"Je suis plutôt favorable à l’autonomie municipale au premier tour" Clémentine Autain le 24 août 2013

samedi 31 août 2013.
 

Clémentine Autain, membre de la Fédération Alternative Sociale et Économique (FASE), livre son point de vue sur les combats de l’année à venir, et sur les dissension qui minent le Front de Gauche. Interview.

Que vous inspirent les récentes passes d’armes entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon ?

S’invectiver publiquement n’est pas quelque chose de souhaitable. Il faut que cela s’arrête. On a assez à faire avec nos ennemis de la droite, du Front National, et même certains dirigeants du Parti socialiste, pour nous déchirer. Il y a effectivement un débat politique de fond, qui est important, mais qui ne doit pas se résumer aux petites phrases des uns et des autres. La solution sera politique, pas personnelle.

Cela n’augure rien de bon pour les élections municipales... Quelle est votre position sur la stratégie a adopter ?

Je respecte la position du Parti Communiste, qui veut conserver des élus. C’est respectable. Pour autant, je suis plutôt favorable à l’autonomie municipale au premier tour, car nous avons une cohérence à défendre.

Au niveau national, les divergences avec le Parti Socialiste sont trop fortes pour que nous nous allions avec lui dès le premier tour. Si nous n’avons pas d’alternative à proposer, on prendrait le risque d’une désertion des électeurs déçus de la politique du gouvernement. Donc je préférerais que le Front de Gauche soit uni dans la plupart des communes. Si ça n’était pas le cas, je ne pense pas que cela menace l’existence même du Front de Gauche pour autant. Les positions politiques que nous partageons sont trop fortes pour cela. Et puis nous avons conscience que le Front de Gauche est un précieux bien commun.

Quel bilan tirez-vous de la première année du quinquennat Hollande ?

François Hollande est l’auteur d’une performance extraordinaire. Il n’avait pas promis grand-chose, mais a quand même réussi à décevoir. La situation économique et sociale est catastrophique, et le gouvernement poursuit le cercle vicieux de l’austérité, qui accroît les inégalités, produit de la récession et, in fine, augmente les déficits qu’elle est sensée combattre. De même, les promesses sur la république irréprochable sont loin d’être tenues.

L’affaire Cahuzac aurait pu être l’occasion de mettre un terme au mélange des genres entre public et privé, mais il n’en a rien été. Si l’on ajoute les récentes prises de position de Manuel Valls, qui tourne délibérément le dos aux valeurs de gauche, le bilan de la politique du gouvernement est catastrophique, et nourri la désespérance sociale.

Vous préparez donc une rentrée placée sous le signe de la mobilisation ?

Bien sûr, la mobilisation va être très forte, notamment contre la réforme des retraites. Dans un pays où l’on est loin du plein emploi, augmenter la durée de cotisation est une hérésie. Si l’on s’attaquait vraiment au problème du chômage, celui du financement des retraites disparaîtrait. Mais le gouvernement a préféré capituler face aux diktats de la BCE et du FMI, et favoriser le capital par rapport au travail. La rentrée sociale sera donc l’occasion d’une mobilisation des forces de gauche opposées à l’austérité. L’ensemble du Front de Gauche bien sûr, mais aussi des mouvements comme Attac ou Copernic.

Propos recueillis par Mathieu Cantorné


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