2013 et après ?

vendredi 3 janvier 2014.
 

Au terme de l’année qui s’achève aujourd’hui, un constat s’impose. Contre vents et marées, 
contre des sondages désastreux, 
face à une croissance en berne dont 
les quelques balbutiements n’ont pas fait illusion, le président de la République semblait garder en main une carte qu’il voulait maîtresse et dont il ne cessait d’affirmer, relayé par le premier ministre, qu’elle allait changer la donne  : l’inversion de la courbe du chômage pour la fin de l’année.

Elle devait valider au bout 
du compte toute sa politique, mais il n’en est rien 
et les acrobaties argumentaires n’y peuvent rien. 
Elles tombent à plat et sans filet. Au total, l’année 2013 signe l’échec du président et du gouvernement, quoi qu’ils en disent et parce qu’ils ne se sont pas donné, 
n’ont pas voulu se donner les moyens de réussir à gauche. Pour le dire crûment, ils ont fait le choix de flatter 
le Medef plutôt que de s’appuyer sur les forces politiques 
et sociales qui les ont élus.

Le changement c’était « maintenant ». Comme sœur Anne, nous n’avons rien vu venir et ne voyons toujours rien. La droite espère sans doute en tirer parti. Mais entre les chimères et les espérances fondées sur 
un éventuel retour du perdant de 2012, les dissensions 
de ses leaders, ses ambiguïtés vis-à-vis de l’extrême droite et quelques amorces de programme ultralibéral, elle ne peut représenter aujourd’hui une véritable alternative, 
ne serait-ce que par défaut, quels que soient ses efforts pour fédérer 
les mécontentements. C’est sans doute à cette aune qu’il faut juger 
du désarroi des Français et des brouillages idéologiques qui ont pu alimenter des mouvements récents comme ceux des «  bonnets rouges  » et des thèmes comme ceux du ras-le-bol fiscal, mettant dans le même sac les salariés les plus modestes et les patrons du CAC 40. Le Front national entend faire ses choux gras de cette situation  ; et à chacune de ses apparitions dans des médias qui semblent parfois fascinés, voire séduits, sa présidente ne cache même pas qu’elle s’en délecte. Elle n’entend pas combattre la crise, que ce soit au sens économique ou politique, mais comme toutes 
les extrêmes droites en Europe, elle veut prospérer 
sur la crise, se nourrir de la crise.

La gauche, à l’inverse, ne peut s’en satisfaire. Elle n’a rien à gagner dans cette situation  ; et penser qu’une partie d’elle-même pourrait s’en porter mieux serait une illusion. La gauche, toute la gauche, 
n’a pas voté pour en arriver là. Elle peut peut-être 
le déplorer mais il ne lui servirait à rien de se couvrir la tête de cendres pour faire son deuil du changement et de ses aspirations. Hier, Libération titrait une double page sur les tensions au Front de gauche en ces termes  : «  Au Front de gauche on s’éclate  ». On peut certes y voir malice, mais le chantier des réponses aux Cassandre 
de toutes couleurs est ouvert. Il va passer par la bataille essentielle engagée sur le coût du capital parce qu’elle touche au fond des choses. Et elle n’est pas à côté 
des deux échéances électorales qui arrivent, municipales et européennes, avec la défense des services publics, 
de la santé, de la fiscalité, de la souveraineté des citoyens, au local comme au global. Alors, bonne année.

Maurice Ulrich, L’Humanité


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