Left Unity, nouveau parti unitaire de la Gauche radicale britannique

vendredi 13 décembre 2013.
 

Le 30 novembre 2013, un nouveau parti de la gauche radicale britannique s’est créé dans la foulée de l’appel lancé le printemps dernier par le cinéaste Ken Loach. On lira ici la traduction d’un article de Liam Mc Uaid, publié par le site Socialist Resistance (IV° Internationale)

Le premier indice qui montre que Left Unity est bien différent de la plupart des autres organisations de la gauche radicale a été fourni très tôt ce 30 novembre, lors de la Conférence de fondation. Ainsi, Ken Loach - que tout le monde considère comme la personnalité qui a donné l’impulsion au processus de création d’un nouveau parti - est intervenu pour soutenir un amendement qui proposait de ne pas procéder aux votes en fonction des plateformes (i.e « tendances ») déclarées. Ken a été battu, l’amendement a été repoussé… et la Conférence est passée à la suite de l’ordre du jour. Il n’y a eu ni tension dramatique ni menace de crise. Une scène difficilement imaginable lors d’une Conférence de Respect (1). Il s’agissait là d’un présage prometteur.

Environ 400 personnes ont participé à cet événement. Les séances de la matinée ont été consacrées à discuter des documents présentés par les plateformes et destinés à définir le cadre général d’orientation politique de Left Unity.

Socialist Resistance était fermement impliquée dans la « plateforme Left Party » dont nous pensons qu’elle définit bien Left Unity comme un parti socialiste, radical avec de fortes convictions écologistes et féministes. A des degrés divers, les autres plateformes insistaient pour définir le nouveau parti comme un parti explicitement révolutionnaire.

L’équipe d’animation provisoire a été confortée par un véritable vote de confiance. La Conférence s’est prononcée pour que cette équipe reste en fonction jusqu’à la conférence de fin Mars prochain qui élira une nouvelle direction.

La « plateforme Left Party » l’a nettement emporté par 295 voix contre 101. La « plateforme Socialiste » a recueilli 122 voix pour et 216 contre. Ce qui signifie que cette tendance n’a pas été capable de se développer au-delà de ses signataires de départ. Alors que la« plateforme Left Party » a su recueillir l’approbation de la majorité des militantes et militants présents dans la salle.

Un autre élément qui a fait de cette conférence quelque chose de réellement différent est le fait qu’il était impossible de prédire comment tel ou tel vote allait se conclure. Ce n’est pas vraiment surprenant dans la mesure où la plupart des participants ne se connaissaient pas. Ainsi un débat animé sur les « espaces protégés » (2) a débouché sur le choix de poursuivre le débat et de reporter la décision. Alors que la majorité des participants comprenaient bien la nécessité de se fixer des règles permettant de protéger les membres du parti contre le harcèlement et les agressions, la Conférence a pris en compte que la définition d’une telle politique était complexe et nécessitait plus de temps.

L’après-midi a été consacrée à un débat long et complexe sur les statuts. De notre point de vue, un point très important était la possibilité (ou non) de recruter des adhérents en Irlande du Nord. Cet emblème du poids de l’impérialisme britannique sur le mouvement ouvrier de ce pays a été écarté. (3)

De façon beaucoup plus explicite que lors d’autres tentatives de créer de nouveaux partis, Left Unity a décidé de prendre à bras-le-corps la question des discriminations de genre. Left Unity s’est engagé à ce que les femmes représentent au moins 50% de ses instances de direction et, bien que les hommes étaient très nettement surreprésentés dans la salle, les interventions défendant les privilèges masculins ont été fraîchement accueillies. Left Unity se profile comme une organisation consciemment féministe (4).

Bien que le Parti n’ait été lancé officiellement que ce 30 novembre, il compte déjà 1200 membres et 400 d’entre eux sont suffisamment disponibles et motivés pour participer à sa première conférence. Cela constitue une base de départ modeste mais significative, qui en fait d’ores et déjà une des principales organisations de la gauche radicale britannique.

Elle surgit à un moment délicat. L’année prochaine, en Mai, il y aura des élections locales et les élections législatives auront lieu l’année suivante. Dans la mesure où les gens voudront punir les Conservateurs et sanctionner la coalition au pouvoir, le Parti travailliste va connaître des succès électoraux et il sera difficile à un nouveau parti vraiment à gauche de gagner un électorat. Mais il existe un espace politique pour un parti de ce type. Beaucoup de gens vont voter travailliste sans grand enthousiasme, mais voudront un parti qui articule quelque chose qui soit meilleur, différent, radical et socialiste.

Pour ceux-là, maintenant il y a… Left Unity !

Liam Mac Uaid (Socialist Resistance). Traduction François Coustal

Notes du traducteur

(1) Coalition électorale et politique lancée dans la foulée du succès des mobilisations contre la guerre en Irak (2003), Respect a constitué une première tentative de regroupement de la gauche radicale, avant d’éclater.

(2) Le document auquel il est fait référence est un projet de règles de fonctionnement touchant aux comportements entre membres du parti. Son objectif essentiel est de traiter les pratiques de harcèlement sexuel et de viol.

(3) Dans un autre article que l’on peut lire (en anglais…) sur le site de Socialist Resistance – « L’Irlande, ce n’est pas l’Angleterre ! » - Liam Mc Uaid revient sur les raisons de principe pour lesquelles les partis progressistes britanniques (puissance occupante) ne peuvent s’organiser en Irlande du Nord (qui demeure une colonie britannique). http://socialistresistance.org/5685...

(4) La conférence de fondation de Left Unity a également voté en faveur de la tenue de réunion non mixtes.


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