Front de gauche : risque de fortes précipitations (Alain Krivine)

mardi 22 octobre 2013.
 

La prochaine échéance des municipales va être un véritable test pour les différentes composantes du Front de gauche. Essentiellement dominé par le PCF, ses 8 000 éluEs et ses 761 mairies, ce Front connaît aujourd’hui des débats violents.

Ces débats ont déjà abouti à une scission de la Gauche unitaire. Une moitié regroupée autour de Christian Piquet refuse de participer à la création avec la Gauche anticapitaliste, la FASE et une partie des Alternatifs d’un «  troisième pilier  » qui ne serait que «  l’extrême gauche du Front  » selon ses opposants. Comme le PG, la GA s’inquiète de voir le PCF préparer des listes dès le premier tour avec le PS.

L’essentiel repose donc sur le PCF qui a réuni ce week-end plus de 500 dirigeants locaux et éluEs. En laissant formellement le choix des alliances aux instances locales, la direction a quand même donné le ton  : critiquer le PS à gauche mais ne pas rompre avec un parti qui lui assure ses éluEs et donc en partie son financement. Pierre Laurent a été clair  : «  le cœur de notre stratégie  : transformer la gauche pour la rassembler…Le maître mot pour nous n’est pas l’autonomie, c’est le rassemblement en allant le plus loin possible au premier tour et en rassemblant toute la gauche au second  », et de conclure  : «  Pas de frontière au rassemblement  ».

La direction a choisi

Le maire PCF de Saint-Denis, Didier Paillard, a tellement bien compris le message, que confronté dans sa propre ville à la candidature du député PS Hannotin, il conclu ainsi son interview dans l’Humanité  : «  L’union, pour l’heure, le PS s’y refuse. Mais je ne renonce pas et ne renoncerai jamais à notre démarche citoyenne de rassemblement à gauche  »...

Le Conseil national a validé les noms des têtes de liste des villes de plus de 20 000 habitants. Dans les jours qui viennent, les militantEs du PCF devront trancher le choix entre liste autonome du Front de gauche ou liste commune avec le PS. À Paris où le PS accepte de doubler le nombre d’éluEs du PCF ou à Toulouse, les choix de la direction sont clairs. Mais pour les militantEs, ça ne sera pas évident.

Mélenchon a déjà décidé de déborder provisoirement le PCF sur sa gauche, en annonçant des listes autonomes dans toutes les grandes villes, avec donc dans certaines villes des forces issues du Front de gauche en concurrence… Au niveau des directions, ce débat reste essentiellement tactique, mais parmi les militants, cela rejoint un débat essentiel dont nous devons être partie prenante  : être de simples opposants à la politique d’austérité ou construire une véritable opposition politique de gauche à un gouvernement dont les capitulations nourrissent l’extrême droite.

Alain Krivine


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