Syrie : LETTRE OUVERTE DES DEPUTES FRONT DE GAUCHE AUX CONGRESSISTES AMERICAINS

mercredi 11 septembre 2013.
 

Chers amis, Chers collègues,

Dans un Moyen-Orient poudrière, où les intérêts en présence dépassent largement les seuls enjeux intérieurs syriens, le déclenchement d’une intervention militaire telle qu’envisagée par les Etats-Unis d’Amérique présente un risque d’embrasement sans précédent. D’un Liban morcelé à un conflit israélo-palestinien non résolu, d’un Iran facteur d’instabilité à l’activisme des monarchies absolutistes du Golfe, les dangers d’une guerre généralisée sont d’autant plus forts que les contours et les buts de cette intervention restent flous. Il s’agirait d’une opération qui s’inscrirait clairement en dehors de toute légalité internationale.

Nous souhaitions vous faire part de notre opposition à cette intervention militaire en Syrie et notre attachement à ce que l’ONU poursuive et amplifie ses efforts pour une paix juste. Tout acte unilatéral porterait irrémédiablement un coup fatal à ce pr ocessus, comme l’a justement rappelé son secrétaire général Ban Ki-moon.

Sortir le peuple syrien de l’enfer de la guerre civile marquée par près de 100 000 morts, nous partageons tous cette urgence humaine. Pour autant une intervention militaire ne ferait qu’éloigner cet horizon, en accentuant les affrontements et le chaos. Le peuple syrien, les civils, hommes, femmes, enfants, seraient les grands perdants, car une intervention militaire ne permettra, en rien, de renverser le régime despotique de Bachar el-Assad. En rien elle ne fera progresser l’indispensable transition démocratique dans ce pays.

Seule une solution politique, forgée dans de nouvelles négociations entre les parties dans le cadre de l’ONU, peut ouvrir la porte à un apaisement du conflit. C’est d’ailleurs la position de nombreux pays membres de l’alliance atlantique qui ont signifié ces derniers jours leur refus d’intervenir en Syrie.

Depuis plusieurs années, dans l’ensemble du monde arabe, les peuples se sont soulevés avec en commun une même soif de justice, de liberté. Cependant, ce bel et fragile espoir démocratique demeure sous la menace des forces obscurantistes. Ce risque existe hélas aussi en Syrie. Les précédentes ingérences dans le monde oriental n’ont-elles pas montré qu’elles conduis ent à conforter les pires extrémismes, plutôt qu’à enraciner la démocratie et le développement  ?

Chers collègues, vous aurez l’opportunité dans quelques jours, à l’initiative du Président Barack Obama, de vous prononcer sur le bien- fondé d’une intervention militaire en Syrie, à l’instar du vote devant la chambre des communes au Royaume- Uni. En France, aussi regrettable que ce soit, notre Parlement ne sera pas associé à ce choix fondamental.

Dans cette situation, qui fait exception au sein des grandes démocraties, nos regards se tournent vers vous.

Nous comptons sur votre choix éclairé. Evitons au monde de plonger dans un engrenage guerrier dont nul ne connait l’issue. Gardons- nous de rallumer l’idée funeste du «  choc des civilisations  ».


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