Ségolène Royal : Le développement rural, axe majeur de la future politique agricole commune

samedi 24 février 2007.
 

"La Politique Agricole Commune doit nécessairement prendre en compte des actions en faveur du développement rural comme une priorité. Celles-ci doivent être l’axe majeur de la future PAC, pour une politique garante de l’équité et de la solidarité entre les producteurs mais également pour une agriculture créatrice de valeur ajoutée, et d’une production de qualité AOC, bio, respectueuse de l’environnement et de l’aménagement de l’espace rural. C’est aussi le seul moyen de garder des agriculteurs nombreux sur l’ensemble du territoire et rompre avec la concentration des exploitations et la désertification rurale de certains territoires ruraux

En effet, l’agriculture est un élément essentiel pour les régions rurales qui ont besoin d’un soutien important de l’Europe. Le budget agricole européen représente plus de 40% du budget européen. Pour la région Poitou-Charentes, c’est 650 millions d’euros d’aides aux agriculteurs par an.

La mise en œuvre par le gouvernement français et le Président de la République, dans le cadre de l’application de la réforme de la Politique Agricole Commune et des négociations sur le budget européen, figent une situation où 30% des agriculteurs les plus productivistes touchent 70 % des aides PAC.

Pour cela des changements immédiats avec une réorientation de la PAC actuelle, dès 2007 avec :

1 - Application de l’article L69 de la PAC sur la modulation des aides qui permet de réorienter les aides PAC vers ceux qui en ont le plus besoin (20% des aides applicables dés 2008) avec 4% par an pendant 5 ans. Application, de la régionalisation des aides PAC comme cela est déjà le cas en Allemagne et en Autriche.

2 - Mise en place d’un soutien à la promotion, de la structuration, de la distribution et de la consommation de l’agriculture de qualité issue des circuits courts, de l’agriculture biologique, des produits de qualités issus des spécificités et des savoir-faire locaux des régions de France.

3 - Mise en place d’un plan sur l’autonomie protéique pour ne plus être essentiellement dépendant de l’importation de Soja OGM d’Amérique du nord et du sud, pour l’alimentation des animaux. (Nous avons déjà lancé ce plan en Poitou-Charentes en Mars 2005)

4 - Plan de développement du pâturage des animaux et d’aide à l’implantation de prairies.

5 - Réforme de la Loi d’Orientation Agricole avec une répartition et une maîtrise du foncier pour favoriser l’installation des jeunes. Renforcer le contrôle des structures pour réorienter les terres vers ceux qui en ont le plus besoin. Intervention Publique plus efficace, avec des terres mises en réserve foncière pendant deux ans pour favoriser l’installation.

6 - Renforcer la protection sociale et les retraites des petits agriculteurs

7 - Engager une réforme pour une agriculture face au déclin climatique : Economiser et privilégier les filières courtes, favoriser le développement des agroernergies en agriculture, favoriser les modes de culture qui respectent les ressources naturelles.

8 - Plan pluriannuel de développement de l’agriculture biologique pour obtenir 10% des Surfaces en agricole en biologique en 2012 et structuration des filières biologiques.

9 - Plan de transparence sur les aides PAC avec une publication des aides touchées par les agriculteurs.

10 - Plan de réduction des pesticides en agriculture (France deuxième pays utilisateur de pesticides dans le monde) .

Pour financer cela :

- La réorientation de 10% des crédits du premier pilier de la PAC vers des actions agro-environnementales (aide au pâturage, à l’implantation de prairie, aide à l’implantation de protéines pour substituer l’importation du soja OGM)

- Suppression des aides à l’irrigation

- Une régionalisation des aides PAC, afin d’adapter les aides aux besoins du territoire et rompre avec une répartition des aides où 30% des agriculteurs perçoivent 80% des aides.

Dès 2009, réformer la politique agricole commune avec :

- détermination d’un prix correspondant au moins au coût de production moyen de UE, rémunération du travail paysan compris.

- Maîtrise des quantités produites en adéquation entre l’offre et la demande de l’UE.

- Protection du marché européen vis à vis des importations et négociations, d’accords particuliers avec des pays en développement, dans une démarche de solidarité internationale et sur la base de prix rémunérateurs pour toutes les parties.

- Arrêt des soutiens directs et indirects à l’exportation pour préserver les agricultures vivrières des pays du sud et lutter contre la faim dans le monde

- Mise en place d’une politique d’aménagement durable des territoires permettant une répartition équitable des productions en préservant l’activité agricole et rurale dans les régions.

- Mise en place de politiques pour préserver l’environnement et produire des aliments sains et accessibles pour tous."


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