A Brignoles, la bricole solférinienne gâche tout

mardi 15 octobre 2013.
 

Le récit des aventures de la gauche à Brignoles mérite d’être diffusé, tant il explique le foutoir qui a permis au Front National d’occuper tout l’espace politique local. Ce que vous allez lire là, personne ne vous l’aura raconté pour vous aider à comprendre ce qui s’est véritablement passé sur place.

La stabilité dans la diffusion des idées du Front national est garantie. D’un côté, l’appareil médiatique n’a aucune raison de faire cesser son cirque de publi-reportage et de dédiabolisation. Ni surtout son travail délétère de décomposition de l’espace républicain : déclinisme, dénonciation de la politique et du syndicalisme, apologie de la peur de tout et de tous. Hier, d’ailleurs, était un jour d’orgasme médiatique sur le sujet. Les Français ont appris qu’ils sont les plus mauvais d’Europe (ou peut-être du monde, à moins que ce soit de la galaxie) en lecture et calcul. Mais le pire n’est pas chez les marchands de papier ou les pondeurs d’images en continu. La prostitution est moins le fait de la personne prostituée que de la clientèle. Le client a un sentiment confirmé par la société que ses désirs sont irrépressibles et que son objet est consentant moyennant finance. Sa mauvaise éducation est en cause. Ici, l’appétit des citoyens envers les idées d’extrême-droite est aiguisé par les recommandations de Valls. Et la bestialité de ceux qui l’approuvent est légitimée par le titre de celui qui profère les insanités. Pensez : c’est le ministre de l’Intérieur ! Et les sondages montrent que 90 % des Français sont d’accord avec lui. Mais 70% seulement pour jeter les Roms à la mer et seulement 10 % pour les brûler vifs. Heureusement Valls ne propose pas le feu, ni la noyade. « On voit que c’est un modéré et un bon rempart face aux idées des extrêmes » déclare monsieur Schmoll, politologue indépendant, éthique et médiatique. Valls va donc continuer son numéro de « triangulation », c’est-à-dire parler comme le Front national dans l’espoir affiché de lui prendre des voix. Naturellement, il ne lui prendra rien. Mais il augmentera la notoriété, la légitimité et donc la diffusion des idées du Front National. Peut-on l’en empêcher ? Non. Le président est d’accord avec lui et couvre ses sorties. Non. Parce que le complexe mediatico-sondagier a besoin de lui comme produit d’appel.

Inutile de compter sur les médias pour faire davantage que des effets sensationnalistes. Le récit des aventures de la gauche à Brignoles mérite pourtant d’être diffusé, tant il explique le foutoir qui a permis au Front National d’occuper tout l’espace politique local. Ce que vous allez lire à la suite est pour l’essentiel une copie de la note de contexte venue du Var de la part des militants du Parti de gauche du secteur. Ce que vous allez lire là, personne ne vous l’aura raconté pour vous aider à comprendre ce qui s’est véritablement passé sur place. En le découvrant, vous vous rappellerez que les dirigeants solfériniens ont essayé de me rendre responsable, par mes critiques, de la débandade locale. Vous allez donc pouvoir constater une nouvelle fois quels menteurs et calomniateurs ils sont, avec l’aide de leurs chers petits camarades les porteurs de micros, qui ne vérifient rien, jamais, nulle part, mais adorent tellement les ragots et les batailles de personnes !

Les difficultés de la Gauche sur cette commune ne sont pas nouvelles… Déjà aux municipales en 2008, face à la liste de rassemblement à gauche menée par Claude Gilardo, s’était constituée une liste PS–MODEM, qui avait obtenu à peine plus de 10% au premier tour et avait refusé de se retirer au second tour en faveur de la liste menée par Claude Gilardo, qui avait pourtant obtenu plus de 30%. Il s’en était fallu de peu que la liste de rassemblement ne l’emporte face à l’UMP au second tour. Les socialistes à Brignoles portent donc depuis longtemps la responsabilité de la division et de choix politiques hasardeux !

