Le département, facteur d’équilibre des territoires

samedi 27 juillet 2013.
 

Par Pierre Grosvalet, président (PS) du conseil général de Loire-Atlantique.

Le projet de loi de décentralisation vient d’être adopté en première ­lecture au Sénat. Il a été longuement débattu et amendé  ; les échanges ont été vifs, parfois durs, mais toujours ­argumentés. Je me suis opposé publiquement au texte initial sur plusieurs points qui me paraissaient être un recul pour les collectivités et la ­République qu’elles représentent.

Le Sénat a apporté les clarifications nécessaires et permis un texte plus équilibré. C’est son rôle, il le remplit pleinement. Néanmoins, je crois qu’il ne faut pas se tromper de combat. Les départements ne sont ni contre les métropoles ni contre un ajustement des compétences. Mais dans ces moments de défiance, que certains entretiennent avec complaisance, à l’égard de la politique, nous ne devons nous poser qu’une seule question  : comment créer, dans une France qui change, les conditions du vivre-ensemble  ?

Pour apporter des réponses justes et crédibles, nous avons le devoir de créer, d’innover, d’inventer. Certains, y compris chez des partenaires de gauche, font de la suppression des départements une recette miracle pour l’action territoriale. Je crois que c’est une profonde erreur d’analyse de la société française. En effet, la création des métropoles ne doit pas occulter que deux tiers des Français ne sont pas concernés par ce mode de gouvernance.

Depuis vingt ans, les territoires ruraux et périurbains ont une croissance démographique trois fois plus importante que les villes et leur proche périphérie. La dynamique ne semble pas s’inverser. Plus dramatiquement, 85 % des ­ménages précaires vivent hors des zones ­urbaines. Si la gauche ne porte pas une ambition forte pour ces territoires, les partis conservateurs le feront. Bien entendu, les métropoles ont un rôle moteur d’attraction et de développement, mais c’est au département qu’il revient d’assurer un juste équilibre des territoires. Aucune autre institution ne peut lier le développement social et l’équilibre territorial, la proximité et la vision globale.

J’ajouterai un chiffre dans ce débat qui compte déjà trop d’experts. Le taux de mobilité dans ces territoires périurbains et ruraux est de vingt points inférieur à celui des villes et des proches couronnes, alors que le taux de chômage des seniors et des jeunes y est le plus important de France. Autrement dit, dans ces territoires plus qu’ailleurs, la spirale du chômage de longue durée aspire toujours plus de ménages sans perspective de mobilité sociale ou spatiale. Je ne sous-estime en rien les difficultés d’inclusion propres aux grandes villes. Néanmoins, le fait urbain ne peut être l’alpha et l’oméga d’une politique d’aménagement du territoire qui devrait s’appuyer davantage sur la cartographie sociale. La gauche ne peut s’exonérer d’une présence forte sur ces territoires sous peine d’accentuer les fractures qui traversent la société française. La crise nous y incite, nos valeurs nous y obligent.

Dans les temps de crise, la fonction du politique est de donner à chacun une place dans l’œuvre collective. C’est l’ambition que j’ai pour le département que je préside. C’est celle que la gauche doit porter dans tous les conseils généraux. Nous avons des outils pour cela  : éducation, transport, développement social, aménagement numérique… Je connais la complexité de nos territoires, leurs richesses et parfois leurs contradictions. Pour mettre en œuvre une politique de changement et redonner un chemin d’espoir, la gauche aux responsabilités a besoin de la mobilisation de tous les acteurs.

Nous avons besoin de départements forts, modernes et pleinement en phase avec leur temps.

Nous y sommes prêts.

Pierre Grosvalet


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