Petites nouvelles du dimanche (9)

dimanche 18 février 2007.
 

1) Maurice Papon est mort

Il avait été condamné en 1998 à 10 ans de prison pour avoir signé de sa main 44 documents l’impliquant dans la déportation de juifs bordelais en 1943, puis remis en liberté en raison de son état de santé.

Il était juste de le condamner mais des Papon, il y en eut des milliers dans les rangs de la droite française, particulièrement dans l’appareil d’Etat, le patronat, l’Eglise et les notables locaux. Du beau monde qui a constitué ensuite une ossature politique indispensable pour la droite.

Maurice Papon était effectivement un exemple de cette impunité. Avant d’être rattrapé par son passé de fonctionnaire sous le régime de Vichy, Maurice Papon a connu une longue carrière dans les plus hauts rouages de l’Etat, traversant tous les régimes de la IIIe à la Ve République. Il a notamment occupé les postes exposés de préfet de Constantine (1956-58) pendant la guerre d’Algérie, et de préfet de police de Paris (1958-67) lors de la répression sanglante de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961, sous le général de Gaulle. Après un bref passage à la présidence de Sud Aviation (1967), il entame une carrière politique : en 1968, il est élu député UDR (le parti gaulliste de l’époque) du Cher, en 1971 maire de Saint-Amand-Montrond (Cher) -il le restera 12 ans - et est nommé ministre du Budget dans le troisième gouvernement Barre (1978-81).

2) La Françafrique trinque ; son lieutenant noie dans le sang la grève générale guinéenne

Les médias se sont focalisé la semaine dernière sur les embrassades entre Jacques Chirac et de "vieux amis" africains souvent aussi peu présentables dans l’utilisation des deniers publics qu’en matière de démocratie.

Dans le même temps, le premier grand mouvement social africain depuis longtemps subissait une répression effroyable.

Quinze jours de grève générale avaient obligé le dictateur local, Lansana Conté à nommer un Premier ministre chargé de satisfaire les revendications sociales et démocratiques de la population. Puis ce Lansana Conté a choisi l’épreuve de force en déclarant le pays en état de siège et en ordonnant à ses militaires étrangers de faire régner la terreur. Depuis le début du mouvement, le nombre des victimes de la répression a officiellement dépassé la centaine, sans compter les blessés, les arrestations et les brimades.

Il faut dire que la Guinée est riche en matières premières comme les autres pays voisins, jusqu’au Nigéria, Cameroun, Angola, Congo. Les entreprises du CAC 40 (voir plus haut) comme les multinationales ne pouvaient laisser croire qu’une petite partie du gâteau pouvait être redistribué aux dizaines de millions d’Africains.

Quant aux électeurs de droite qui vont voter Sarkozy, ils croiront laver leur "bonne conscience" par un chèque à une association caritative. Quelle honte !

3) CAC 40 : Près de 100 milliards d’euros de profits en 2006

Dites-moi que je ne fais pas un cauchemar ! Les journaux du milieu boursier exultent à la nouvelle des profits 2006 (comme toutes ces dernières années) et des profits du début 2007 : historique, record.

« En six ans, les bénéfices des entreprises du CAC 40 auront ainsi bondi de près de 60 % », relève Le Parisien. « Ce sont avant tout les actionnaires » qui ont été servis en premier.

Pour quiconque connaît l’évolution inégalitaire de la société française ( voir l’article sur notre site "effondrement du niveau de vie des nouvelles générations : quelques chiffres", rubrique émancipation sociale, stop précarité ), c’est là une injustice effrayante.

Et Nicolas Sarkozy en rajoute ! Il présente son "projet présidentiel" bâti sur 15 milliards d’allègements sur les impôts des privilégiés et sur les entreprises.

Et les médias mégotent sur deux à trois millions d’euros dans le chiffrage du projet de Ségolène Royal. Et Nicolas Sarkozy est de plus en plus plébiscité par les Français pour ces présidentielles ! Oui, dites moi que je ne fais pas un cauchemar !

Dans un tel contexte, il existerait un boulevard pour développer un projet de gauche lors de ces présidentielles. Or, pour le moment, sur ces questions de fiscalité, c’est silence radio pour Ségolène Royal, seule candidate de gauche en mesure de l’emporter.

Dans un tel contexte, il y a un boulevard pour la gauche antilibérale mais elle est beaucoup trop divisée pour être audible et crédible dans les milieux ouviers et populaires.

Que ce soit un cauchemar ou pas, le plus dur c’est toujours au réveil (ici le lendemain des présidentielles

- quand Sarkozy va appliquer son vrai projet

- quand la gauche va connaître sa plus grosse crise depuis 40 ans

- quand la gauche antilibérale va en appeler, sans honte, au combat unitaire alors que le contexte politique rendra tout succès social difficile.

Dites-moi qu’il reste encore deux mois avant les présidentielles et que cela ne peut finir ainsi.

4) Alcatel et Lucent : les profits d’aujourd’hui préparent les licenciements de demain. Toujours la même rengaine !

Bénéfice net de 522 millions d’euros en 2005. 12500 licenciements en 2007. La "nouvelle économie" fondée sur le développement d’internet n’est pas plus préoccupée de justice sociale que l’ancienne.


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