Premières rencontres de l’opposition de gauche en Essonne

lundi 3 février 2014.
 

J’ai fait samedi dernier une bien belle rencontre. Nous étions là venus de tout le département de l’Essonne. Qui ça ? J’y viens, patience. Mais cette question n’est pas si simple. Nous n’avions pas encore de nom et au moment de flécher la salle nous n’avions ni affiche ni logo pour nous repérer les uns les autres. Car nous étions issus de partis différents : PG, PCF, EELV et même quelques frais démissionnaires du PS. Tous candidats sur des listes qui ont fait le choix de s’opposer à l’austérité gouvernementale. J’ai donc proposé que nous nous baptisions simplement listes de l’opposition de gauche. On peut trouver mieux ? Peut-être : envoyez moi vos idées !

Opposition à qui ? Au PS claironna avec gourmandise le Parisien dans son édition du jour . C’est souvent le cas pour la raison que ce parti dirige chez nous le département et la région, comme il détient nationalement l’Assemblée, le Sénat, le gouvernement et la présidence de la République. Difficile donc de le contourner. Mais il n’en reste pas moins un accessoire. Il subsiste un nom et une adresse mais ce que nous affrontons sur le terrain est bien davantage un système de féodaux interchangeables dont l’affiliation politique n’est guère plus qu’un atout dans la compétition qui les oppose. Ce qui nous a réunis samedi est bien plus profondément une commune opposition aux politiques d’austérité et de compétitivité qui pourrissent la vie de ceux que nous aspirons à défendre et représenter. Je n’oublie pas que beaucoup de membres du PS déplorent les conséquences dans leur commune du recul des services publics, de la baisse des dotations de l’Etat, de l’insuffisante construction de logements ou encore de l’explosion du trafic de camions. Mais samedi nous étions réunis pour nous opposer et non pour déplorer. Car nous avons une autre ambition qu’accompagner, fusse à contrecœur, cette politique funeste dans nos villes.

Nous voulons par exemple en finir avec les grands projets inutiles dont l’unique finalité est de tenter d’obtenir les investissements que l’intérêt général exigerait de toute façon mais que l’Etat ne délivre plus qu’au bénéfice d’intérêts publics-privés coalisés en un point du territoire. En Essonne, plusieurs agglomérations se disputèrent ainsi le projet de grand stade de rugby non par passion sportive (l’équipement ne prévoit de toute façon d’accueillir que 5 rencontres par an…) mais pour décrocher enfin les moyens de transport qui leur manquent, dussent-ils accueillir en contrepartie un parking de 7000 places. Nous voulons stopper les dégâts sociaux que produit l’exclusion des classes populaires et des familles qui « coûtent cher » aux budgets exsangues des communes, ce que va encore aggraver la réduction du nombre de quartiers en politique de la ville dont l’annonce a été opportunément fixée par le ministre Lamy au lendemain des municipales. Nous voulons mettre en échec le projet de réforme territoriale qui veut faire passer pour des « économies » et de la « simplification » la privatisation rampante et autoritaire des services publics.

Ces objectifs nous fixent un devoir d’entraide. Il est certes difficile en campagne municipale de lever le nez de son « terrain ». Si nous l’avons fait c’est d’abord que nous attendions tous je pense de cette rencontre un point d’appui concret pour nos campagnes. Il est en effet décisif pour nous de faire savoir que nos démarches ne sont pas isolées. Dans la commune d’à côté il y a souvent une liste d’opposition de gauche qui va dans le même sens. Pas dans toutes, je le sais bien. Mais c’est tout de même le cas dans 14 des 15 premières villes de notre département, un fait politique sans précédent. Par exemple à Evry avec une tête de liste PCF, à Palaiseau avec une autre d’EELV, avec des chefs de file PG à Viry ou Sainte-Geneviève-des-Bois. L’opposition de gauche existe partout sans le savoir encore. Notre tâche est de la rassembler pour lui donner visibilité, force et confiance. Prendre conscience de notre existence est en soi un pas énorme. J’en mesure l’importance aux efforts déployés par quelques solfériniens départementaux pour nous nier. Ici la liste autonome serait le fruit d’un esprit sectaire et dérangé, là d’une démarche communautariste, là-bas d’une simple ambition personnelle. Tout est fait pour ramener la démarche politique de refus de l’austérité à des pathologies individuelles. « Ces gens-là n’ont rien à voir avec la gauche ! Ils sont dénués de tout sens des responsabilités » réagit ainsi le vallsien Carlos Da Silva, premier secrétaire du PS essonnien à l’annonce de notre initiative. Nous voici donc promis à l’asile comme ceux qui osaient s’opposer au parti unique dans l’URSS stalinienne. C’est bon signe : on sait que de tels régimes finissent toujours à terre.

En nous retrouvant comme nous l’avons fait, nous nous préparons aussi à l’exercice du pouvoir. L’opposition n’a qu’un temps. Il prendra fin plus vite qu’on le croit. Nous devons être prêts. Là où nous l’emporterons, nous aurons immédiatement à établir des liens de coopération entre des communes qui seront autant de territoires de résistance. C’est donc maintenant que nous commençons à déjouer le piège qui consiste à nous jeter les uns contre les autres pour récupérer des miettes toujours plus petites.

J’en ai maintenant quelque expérience et je peux dire qu’il flottait dans cette salle tranquille un parfum d’acte fondateur. Nous avons d’ailleurs prévu une expression publique et du matériel en commun. Je vous en donnerai ici même des nouvelles. Mais chaque chose en son temps. Il faut d’abord que la nouvelle infuse avant de diffuser. Je compte aussi sur vous pour cela. N’oubliez jamais que nous sommes notre premier média. Vous trouverez ci-dessous la déclaration que nous avons adoptée samedi. Faites-la circuler autant que vous pouvez. Et si vous n’êtes pas en Essonne, je vous invite à vous en inspirer pour que cette démarche essaime ailleurs en France.

Pour lire la suite, en particulier la Charte des listes de l’opposition de gauche en Essonne, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).


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