3 et 4 août 2013 : Grand rassemblement à Notre-Dame-des-Landes : on lâche rien !

vendredi 2 août 2013.
 

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Malgré une certaine discrétion gouvernementale sur le dossier de Notre-Dame-des-Landes - le nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin n’en a par exemple pas dit un mot depuis sa prise de fonction -, Vinci, et sa filiale AGO (Aéroports du Grand Ouest) continuent d’avancer leurs pions. Ainsi, la multinationale a demandé en juin un permis de construire pour l’aérogare, et désormais, les autorités de l’État semblent vouloir accélérer le rythme : la relance de travaux d’ampleur sur la future zone de l’aéroport serait envisagée dès septembre. Malgré tout, Notre-Dame-des-Landes demeure une grosse épine dans le pied du gouvernement, et en particulier de Jean-Marc Ayrault, soutenu par une majorité d’élus locaux, pour qui le projet d’aéroport est devenu une question politique et personnelle, alors même que l’OCDE déconseille de tels investissements pour des infrastructures aériennes régionales, du fait de leur peu d’utilité.

Point noir pour le gouvernement, les commissions mises en place à l’hiver, de façon à désamorcer le conflit et à apaiser les tensions, ne peuvent servir à légitimer le projet. Certes, aucune commission n’a décrété l’inutilité du projet, elles n’étaient pas mandatées pour juger de son bien-fondé. Par contre, la commission agricole a insisté sur la nécessité de réduire la taille des surfaces agricoles impactées. Plus important encore, la commission scientifique, qui s’est penchée notamment sur les dimensions proprement écologiques du problème, a remis en cause la partie concernant la compensation de l’écosystème. En effet, la destruction d’un écosystème tel que celui de Notre-Dame-des-Landes n’est pas complètement autorisée par la loi. Les industriels doivent donc s’engager à la compenser en transplantant les éléments essentiels de cet écosystème. On savait qu’on pouvait détruire pierre par pierre des bâtiments anciens pour les reconstruire dans d’autres pays pour le loisir de riches propriétaires, mais l’idée même de déplacer un écosystème semble tout simplement aberrante. Pourtant, au nom de l’avion, impossible n’est pas français ! La commission scientifique a partiellement mis le holà à de telles prétentions. Seul un intérêt majeur pourrait justifier le déplacement/destruction de l’écosystème. Mais faire gagner quelques heures de vol à des touristes ou des hommes d’affaires peut-il être considéré comme un intérêt majeur ? Cette préconisation de la commission scientifique doit impliquer de retravailler la partie sur l’eau du dossier, ce qui nécessite de nouvelles études pouvant durer deux ans. Deux ans... c’est beaucoup trop long, les retards et les coûts supplémentaires afférents pourraient inciter à abandonner. Pour le gouvernement il s’agit donc d’écarter les conclusions gênantes de la commission scientifique, de clore le débat, d’écarter toute possibilité de concertation et de réévaluation des conséquences de l’aéroport. Le préfet de Loire-Atlantique, en évoquant de nouvelles tentatives de travaux pour l’automne, donne raison aux opposantEs qui dénonçaient lors de la création des commissions (de dialogue, agricole et scientifique) le simulacre de démocratie qu’elles incarnaient. Si elles étaient allées dans le sens de ce que veulent Vinci et le gouvernement, nul doute que le préfet les aurait citées jusqu’à plus soif. Mais comme ce n’est pas le cas, mieux vaut les mettre de côté le temps de commencer véritablement le chantier et mettre tout le monde devant le fait accompli.

Une lutte exemplaire

Pour autant, le gouvernement a-t-il des raisons d’être optimiste quant à sa capacité à mener le projet à son terme ? Ce qui se passe sur la désormais célèbre ZAD, depuis des années mais plus particulièrement depuis dix mois, devrait au minimum l’inciter à la prudence. La lutte acharnée et multiforme ainsi que le soutien populaire dont elle bénéficie bien au-delà de la Loire-Atlantique en font un symbole, pas seulement une lutte locale, mais une mobilisation de longue durée, qui entre en résonance avec de nombreux combats, portant sur la place publique des enjeux majeurs. De Taksim au Brésil, en passant par des luttes moins médiatisées, au Mexique, en Inde et dans de nombreux autres pays, les problèmes posés par l’accaparement des terres, la construction d’infrastructures socialement inutiles alors que les besoins sociaux ne sont pas satisfaits, l’utilisation de fonds publics au service des intérêts privés, la répression... toute une série d’éléments font de Notre-Dame-des-Landes une lutte exemplaire. Bien sûr, celle-ci connaît ses hauts et ses bas, ses aléas, ses conflits internes, etc. Mais jusqu’ici, les opposantEs ont la plupart du temps fait preuve d’un respect mutuel des stratégies variées. Car c’est aussi ça qui fait la force de cette lutte, qui peut aussi bien opposer une résistance physique aux forces de l’ordre, prenant le risque de faire des blessés parmi les militantEs, et rassembler des dizaines de milliers de personnes lors de la chaine humaine du 11 mai dernier. C’est dans cette voie qu’il faut continuer, avec un souci de convergences et de respect des stratégies de chacunE, afin d’éviter l’isolement d’un combat que le gouvernement voudrait bien faire passer comme étant le fait de quelques éléments radicaux et violents. Le rassemblement des 3 et 4 août doit être une grande occasion de convergences, d’échanges et de débats, tant sur les questions de fond que sur les questions de stratégies de lutte pour la rentrée. Les organisations du Front de gauche qui soutiennent cette lutte (GA, Fase, Alternatifs, PG, GU, mais aussi certaines fédérations du PCF) seront bien entendu présentes et animeront plusieurs débats.

Au moment où les paysans du Larzac viennent de gagner l’autorisation collective de cultiver leurs terres jusqu’en 2083, fruit de leurs batailles des années 1970, l’heure est plus que jamais à la poursuite de la mobilisation, dès le 3 août, et à la rentrée si le gouvernement s’entête.

Vincent Gay


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