En Equateur : Du chaud et du froid, des hauts et du bas

vendredi 26 juillet 2013.
 

J’étais en hiver lorsque je me trouvais à Lima. Je suis revenu en été en arrivant à Quito. Mais comme c’est ici l’Équateur, selon le lieu où l’on va dans le pays on se trouve tantôt en été tantôt en hiver. Ici les saisons sont aussi des lieux. Et ces lieux sont tantôt fort hauts puisque c’est la montagne andine et d’autrefois aussi bas que possible puisque la côte est là, sur l’océan Pacifique. J’ai par principe un maigre paquetage, mais j’ai trouvé le moyen de faire face aux deux situations, ajoutant cependant à mon maillot de bain une sorte de châle d’alpaca qui m’apporte sitôt que je le mets, en plus des réconforts d’une douce chaleur, les senteurs mièvres d’une bergerie. Mon séjour en Équateur est bien plus intense politiquement que celui au Pérou. Il est vrai que j’avais à faire ici, ce qui n’était pas le cas là-bas. Avec trois conférences en espagnol, un meeting et deux séances de travail sur le forum mondial de la Révolution citoyenne, dois-je parler de vacances studieuses ou d’études vacancières ? L’essentiel de ce post est consacré au contexte des conférences auxquelles j’ai participé ici. J’y ajoute de premières impressions de mon entrée dans le chaudron politique régional avec le meeting de soutien à Evo Moralès qui s’est tenu ce mardi 23 juillet. Le matériel des notes que j’accumule me fait obligation de couper mon récit en plusieurs épisodes. Je laisse donc pour cette fois ci tout ce qui se rapporte à mon immersion dans la discussion sur la cosmogonie des indigènes. Croyez que je ne me suis pas contenté de discussion. J’ai aussi arpenté ici et là le pays, sur les pas de notre compatriote La Condamine. C’est ici une star dans le pays qui lui doit son nom. Je suis allé au point touristique du degré zéro de latitude et j’y ai fait les photos d’usage, à cheval sur la ligne équatoriale. Puis on en vint aux choses sérieuses et on m’amena sur la montagne en face, là où La Condamine avait lui-même positionné ce point. Sur ce mont pelé, on trouve un bloc doré au point de La Condamine et, à quelques mètres de là, le lieu où les indigènes pré-incaïque avaient eux-mêmes situé la chose. Verdict du GPS : les indigènes avaient le bon endroit, pile poil, et La Condamine le rate de peu.

Mais, mieux que tout, j’ai aussi eu l’honneur d’être une des rarissimes personnes qui ait pu se rendre à Malki Machaï, un recoin du pays où l’on pense avoir trouvé la dernière demeure de l’inca Hatahualpa. J’ai voulu y aller après avoir lu un article de « Sciences et vie » au retour d’une des sessions à Strasbourg. Encore un de ces détours compliqué de mon existence où tout finit par se tenir dans un récit unique que je m’amuse à croire assez magique. Le prix de cette visite est d’avoir dû faire dix heures de voiture dont un bon paquet sur des pistes défoncées, mais dans un paysage inouï qui entrait spontanément en dialogue avec mes paysages oniriques les mieux ancrés. De tout cela et de bien d’autres choses, point de nouvelles pour cette fois-ci. Notez aussi, si vous avez pour moi des fidélités de lectures cet été, que j’aurais à dire encore bien des choses politiques sur ce séjour ici. En effet, le calendrier de mes interlocuteurs et les circonstances m’ont permis à la fois de franchir l’étape prévue concernant la préparation du forum mondial de la révolution citoyenne mais aussi de participer à un événement politique de grande importance : le sommet des chefs d’État de l’Alba et la tenue du forum des réseaux sociaux des pays membres de cette alliance politique. Du fait de l’agression qu’a représentée l’interdiction de survol d’une partie de l’Europe à l’encontre du président Evo Morales, l’ambiance est assez chaudement politisée. On pardonne moins à la France qu’à d’autres, car on l’aime davantage. Ici François Hollande a ruiné des mois de travail de sa propre administration et des années de prestige français. Je tâche de faire du mieux que je peux pour rappeler qu’il n’est que lui et que nous autres nous sommes là aussi, nous qui sommes la France comme on l’aime ici.

Victor Hugo répondant aux révolutionnaires mexicains après l’invasion française organisée par Napoléon III leur disait « ce n’est pas la France qui vous fait la guerre c’est l’empire, c’est Napoléon le petit ». Ce n’est pas la France qui insulte l’Amérique du sud c’est seulement Solferino et François le petit.


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