Besancenot : « Les retraites, une réforme typiquement de droite »

dimanche 1er septembre 2013.
Source : Le Monde.fr
 

La rentrée s’annonce compliquée pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui termine mercredi 28 août ses Journées d’été à Port-Leucate (Aude). Quinze jours après avoir lancé une souscription nationale, le parti n’a récolté que 4 000 euros. Mais son candidat à la présidentielle de 2002 et 2007, Olivier Besancenot, reste confiant. « On a commencé une nouvelle vie après une période difficile », affirme-t-il.

Raphaëlle Besse Desmoulieres – Que pensez-vous de la réforme des retraites que vient d’annoncer Jean-Marc Ayrault ?

Olivier Besancenot – Dès mardi matin on pouvait craindre le pire. On a vu Gattaz [président du Medef] sortir de chez le premier ministre, ravi ! Et ça n’a pas raté. Une fois de plus, c’est le pouvoir d’achat des salariés qui est touché avec la hausse des cotisations et l’allongement de la durée à 43 ans à partir de 2035. Mais le pire c’est la promesse du gouvernement au Medef d’une réforme à venir dès 2014 du financement de la protection sociale, ce qui pourrait représenter pour le patronat un allègement jusqu’à 34 milliards d’euros d’allocations familiales. Une attaque sans précédent qui mérite une riposte sans précédent.

Comment mobiliser sur une réforme a minima alors même que les syndicats ne semblent pas très offensifs ?

Il y a de la colère, même si l’exécutif la sous-estime complètement. Ce gouvernement dit ’de gauche’ s’apprête à faire une réforme typiquement de droite. C’est une première. L’enjeu est que toute la gauche non gouvernementale sociale et politique participe à une mobilisation d’ampleur. A la différence de 2010, on aura un front syndical divisé. La conséquence est de savoir si on sombre ou non dans la résignation. Tout est possible sur la question des retraites. En 1995, qui avait vu la première grande révolte contre le plan Juppé sur la sécurité sociale remporter une victoire, le front syndical aussi était divisé.

Quel bilan tirez-vous de la première année de la gauche au pouvoir ?

Il est absolument dramatique. C’est la grande continuité de la politique précédente. Même sur les questions de société, la différence se fait de moins en moins entre la gauche et la droite. Je pense à toute la politique de l’insécurité et de l’immigration. Pour nous, Manuel Valls n’est absolument pas un électron libre. Il a été mandaté pour organiser la diversion. Le gouvernement prend donc la responsabilité de jouer sur le terrain dangereux de l’équation terrible entre insécurité et immigration, ouvrant toute une série de faux-débats, alors qu’il s’apprête à participer à la régression sociale.

Le NPA est-il favorable à une intervention en Syrie ?

Nous sommes hostiles à toute intervention militaire occidentale en Syrie comme ailleurs. Les processus des révolutions en cours peuvent être l’objet de récupérations de la contre-révolution. La solidarité va d’abord au peuple syrien face à la boucherie en cours. Cela fait des mois qu’on manifeste avec d’autres pour réclamer une solidarité politique, économique concrète. Et aussi, pourquoi pas, si les puissances occidentales arrêtent leur hypocrisie, armer les révolutionnaires syriens.

Le NPA vient de lancer une souscription pour trouver un million d’euros. Votre parti est-il menacé ?

Nous ne sommes pas dans le rouge, nous avons de l’argent pour continuer notre activité militante. La seule question qui se pose est celle de pouvoir se présenter ou non dans l’ensemble des circonscriptions aux européennes pour faire entendre notre projet politique contre l’Europe actuelle, qui est une Europe de l’austérité organisant la régression sociale, et en faveur d’une politique clairement internationaliste qui ne tombe pas dans le chauvinisme.

Jean-Luc Mélenchon vous a renouvelé, dimanche 25 août, son invitation à rejoindre le Front de gauche. Que lui répondez-vous ?

La question ne se pose pas en terme de ralliement. Ce que l’on espère, c’est que la direction du Front de gauche lorgne un peu moins du côté de la gauche du gouvernement et cherche plutôt à répondre à l’appel unitaire qu’on lance depuis des mois pour constituer une opposition décomplexée avec une cohérence. Cela implique d’assumer un bras de fer avec le gouvernement sur la question des retraites et de rejeter, au moment des municipales, toute alliance à géométrie variable.

Pour les municipales, quelle est votre stratégie ?

Sur la base d’un projet municipal anticapitaliste, nous voulons regrouper des listes qui fassent entendre une voix politique opposée à la gauche du gouvernement. Cela passe par des listes du NPA dans un maximum d’endroits, par des listes unitaires avec certains autres groupes locaux, parfois avec le Front de gauche. Pour l’instant, Lutte ouvrière dit plutôt vouloir se présenter seule. La balle est dans leur camp.

L’ancien candidat à la présidentielle du NPA Philippe Poutou affirme que vous serez tous les deux candidats aux européennes. Qu’en est-il ?

On prend les choses les unes après les autres. On ne va pas se payer le ridicule de discuter de ça, alors que nos objectifs de souscription ne sont pas remplis. Si c’est pour en parler alors qu’on ne se présente pas partout, cela n’aura pas grand sens.

Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulieres Journaliste au Monde


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