dissolution de l’Assemblée nationale, sans jamais parler des politiques à mettre en oeuvre pour sortir le pays de l’impasse.

Les révélations autour des affaires de l’UMP et les épais doutes qui s’accumulent sur le financement de la campagne des élections présidentielles de M. Sarkozy amplifient la crise de la politique qui désormais atteint toutes les formations, leurs dirigeants et les institutions. Le paysage politique semble se transformer en un champ de ruines dans lequel se prélasse l’extrême droite. Le président de la République n’est plus soutenu que par une infime minorité de nos concitoyens et le parti dont il est issu rassemble moins de 14 % aux élections européennes. De son côté, l’UMP, ne dépassant pas 20 % des voix, se voit absorbée par le parti de Mme Le Pen. Ce dernier touche les dividendes de la stratégie de M. Sarkozy, qui a validé ses thèses. Il surfe sur les affaires de corruption, les promesses non tenues et une crise globale qui n’en finit pas. Et ce n’est pas un triumvirat d’anciens premiers ministres à la tête du parti de la droite qui pourrait incarner un nouveau projet d’avenir. Pas plus d’ailleurs qu’un retour de l’ancien président Sarkozy, dont les Français ne voulaient plus en 2012. Tous n’ont en tête que la conquête de l’Élysée avec un projet encore plus favorable aux exigences de la finance et des privilégiés.

La crise politique et la crise d’avenir sont si profondes que fleurissent désormais à haute voix des doutes sur la capacité de F. Hollande à tenir encore 3 ans dans ces conditions. Certains testent l’idée d’une dissolution de l’Assemblée nationale, sans jamais parler des politiques à mettre en oeuvre pour sortir le pays de l’impasse. D’autres relancent cette vieille idée d’un gouvernement d’union nationale. Autrement dit, conscients des dangers d’une mobilisation populaire à contenu progressiste, les forces du capital et leurs petits commis politiques cherchent des issues qui feraient croire que ça change, pour que rien ne change. La thèse du gouvernement d’unité nationale vise à conforter encore plus l’idée qu’il n’y aurait aucune politique alternative possible, ce qui validerait celle de l’extrême droite autour de « l’UMPS » et lui donnerait de nouvelles ailes pour atteindre les sommets.

Dans la situation inédite que connaît le pays, les puissances d’argent considèrent sans doute qu’un bloc central consensuel, composé des partis dits de gouvernement, dans une alliance à l’allemande, aidé par un Front national à la fois chargé de rassembler les mécontents et de justifier les alliances contre-nature au sommet de l’État, serait la solution pour maintenir le système en l’état. Qu’on ne s’y trompe pas, les conséquences dramatiques de la crise, les progrès de la résignation, des idées de fatalité, les pertes de repères et l’absence d’une alternative progressiste crédible rendent plausible ce qui serait apparu comme inimaginable il y a encore une dizaine d’années.

Il n’y a donc pas de temps à perdre pour inventer un autre avenir, avec nos concitoyens restés attachés aux valeurs et aux projets de gauche, plaçant en leur coeur l’humain d’abord. Avec eux, il s’agit tout à la fois de définir la nature des changements les plus immédiats à opérer en matière économique, sociale, écologique, culturelle et démocratique. De les inscrire dans une espérance renouvelée qui ne saurait se contenter de reproduire celles qui ont prévalu au siècle précédent. La situation oblige urgemment à replacer sur le devant de la scène la transformation de notre République monarchique, où le président décide de tout et fait découler les choix du Parlement, donc de sa majorité, de sa seule parole. Il est nécessaire de revaloriser le rôle du Parlement, d’impulser une nouvelle démocratie sociale, incluant de nouveaux droits et pouvoirs d’intervention des salariés dans l’entreprise. La crise est aussi celle d’une certaine conception des partis, arc-boutés, avec le nouveau système médiatique, sur la seule élection présidentielle. Ils ont été transformés en machine électorale, voire en outils politiciens au service d’un chef, susceptible de concourir à l’élection présidentielle. Ils étaient consubstantiels à la démocratie politique. Ils devraient être des outils au service du débat, d’élaboration de propositions, de projets, de formations, de renouvellement des élus, jusqu’au plus haut niveau de l’État. Tout le contraire de ce qui se passe aujourd’hui, alors que le gouvernement va supprimer ceux qui se trouvent le plus en proximité avec les citoyens, avec la négative réforme territoriale.

Pour convaincre les femmes, les hommes, les jeunes que l’activité politique dominante répugne, ils doivent être associés au processus de bout en bout et contribuer à ce que le souffle de la novation l’emporte sur le poids de la nostalgie, voire du rejet. Multiplier les occasions de se rencontrer, de s’écouter, de se parler, saisir ce qui rassemble sans vouloir uniformiser, se respecter. Bref, construire du neuf, innover, rassembler, tel est sans doute le chemin à emprunter pour redonner confiance dans la capacité de transformation que recèle un mouvement populaire réellement démocratique. Le Front de gauche peut y contribuer. Il doit pour cela produire sur lui-même des efforts de réflexion et des propositions pour se hisser à la hauteur des ambitions qu’il prétend incarner. C’est indispensable pour qu’il soit mieux au service des citoyens en devenant une force politique qui donne envie de s’investir dans la réalisation d’une oeuvre humaine collective pour un plus haut degré de civilisation et d’émancipation. La tâche est rude mais elle peut aussi devenir exaltante, jusqu’à rencontrer les aspirations d’une jeunesse sans laquelle rien de vraiment nouveau n’est envisageable.

La préparation de la Fête de l’Humanité, qui aura lieu les 12, 13 et 14 septembre prochains, dans les quartiers, les entreprises, les villages, est l’occasion, dès les prochains jours, de commencer à travailler à l’indispensable contre-offensive idéologique et culturelle. La Fête elle-même doit être ce grand rassemblement contribuant à revitaliser les valeurs, les idées progressistes, et à refonder la gauche.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message