La révolution sociologique

samedi 11 mars 2017.
 

Au tournant du XIXe et du XXe siècle, l’ordre de la pensée, du savoir et des représentations a été ébranlé par la sociologie naissante. L’image de l’« homme », de l’existence humaine, s’en est trouvée profondément bouleversée.

A lire : Marc Joly, La révolution sociologique. De la naissance d’un régime de pensée scientifique à la crise de la philosophie (XIXe-XXe siècles), Paris, La Découverte, coll. « Laboratoire des sciences sociales », 2017, 583 p., ISBN : 9782707183118.

Cette révolution sans morts ni barricades a en revanche fait de nombreuses victimes, à commencer par la philosophie. Face à l’idée d’une autonomie et d’une singularité irréductible des faits sociaux, parachevant le développement d’approches objectivistes de l’esprit humain, la philosophie s’est retrouvée acculée, sommée de se redéfinir et d’abandonner à la sociologie, au moins provisoirement, les terrains de la morale et des conditions de possibilité de la connaissance.

Avec Max Weber, Georg Simmel et Ferdinand Tönnies en Allemagne, Émile Durkheim et surtout Gabriel Tarde en France, la sociologie consacra, tout d’abord, le principe d’une pluralité de déterminations historiques et objectives pesant sur l’existence humaine. Elle ratifia, ensuite, l’avènement d’une conception nouvelle de la construction théorique, respectueuse de la complexité et de la force contraignante des faits ainsi que de la nature « sociale » des catégories de pensée et des pratiques de production et de transmission des connaissances.

Une grande partie de la philosophie du XXe siècle peut être lue comme une réponse à cette révolution cognitive. C’est ainsi que Henri Bergson, Georges Canguilhem, Martin Heidegger, William James, Karl Jaspers, Maurice Merleau-Ponty ou encore Bertrand Russell sont soumis, ici, à une grille d’analyse inédite.

Un ouvrage aussi documenté qu’audacieux, qui offre la première histoire croisée de la sociologie et de la philosophie.


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