A-t-on oublié qu’aux élections cantonales de 2011, le candidat FN, Jean-Claude Dispard était élu de 5 voix face au conseiller général sortant et maire PCF de Brignoles Claude Gilardo ? Au premier tour, le candidat FN totalisait 2757 voix (32,97%) contre 2636 (31,53%) pour le maire communiste (et conseiller général sortant). Le score de la Gauche, avec la candidate EELV, atteignait 3619 voix, soit 42,33%. L’UMP réalisait 23,69% et 1981 voix… Dans ce duel, au second tour, la porosité de l’électorat UMP avec le FN avait été criante, facilitée par des appels du pied d’édiles brignolais UMP et de son candidat à la cantonale qui adaptaient le vieux slogan des années 30 : plutôt le FN que le Front de Gauche. Avec une participation pourtant plus importante, le FN l’emportait avec 4407 voix contre 4402 pour son adversaire communiste, profitant d’un apport massif des voix de l’UMP. Il augmentait alors son score de 1700 voix, tandis que le candidat de gauche en gagnait moins de 800…

Autre élément, qui n’est pas sans démobiliser les forces politiques du Front de Gauche : l’entrée, comme directeur de cabinet du Maire communiste, d’un militant socialiste qui deviendra par la suite secrétaire de la section locale PS. Il va jouer un rôle pervers dans les discussions et les échanges entre les forces de gauche localement, pour favoriser les positions socialistes contre celles du PCF et du Front de Gauche. C’est dans ce contexte de Clochemerle glauque qu’intervient la 1ère partielle, en juin 2012, qui fait suite à l’annulation du précédent scrutin… Claude Gilardo est le candidat unique de la Gauche mais le climat de la campagne est mauvais, de par la volonté de son cabinet de la diriger et de soumettre les organisations politiques du Front de Gauche à ses orientations. L’ambiance n’est pas facilitée par le contexte des élections législatives. Dans la circonscription, le PS soutient officiellement une candidate EELV, le candidat du Front de Gauche est le premier fédéral PCF, et s’ajoute une candidature dissidente d’un maire PCF soutenu officieusement par la fédération PS… Au final, tous les candidats de gauche sont éliminés au premier tour, et nous devons déjà subir un second tour UMP / FN ! Le PCF appelle, avec les autres organisations de gauche – sauf le PG – au front républicain, espérant un retour reconnaissant pour la cantonale qui a lieu le dimanche qui suit le second tour de la législative.

Cette fois-là il n’y a que trois candidats : Claude Gilardo, soutenu par toute la gauche, le sortant FN et une candidate UMP. Le candidat PCF arrive en tête avec 39,6% (3100 voix) face au candidat FN, qui réalise 2734 voix (34,9%), et la candidate UMP (25,4%, 1991 voix)… Claude Gilardo l’emporte de nouveau au second tour… mais de 13 voix. Faible écart. Bizarre, alors même que le contexte est extrêmement favorable car, outre la dynamique de la victoire nationale du PS, la députée UMP aura fait un appel clair de soutien au maire PCF pour le second tour. Cette victoire est donc particulièrement fragile et liée à un contexte national favorable, mais les dissensions locales à gauche sont fortes et inextricables.

A 13 voix d’écart, le FN dépose un recours que validera, fin 2012, le tribunal administratif, et appel est porté au Conseil d’Etat par Claude Gilardo. Ce dernier, âgé de plus de 80 ans, annonce hésiter à une nouvelle candidature mais en aucun cas ne crée les conditions à l’émergence d’une nouvelle candidature. Pire : l’indécision sur sa candidature bloque toute possibilité de construction d’une autre. Il en est de même pour la Mairie de Brignoles, où tous les candidats possibles à mener le projet et la liste de rassemblement ont été mis de côté et où, sans consultation des organisations politiques, ce sont les élu-e-s actuels qui ont désigné en leur sein, la future tête de liste : le plus petit dénominateur commun qui ne fait d’ombre à personne ! Durant le mois d’août 2013, le Conseil d’Etat rend sa décision d’annulation de l’élection. Et les événements se précipitent ! Le PCF préempte une « candidature de rassemblement à Gauche ». C’est le dernier canton qu’il détient dans le Var. Il désigne donc le premier son candidat. C’est un militant et responsable local non-brignolais. Personne au Front de gauche n’est consulté. C’est un fait accompli, un point c’est tout. On doit pouvoir faire mieux pour « rassembler à gauche ».

