TVA : L’hostilité et la mobilisation montent contre la hausse

jeudi 21 novembre 2013.
 

Pierre Moscovici a confirmé sur RTL sa décision d’augmenter la TVA le 1er janvier prochain. Et alors ? Moscovici est un tigre de papier ! On l’a vu céder en une journée au Medef à propos de l’impôt sur les sociétés et aux « bonnets rouges » en moins de temps encore quoiqu’ils aient détruit beaucoup de matériel ! A présent, en prime de son coup de menton face à ceux qui vont devoir payer, l’hypocrite ministre demande à la grande distribution de ne pas répercuter la hausse de TVA sur les prix. Il l’appelle même à avoir un comportement "civique" et "vertueux". Pantalonnade ! Ridicule ! Il demande aux grands enseignes de diminuer leur prix de vente réel ? Il ne peut y croire ! Des cours de morale comme rapport de force avec la grande distribution, on croit rêver. Les études produites par son propre ministère ont démontré dix fois que les hausses sont directement répercutées. Elles montrent aussi sans discussion que moins on gagne plus la part de ses revenus qui passe dans les impôts indirect est forte. Moscovici est un cynique ! En plus de leur faire les poches, il prend donc les français pour des imbéciles.

Pendant longtemps la TVA a été considérée comme un impôt « indolore » disait monsieur Bayrou. Ce temps est fini. En réalité, l’hostilité et la mobilisation montent dans les catégories les plus diverses contre la hausse prévue pour le premier janvier. De toute part on prend la mesure du choc fiscal que le pays va subir au quotidien. Maints économistes relèvent que cette nouvelle amputation du pouvoir d’achat va diminuer la consommation et donc l’activité, et par conséquent augmenter le chômage et la dette. Nous ne sommes plus seuls à décrire de cette façon le cercle vicieux de l’austérité. Notre initiative de marche au premier décembre a ramené le thème dans l’actualité sociale. Les syndicats de salariés se sont exprimés dans ce sens. A présent c’est l’UPA, l’union professionnelle de l’artisanat, qui mobilise ses composantes et ses adhérents dans une mobilisation placée sous le sceau de la défense de la consommation populaire. J’ai aussitôt capté l’importance de cette situation. Je leur ai écrit pour leur proposer de les rencontrer et de faire le point. Il va de soi que la distance avec les fédérations patronales du bâtiment et des services que cette union rassemble est tout à fait évidente quand il est question de droit social. Mais ce qui importe, c’est le point de convergence. Le premier, qui est immédiat : contre la hausse de la TVA, et en particulier des taux intermédiaires. François Hollande avait sournoisement omis de les signaler quand il a évoqué l’augmentation de la TVA. Ces taux intermédiaires étaient à 5 %. Sarkozy les a passés à 7 %. Hollande les passe à 10 %. Ces taux s’appliquent d’une façon irresponsable à toutes sortes d’activités qu’elle pénalise quand il faudrait les encourager. C’est le cas pour la collecte des ordures ménagères, les transports publics, les maisons de retraite et ainsi de suite. Si le patronat des très petites entreprises de l’artisanat se met en mouvement pour défendre la consommation populaire dont il dépend, le paysage commence donc à bouger en profondeur.

A côté de l’enjeu revendicatif immédiat qui est le même sur la TVA, il y a la perspective plus large. Celle d’une remise à plat globale de tout le système. Qu’on l’appelle « réforme globale », comme Thierry Lepaon, ou bien, comme Thomas Piketty, « révolution fiscale », cela importe peu à mes yeux. Ce qui compte, c’est la conjonction des forces qui réclame ce « big bang » fiscal. C’est en effet une revendication qui touche de plein fouet le politique dans sa forme la plus élevée. Autre chose qu’une jacquerie de patrons routiers et de syndicat agricole productiviste flanqués d’identitaires folkloriques, comme ce fut le cas à Quimper en Bretagne récemment. Cette question de l’impôt soulève immédiatement la question de la redistribution de la richesse dans un même pays. De toute part s’exprime la nécessité d’une réforme radicale de l’impôt pour que toutes les charges du pays cessent de peser sur les seules classes moyennes et populaires. Cela pourrait suffire à retenir notre attention et à nous impliquer dans cette lutte. Mais il faut bien considérer que de par sa nature même elle engage immédiatement un champ de transformation de très grande ampleur.

L’impôt, son montant, sa collecte, la décision de son usage et la dépense qu’il permet sont le coeur de toutes les questions institutionnelles et politiques d’une nation. Si avec le 1er décembre et la marche des citoyens nous somme capables d’entraîner de nombreux publics inactifs politiquement le reste du temps, nous aurons commencé à prendre la tête du mouvement qui travaillait profondeur de la société en vue d’un grand changement. Contrairement à Mme Le Pen, qui dorénavant gesticule dans les médias pour « le retour à l’ordre normal des choses », nous savons bien nous que cet « ordre normal » est la cause du désordre actuel. La tactique des Le Pen est d’envenimer les conflits pour se présenter ensuite comme la solution d’ordre. Banal ! Notre démarche est à l’inverse de partir de la prise de conscience du désordre actuel pour aller vers un nouvel ordre des choses. Les « bonnets rouges » ont défendu un intérêt particulier, celui de certaines branches patronales. Ils ont créé un grand désordre.

Nous proposons à cette société en ébullition une sortie par le haut, c’est-à-dire une sortie positive sur le terrain de l’intérêt général. Il ne fait pas de doute dans notre esprit que, de cette façon, nous construisons une relation de confiance et, si possible, d’adhésion politique que nous voulons retrouver demain dans les urnes, pour en recevoir de nouvelles responsabilités dans le pays et régler les problèmes que nous soulevons aujourd’hui. Ainsi, la façon de travailler du Front de Gauche, aussi longtemps qu’il reste fidèle à son indépendance, est clairement lisible. Il combine lutte sociale, marche civique, mobilisation électorale comme autant d’épisodes intimement liés par l’objectif politique commun qui est visé. On en pense ce qu’on veut, mais c’est cohérent. Que nous propose-t-on d’autre « à gauche » ? Il est étrange que la question ne soit jamais posée. Pourtant elle l’est. J’y reviens : qu’y a-t-il à côté ou en face de ce que propose le Front de Gauche ? Rien d’autre que de supporter en silence la politique appliquée par le gouvernement, même si elle fait souffrir inutilement, même si elle détruit, même si elle est inepte et inefficace !


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message