Analyse politique et programme d’action DE PRS EN PROVENCE

dimanche 21 janvier 2007.
 

Synthèse globale d’une discussion de représentants des 3 clubs des Bouches du Rhône (Aix, Marseille, Vitrolles), le 22 décembre 2006 à Marseille et de diverses contributions écrites de camarades du Var, des Alpes Maritimes, du Vaucluse comme contribution régionale au débat du CN de PRS 20-21 janvier 2007 à Paris.

Sur l’échec d’une candidature unitaire de la gauche antilibérale à la présidentielle

Il y a accord pour dire, au-delà, des motifs boutiquiers tragiques, des départs de la majorité LCR puis de la direction du PCF qui ont affaibli d’abord, puis mis un terme au processus en vue de la présidentielle, que les motifs profonds de l’échec tiennent à ce que les questions concernant l’objectif de la recomposition à gauche (faillite du communisme, échecs et dérives libérales de la social-démocratie) demeurées en filigrane, surtout après l’entrée en scène de Mme Royal, n’ont pas été suffisamment affirmées, encore moins débattues au sein des collectifs, y compris par nous mêmes. De sorte que ces questions justifient que nous maintenions des liens à préciser avec les composantes, au moins celles qui sont organisées, du rassemblement antilibéral.

Sur le rôle du PCF, un des rares en Europe à s’être maintenu avec ce nom depuis 1989, on doit s’interroger, dans le but de trouver dans l’avenir des alternatives ensemble. Il n’y pas eu de " communisme d’état " : c’est le communisme, comme mouvement politique, partisan et doctrinal, apparu en 1917 en Russie, issu du léninisme et du trotskisme, qui a échoué. Cela n’enlève rien à l’apport positif de l’extrême gauche dans les luttes et à celui des communistes et des PC depuis 1920 (luttes sociales, Front Populaire, Résistance, participation à la construction de l’Etat-providence...), malgré les tragédies qu’ont engendré la politique internationale de Moscou et les régimes communistes, en particulier avec le stalinisme, dans l’ex-URSS, en Europe de l’Est, en Asie...Tragédies qui ont contribué au XXè siècle à discréditer le socialisme en général.

Le PCF a cru s’en affranchir par quelques formules de condamnation qui n’ont pas enrayé son déclin, passés les souvenirs glorieux de la Résistance et des acquis sociaux de 1945-46, vivant surtout dans la mémoire d’une génération, proche aujourd’hui de sa fin biologique. Il est possible que 2007 soit l’épilogue pour ce parti, issu de la scission de la SFIO, qui faisait l’unité de la révolution et du réformisme, de la démocratie et du socialisme.

C’est pourquoi nous pensons qu’une recomposition à gauche ne pourra se faire autour d’un pôle communiste ou néo-communiste, qui serait centré sur le PCF ou le trotskisme et sur une lecture étroite du marxisme, issue de la période communiste.

Sur les questions doctrinales et programmatiques, qui sous-tendent les blocages politiques

Dépasser de tels héritages est une nécessité car ils engendrent des blocages culturels, idéologiques et programmatiques, qui pèsent dans la construction d’alternatives à l’ordre néolibéral et néo-conservateur.

En effet, la vision de la transformation sociale, dans la culture communiste (celle du PCF comme de la LCR) ou néo-communiste reste fondée sur l’opposition du Travail au Capital comme fin en soi et non comme outil, pensée quasiment indépendamment des conditions institutionnelles, sociales et économiques de l’action. Elle reste ainsi largement étrangère à la question de la forme et des fins de la démocratie et de la République.

Elle permet difficilement de passer de la dénonciation du réel à sa transformation progressive, par des mesures à la fois ambitieuses, crédibles et opératoires. Nous soulèverons ici trois manifestations, constatées dans les collectifs et leurs propositions, des limites de ce type d’approche.

Tout d’abord, la réflexion sur la réforme du système fiscal (nécessaire pour financer de façon ambitieuse, la dépense publique et la protection sociale) reste axée, pour l’essentiel, sur la hausse des cotisations sociales et la taxation directe du Capital. Elle est insuffisante en terme d’efficacité économique et salariale, car un accroissement inconsidéré des cotisations sociales peut peser sur les capacités d’investissement comme sur les salaires directs, et en terme d’égalité et de redistribution, car le meilleur outil pour cela reste l’impôt direct et progressif, le plus juste et le plus républicain.

