Mon projet de société (3) Besancenot : Travailler moins longtemps, moins durement, pour travailler toutes et tous

mardi 13 février 2007.
 

Pour le patronat, nous ne travaillons pas assez, il faut revenir sur les 35 heures, autoriser davantage d’heures supplémentaires et même « travailler plus pour gagner plus » !

Dans la réalité, certains et certaines travaillent trop, trop longtemps, trop durement, ils et elles s’usent au travail ; d’autres, ou les mêmes à un autre moment de leur vie, souffrent d’être privés d’emplois, ou de subir, comme c’est souvent le cas pour les femmes, un temps partiel imposé ne permettant pas d’en vivre.

Abolir le chômage par la réduction massive et constante du temps de travail

Malheureusement, à cause de la façon dont elle a été mise en œuvre concrètement, la réduction du temps de travail ne s’impose plus comme réponse évidente, ni au chômage, ni à l’usure au travail.

La flexibilité n’a cessé de se développer et elle a fait un bond en avant spectaculaire à la faveur de l’application de la loi Aubry 2 : horaires variables sans prévisibilité parfois d’un jour sur l’autre, augmentation du travail de nuit, du soir, du week-end.

Les gains de productivité ne doivent pas servir à augmenter les dividendes des actionnaires à une extrémité de la société et à faire augmenter le chômage et la précarité à l’autre extrémité, mais à travailler toutes et tous moins longtemps, moins durement.

Réduction du temps de travail sans perte de salaire, sans flexibilité et avec les embauches correspondantes à 32 heures hebdo tout de suite pour toutes les entreprises et à 30 heures très rapidement ;

Mise en place un dispositif de réduction du temps de travail automatique en fonction du nombre de chômeurs pour partager le temps de travail.

Défendre le droit de toutes et tous au temps libre et personnel

La flexibilité dégrade les conditions de travail et déstabilise les conditions de vie, plus encore pour les femmes qui sont astreintes à une double journée de travail, et qui sont souvent en charge totale des enfants dans les familles monoparentales. Les facteurs de flexibilité s’ajoutent : 64 % des femmes travaillant la nuit sont assujetties à des horaires variables contre 31,7 % pour celles qui ne travaillent que de jour.

Les conditions d’emplois des salariés en temps partiel, sont rendues particulièrement difficiles : modification incessante d’horaires, fractionnement de la journée en plusieurs plages de travail, impossibilité de fait d’occuper un second emploi.

Le travail de nuit habituel concerne 7 % des hommes et 2.4 % des femmes en 2002 contre 4.7 % et 1.9 % en 1991.

Réduire le travail de nuit aux postes indispensables pour la santé et la sécurité, et dans tous les cas le compenser par une durée du travail très inférieure et un départ en retraite anticipé ; Interdire les horaires flexibles et les heures supplémentaires ; Supprimer le temps partiel imposé par le passage à temps plein automatique sur simple demande des salarié-e-s ; Combattre l’allongement incessant du temps de transport domicile-travail ;

Combattre la double journée pour les femmes

La répartition des tâches domestiques entre hommes et femmes reste identique, depuis plus de vingt ans. Les femmes sont toujours chargées de l’entretien du foyer, des soins aux enfants et aux personnes dépendantes. Leur place dans le monde du travail reste déterminée par cette charge domestique.

Partage des tâches domestiques entre hommes et femmes Services publics gratuits, de qualité, avec personnel mixte : défense des maternelles, crèches gratuites, amélioration en nombre et en qualité des maisons de retraite, de l’hôpital public...

Pour ne pas perdre sa vie à la gagner, Droit à la santé dans et hors des entreprises, pour une écologie sociale

La probabilité de décéder entre 35 et 65 ans est deux fois plus élevée pour un ouvrier que pour un cadre.

Non seulement, le travail capitaliste use mais il tue prématurément. En dépit du progrès médical technologique et scientifique et de l’augmentation globale de l’espérance de vie, les chiffres ne s’améliorent plus depuis 20 ans.

A bas salaire, mauvaises conditions de travail, mauvaises conditions de logement et d’alimentation, long temps de trajet domicile-travail.

Les enquêtes récentes du Ministère du travail mettent en évidence la dégradation des conditions de travail et l’augmentation des facteurs de risques : soumission du rythme du travail à une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate, exposition au bruit, manutention de charges.

Entre 1999 et 2003, le nombre d’accidents du travail avec arrêt est passé de 711 035 à 721 227, le nombre d’accidents du travail graves de 46 085 à 48 774.

Le nombre de maladies professionnelles reconnues est passé de 15 554 en 1997 à 41 673 en 2002, le nombre de décès reconnus comme causés par des maladies professionnelles de 95 en 1997 à 410 en 2002. Ce dernier chiffre est pourtant totalement sous-évalué.

Le scandale de l’amiante est révélateur : plus de 100 000 morts sont attendus sur les vingt prochaines années !

La bataille pour un environnement sain commence à l’intérieur des entreprises. Le patronat et le gouvernement français se sont opposés farouchement à toute version contraignante du règlement communautaire REACH visant à évaluer et contrôler les produits et substances chimiques alors que 99 % des substances aujourd’hui mises sur le marché n’ont pas été évaluées.

Une bonne part de la dégradation des conditions de travail, du « harcèlement moral », provient des bouleversements entraînés par la réorganisation du travail lui-même, de la pression constante pour maintenir et accroître le niveau d’exploitation et des mutations d’un processus de travail qui combine individualisation de la gestion des salariés et mise en place d’un management agressif, ceci dans un contexte de dégradation des rapports de forces sociaux et de faiblesse du syndicalisme.

Face à tous ces risques du travail, les salariés précaires, intérimaires, sous-traitants sont les plus exposés.

Les risques au travail vécus par les femmes se cumulent. à la violence physique, psychologique et au harcèlement sexuel, il faut ajouter la violence par le travail : surcharge, cadences rapides, pression des supérieurs et de la clientèle, accroissement de l’emploi précaire peu rémunéré et à faible statut, cumul entre vie professionnelle et vie familiale... A cause de sa vulnérabilité sur le marché du travail et par peur que ce ne soit interprété comme un manque de compétence et de professionnalisme, la femme au travail ne dénonce pas ces agressions qui détruisent sa santé physique (troubles musculo squelettiques (TMS), problèmes respiratoires, problèmes de menstruation, cancers professionnels) et mentale (syndrome de stress post-traumatique : nausée, insomnie, honte, culpabilité, anxiété... dépressions et suicides).

Droit à un environnement sain pour chaque salarié et toute la population

Obligation d’évaluation systématique, interdiction et substitution des produits dangereux, mise en application effective du principe de précaution pour mettre fin à l’impunité des capitalistes qui portent atteinte à la santé tant de leur personnel que des consommateurs

Arrêt des productions les plus polluantes ou les plus nuisibles avec un plan de reconversion des salariés sans perte de qualification ni de revenu : arrêt du nucléaire, réduction de la production de pesticides, arrêt de la production de nombreuses substances chimiques cancérogènes

Reconnaissance comme maladies professionnelles des conséquences des effets psychosociaux du travail

Véritable responsabilité financière et pénale des employeurs pour les maladies professionnelles et les accidents du travail

Interdiction de la sous-traitance et de la précarité dans les sites à risques, embauche par le donneur d’ordre

Droit de veto des salariés sur l’organisation du travail

Tolérance zéro contre toutes formes de violences, avec mise en cause et sanctions contre les vrais agresseurs : le patronat et le système capitaliste.


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