Revue d’actualité : Chinois et Peugeot, Jour de colère

dimanche 2 février 2014.
 

Écrire, c’est choisir. Sauf à être interminable, comment raconter assez brièvement ce qui vaut la peine de l’être à propos de mes trois escales cette semaine à Saint-Malo, Nice puis Toulon ? Il le faut pourtant, car on ne doit jamais perdre de vue combien notre action est d’abord ancrée dans ces moments collectifs. Ils mettent en mouvement tant de monde pour les préparer, les tenir et enfin les prolonger ! Cette activité-là est la chair même de ce que nous sommes. Chemin faisant, on peut aussi faire provision de leçon de choses et de méthode.

Ici je viens à fond sur le thème de « l’économie de la mer » qui est dorénavant le point d’entrée concret du projet de relance de l’activité dans le modèle écosocialiste que nous voulons construire en France. Nous l’avons traité une journée entière a Toulon ce dimanche passé. Un matériau considérable est rassemblé et disponible en vidéo sur ce blog.

A cet endroit du post je fais souvent une petite revue d’actualité. Ce mois-ci, j’avais peu goûté le coup de la nouvelle augmentation du Smic. Cruelle ironie du message : les smicards sont appauvris alors qu’ils sont toujours plus nombreux dans notre pays du fait du recours massif aux emplois précaires, c’est-à-dire partiels et temporaires.

La seule chose qui m’a amusé comme analyste politique aura été de voir les commentateurs baver d’envie et de surprise feinte devant la montée en puissance de la Chine. Pour avoir suggéré dans mon livre « Qu’ils s’en aillent tous » que c’est avec les Chinois qu’il fallait avoir une relation de coopération privilégiée, que n’ai-je entendu ! Mais, à l’époque, la mode était au Dalaï Lama et aux droits de l’homme en Chine. Il ne reste plus qu’à offrir une Peugeot au Saint Homme pour compenser. Bref : la Chine est la nouvelle coqueluche des zébulons. Pourtant, c’était la semaine où, à côté de ses publi-reportages sur le Front national, « Le Monde » faisait une grosse opération de dénigrement coordonné contre les princes rouges chinois, leurs enfants gavés et leurs comptes secrets. Des pages et des pages ! Pas comme pour les dossiers Assange ou Snowden. Comme chacun le sait, les princes blancs sont purs et sans taches, leur enfants s’anémient dans l’effort et il n’y a pas de comptes secrets ni de fraude au fisc en France. Peut-être que le ridicule de cette dénonciation de commande a fini par atteindre le niveau profond des tiroirs où la rédaction stocke ses informations croustillantes. Alors boum : quatre ans après sa mise à jour, « Le Monde » s’est soudain intéressé à la liste des ressortissant français titulaire d’un compte HSBC en Suisse. Savoureux. En tous cas une chose est sûre : grâce à cette « enquête » juste un peu recuite, nous savons qu’il y a une profession qui fait exception aux mœurs des nantis, celle des journalistes. On est contents.

Mais trêve de sarcasmes. Ce dimanche était pourri. La manifestation du jour de colère a été un franchissement de plus dans la fortification du courant ultra qui travaille le pays depuis les manifestations contre le mariage pour tous. Les slogans ouvertement racistes, les hurlements suffocants comme : « les journalistes à Auschwitz », « Faurisson a raison », les cris de haine contre les francs-maçons, c’est plus que du jamais vu à cette échelle. Valls a compté 17 000 participants. Juste une sorte de clin d’œil méprisant pour rappeler le chiffre de 7 000 qu’il nous avait attribué pour notre manif du premier décembre. 10 000 fachos de plus que nous, pas vrai ! On a compris à quel point les solferiniens préparent activement leur « rassemblement central » contre « les extrêmes ». Pendant ce temps, notre manifestation contre la TVA, pourtant pilotée par un « collectif », finit dans le projet ébouriffant d’une remise de pétition. Grosse déception au PG, où mes camarades pensaient avoir tout fait dans les formes pour que le reproche de « passer à côté du mouvement social » ne bloque pas l’action. Moi-même, je me suis tenu discret pour ne pas servir de prétexte aux obscures récriminations habituelles sur la personnalisation de l’action. On voit le résultat ! Moi je le vois. Cette fois-ci, les fachos ont pris la rue que nous tenions. Et nous ? Nous portons des pétitions. Ce résultat est un bilan de situation à mes yeux. Seul le Front de Gauche a une capacité de mobilisation et d’entraînement à gauche au-delà des bavardages et des poses convenues des « collectifs ». Et c’est bien normal. Les quatre manifestations appelées par mon intermédiaire au nom du Front de Gauche depuis l’élection présidentielle ont clairement montré que c’est la politique, la politique en rupture et en exigence, qui rassemble et entraîne ! Personne n’a fait mieux ni plus nombreux. Bien sûr, ce rabougrissement de l’ambition de lutte et l’offensive réussie de l’extrême droite ce dimanche est un recul collectif. Ca ne sert a rien de se le cacher. Et encore moins de se cacher pourquoi il en est ainsi.


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