Ensuite, la promotion du service public devient une extension sans limites, sans principes et sans priorités, donc peu crédible et peu audible. Ainsi, on ne peut mettre sur le même plan la création, même souhaitable, d’un service public du logement, qui relève de l’assistance sociale, avec la reconquête des services de réseaux, indispensables à la solidité économique ou avec le développement de l’Ecole publique, service public institutionnel par excellence. Le moyen, la propriété publique, tend alors à se substituer à la fin véritable et républicaine du service public, l’intérêt général, et à une réflexion approfondie pour voir dans quels cas l’égalité par la loi, la régulation et la réglementation doivent l’emporter.Et nous poserons la question de la construction de services publics gérés au niveau européen.

Enfin, il manquerait à un pôle communiste ou néo-communiste, la culture républicaine et démocratique pour concevoir le perfectionnement des institutions comme condition du progrès et de la transformation sociale. Il en ressort une expression surtout formelle de la VIème République, avec un quasi-abandon de la laïcité et de l’indivisibilité et une mise en perspective timide et floue de la démocratisation de l’UE et de son processus constitutionnel.

Le dialogue avec nos camarades communistes, qui vont prendre un probable nouveau coup sur la tête à la présidentielle, et avec tous ceux qui veulent la transformation sociale et la recomposition de la gauche, devrait aussi aborder ces sujets, sur l’actualité et la modernité des principes et des thèmes de la République sociale.

Sur les appels à voter à la présidentielle et aux législatives.

Il y a débat entre nous sur la présidentielle. Des camarades ne veulent pas que nous appelions à voter, sous aucune forme, Ségolène Royal ni au premier ni au second tour, au motif que le remède serait pire que le mal : l’élection de SR provoquant une accentuation de la confusion droite-gauche dans l’opinion, qui serait destructrice pour l’avenir.

D’autres pensent que sans faire campagne pour elle (car elle n’entraîne pas une adhésion ni dans les formes ni dans le contenu, sans parler du risque de renversement d’alliances), il faut appeler à battre la droite et l’extrême droite sur un contenu précis et à voter à gauche, sans précisions.

L’épineuse question du vote utile dès le premier tour pour SR, afin d’arriver au second et battre la droite a été posée, non réglée. Elle devrait l’être par un débat national ouvert dès le début janvier par un appel à contributions individuelles et collectives, en préalable du CN, par le site intranet de PRS puis tranchée au CN de PRS.

En outre, l’éventuelle victoire de SR qui, depuis le début de sa campagne en janvier 2006, se place en " arbitre " au-dessus des partis, rendra illusoire tout travail de reconstruction d’un parti socialiste se donnant pour mission une transformation réelle des rapports sociaux.

La course aux places est ouverte, aucune remise en cause idéologique autre que celles qui permettraient une communication en phase avec l’opinion instantanée (et donc de fait l’idéologie dominante) ne serait audible, ni à l’interne du parti, ni à l’externe car les médias n’en voudraient pas.

Il n’ y a aujourd’hui, ni dans le programme du parti, ni dans celui de la candidate de réponse sérieuse, crédible et qui tienne compte des aspirations du peuple (en particulier depuis le 29 mai 2005 ou devant la méfiance face à une décentralisation qui irait encore plus loin) sur les questions suivantes : développement économique, construction européenne, missions et promotion des services publics, revalorisation du service public d’éducation et de sa dimension institutionnelle, place et de "l’éminente dignité" des fonctionnaires dans l’Etat et respect de leur statut, laïcité et lutte nécessaire contre des communautarismes qui refusent de fait les lois de la République et que certains membres des comités anti-libéraux prennent pour l’incarnation du nouveau prolétariat, culture au sens plein du terme (où sont passés l’exception française, l’effort de ce que furent avant qu’on les tue les MJC ?...), droit du travail et égalité entre les citoyens dans ce domaine précis, pouvoir d’achat (et ce n’est pas innocent de parler de la vie chère quand on n’a pas de politique à proposer sur le partage des richesses créées dans un pays)...

L’utilité première de PRS c’est d’être d’abord un think tank qui contribue à rebâtir pour la Gauche tout entière un corps de doctrine opérationnelle, dans la société telle qu’elle est devenue, pour la transformer en la démocratisant selon les idéaux républicains et en refondant les solidarités nécessaires.

