Est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques phrases ?

André Greder, presque 65 ans, ancien ouvrier buandier de l’hôpital de Montauban. où j’étais élu CGT au CTE et aux commissions paritaires. Membre du parti communiste depuis 1986, j’ai exercé plusieurs responsabilités au sein du parti communiste. Je suis à la retraite depuis 2005 après avoir participé à une belle lutte pour la mise en place des 35 heures à l’hôpital. Actuellement je suis membre du conseil départemental du PCF 82, adhèrent du collectif du Front de Gauche 82, et en charge du bi-mensuel communiste de Tarn et Garonne.

Quelle action mène le collectif santé auquel vous participez ?

Depuis 2 ans j’ai rejoint l’association des usagers et amis de l’hôpital de Montauban. Actuellement nous menons une action face au danger qui guette le service radiologie. En effet sur les 7 postes de radiologue budgétés dans les hôpitaux de Montauban et de Moissac , seul 1 a été pourvu pendant plusieurs années.

Le projet qui est sous le coude des directions, avec le soutien de l’ARS , est de livrer tout ce pôle au secteur privé qui gèrerait au sein de l’hôpital , les besoins publics et privés du département. Dans le même domaine, notre Association a soulevé depuis plusieurs mois au travers de la situation en radiologie le problème du recours à des praticiens intérimaires aux tarifs prohibitifs (de 1000 à 1800 €/jour !) qui contribue à creuser les déficits.

Quelles sont les conséquences concrètes de l’austérité sur nos hôpitaux et notre système de santé ?

Pour répondre à cette question je me suis entouré de Yannick Petitou, le secrétaire du syndicat CGT de l’hôpital. Pour lui, l’arrivée de la gauche au pouvoir n’a rien changé. On reste dans une logique de restrictions. Par exemple, à l’hôpital de Moissac, il n’y a plus d’intervention chirurgicale la nuit. Dans nos hôpitaux les listes d’attentes pour des consultations spécialisées sont importantes. C’est le cas en ophtalmo, et en Rhumatologie. Idem pour passer un scanner ou une IRM.

Concernant les personnels, outre le blocage de nos salaires depuis 2010, c’est aussi la tentative de remettre en cause nos acquis. Ainsi à Moissac, ils ont perdu entre 7 et 9 jours de RTT. Avec pour objectif de réduire l’embauche de personnels de remplacement, histoire de réduire les dépenses. Les directions grignotent sur tout y compris sur les quantités de nourriture servies aux malades. Le temps de transmission entre deux équipes de travail est désormais limité à 20 minutes, ce qui fait que l’on parle d’un malade pendant 40 secondes. A l’hôpital de Montauban, on loge les personnes âgées dans des préfabriqués qui se dégradent de jour à jour.

Il faudrait aussi aborder un problème que tout le monde semble ignorer. En Pédopsychiatrie, il y a 200 enfants du département qui figurent sur une liste d’attente. Des gamins sont pris en charge quelques demi-journées alors qu’il faudrait les soigner toute la semaine. Les parents sont à bout car il n’y a pas de structure d’accueil suffisante.

Une autre politique de santé devrait s’imposer ?

La gauche socialiste au pouvoir n’a fait qu’aggraver la situation, c’est clair. Il est temps d’arrêter de réduire les moyens dans la santé. Tous ceux qui sont favorable à cette politique d’économies doivent assumer qu’ils participent ainsi au rabougrissement de l’accès aux soins et à une qualité de prise en charge qui va en diminuant. C’est indigne d’un gouvernement de gauche. D’’un côté des restrictions pour ce qui est vital pour la population et de l’autre des actionnaires et des financiers qui accumulent des fortunes.

Il est grand temps qu’un pays moderne et développé comme le nôtre se dote d’une ambition bien plus importante en matière de santé. Avec les techniques existantes aujourd’hui, on est capable de mieux soigner. Mais hélas, les choix financiers, la non répartition équitable des richesses ne permettent pas de faire profiter le plus grand nombre de ces progrès. C’est le contraire d’une société qui a le socialisme comme perspective. Pourtant c’est cela la gauche. Non ?