La candidature PCF est annoncée par voie de presse, et s’enclenche alors la dynamique de l’élimination au premier tour. Le PS annonce refuser cette candidature ! Il affirme haut et fort être prêt à aller au clash. Le sortant communiste, Claude Gilardo, annonce découvrir dans la presse la candidature de son parti, alors même qu’il était présent à l’AG de la section. En fait, on peut penser qu’il aurait bien aimé être sollicité pour une nouvelle candidature ! C’est dans ce contexte volcanique qu’EELV annonce sa participation à l’élection. Pour cette formation, il n’y a pas légitimité de la candidature PCF du fait des scores aux législatives : EELV était en tête de la gauche, avec le soutien du PS.

Conscient de l’impasse qui s’organise à gauche, le PCF propose la place de suppléante à EELV pour un ticket commun. Refus catégorique ! En effet, les dirigeants d’EELLV savent qu’ils vont recevoir le soutien de toute l’organisation locale du Parti Socialiste. Et notamment du secrétaire de la section, devenu entre temps directeur de la communication à la Mairie, auquel s’ajoutent les élus municipaux. De son côté, la direction communiste nationale interpelle les dirigeants socialistes. Un communiqué de Christophe Borgel prend position : le PS soutient le candidat PCF. Puis, un communiqué d’Harlem Désir tombe. Il précise que le candidat communiste est le candidat de « l’union de la Gauche ». De tout cela, il ne fut pas question une seule fois dans la coordination du Front de Gauche. Le candidat, lui, n’hésitait pourtant pas à s’étiqueter « PCF-Front de Gauche ». Sans commentaire. Localement, le candidat communiste menait une rude campagne contre les politiques austéritaires du gouvernement comme contre celles du Conseil général UMP. Pourtant, la dernière semaine, les militants communistes se voient obligés de distribuer un tract de soutien à leur candidat signé Harlem Désir et siglé du poing à la rose. La confusion est à son comble !

Dans tous les cas, le soutien des solfériniens nationaux et locaux aura conduit à l’élimination de la gauche au premier tour. Il est en effet évident, à la lecture des résultats, que les abstentionnistes refusent leur soutien à la la gauche. Simple à vérifier, puisque les deux candidats PCF et EELV totalisent 1579 voix (23,5%) cette fois ci quand, en juin 2012, le candidat de gauche en totalisait le double pour une participation en légère baisse. Cette élection revêtait un caractère essentiellement national, puisque les équilibres au sein du Conseil Général ne pouvait en rien être modifiés (sur 43 élus, 10 sont de gauche, 33 de droite). C’est donc bien un désaveu de la politique Hollande–Ayrault, qui désespère les électeurs de gauche et les rejette dans l’abstention.

Le triste spectacle de ce clochemerle de gauche aura, de surcroît, permis de passer sous silence les fortes dissensions au sein même du FN, puisque le candidat sortant a été éjecté par son propre parti, qui aura placé un jeune cadre inconnu sur le territoire : Laurent Lopez. Ce dernier, tête de liste pour les prochaines municipales, aura mené une campagne nationale, sans aucune dimension locale, en s’appuyant uniquement sur la figure de Marine Le Pen. L’ancien candidat s’est aussi présenté en dissidence soutenue par le parti de Karl Lang, le Parti de la France, et a obtenu 9,1% (600 voix). Cela donne ainsi un score de l’extrême-droite cumulé de 49,5% (3330 voix). La division de la Gauche permet la qualification de la (nouvelle) candidate UMP, alors que celle-ci maintient simplement son niveau par rapport aux précédentes élections.


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