La participation de PRS à la campagne présidentielle ne peut avoir qu’un sens : démolir l’argumentaire des droites, dénoncer les effets de leurs choix et faire apparaître des thèmes forts : promotion de la laïcité contre les communautarismes et toutes les formes de soumissions à l’ordre dominant (économique, élitiste, consumériste, religieux de toutes obédiences...) ; constituante européenne pour 2008 et coopérations entre les états ; développement du service public et de l’état ; pacte écologique ; révolution fiscale ; primauté de la décision publique et de la souveraineté populaire sur tous les renoncements au profit d’une soi-disant efficacité économique...

Pour cela on ne peut pas s’appuyer sur le programme du Parti socialiste, ni sur les discours de la candidate...Alors ?

Même dans la dialectique du court terme et du long terme et compte tenu de ce qu’est devenu le parti à l’occasion de la campagne interne, on voit comme une contradiction difficile à résoudre. Pour une partie d’entre nous, il y a des moments où le silence est d’or. Pour d’autres camarades au contraire une communication simple sur ces thèmes, appuyés par de courts argumentaires est utile comme entrée, à notre façon, dans la campagne présidentielle.

Sur les tâches de PRS.

Nous sommes d’accord pour engager une campagne autonome contre droite et extrême droite, sur des contenus ciblés par réunions publiques et par des affichages PRS, sachant que SR va esquiver ou pire estomper les clivages droite-gauche.

Ce qui signifie, éducation " populaire " par ateliers de lecture (en commençant par les programmes des candidats à la loupe) et formations sur les questions de fond : l’alternative par la République sociale semble urgente car ignorée par quasi tous sauf par nous et quelques réseaux rescapés du " chevénementisme ".

Il s’agit aussi de prendre langue officiellement avec les composantes organisées des collectifs en commençant par les communistes unitaires, la minorité LCR, les Alterékolo, les fabiusiens. Pour ces derniers, les formes sont à déterminer ; à Marseille c’est possible avec le maire des 13ème-14ème avec qui nous avons construit des liens à l’occasion des luttes contre les nombreuses expulsions de parents d’élèves et organisé un parrainage républicain réussi...

Tout cela afin de poursuivre les débats commencés sur la recomposition et pour leur proposer l’organisation commune des ateliers de lecture, formations, débats politiques publics y compris durant la campagne qui vient, et tout autre forme d’intervention publique dans les luttes sociales. Nous pensons en effet que la construction d’un parti (ou d’une organisation) antilibérale ne sortira pas de colloques mais de débats nourris par la pratique dans les luttes. Nous souhaitons un meeting public avec Jean Luc à Marseille en ce sens dès que possible.

Nous pensons enfin que le PCF vit les derniers soubresauts de son existence tel qu’il s’est constitué et que faute d’être au clair avec son histoire. Ainsi nous devons être à l’écoute, nouer des liens d’abord avec les communistes unitaires qui seront les plus désemparés.

Etre ambitieux en transformant notre association

La République sociale n’est pas seulement un mot d’ordre. Elle exige d’une part, que nous portions une réflexion fidèle aux principes républicains, qui gardent leur modernité et permettent de dépasser les dérives de la social-démocratie comme le communisme, d’autre part, que notre organisation et notre fonctionnement soient exemplaires en terme de démocratie, de clarté et de rigueur dans le débat.

Nous considérons tous que PRS devrait améliorer ses méthodes de travail, son fonctionnement interne adapté à sa croissance prévisible, en tous cas souhaitable, devenir un collectif national où la circulation des informations et des points de vue se fait de la base au sommet et réciproquement par des canaux propres et non publics (intranet du site PRS ou tout autre moyen à trouver), se donner les moyens financiers nécessaires (vraies cotisations proportionnelles aux revenus), permettre une participation de tous les militants (péréquation financière pour les déplacements des provinciaux lors des réunions nationales...). Il nous semble également indispensable de procéder à la création un comité de rédaction représentatif de notre taille nationale pour A Gauche, à l’élection des responsables et d’un collectif national de direction... Nous souhaitons enfin que les questions stratégiques soient débattues et non entérinées par les CN (exemple du CN du 20 janvier 2007 quand le matériel est prêt avant la réunion).

Synthèse établie par Gérard Perrier et Sylvain Bartet, relue et approuvée par les responsables et militants PRS de la région PACA signataires.


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