Hollande, le ravi de l’Europe anti-sociale

lundi 8 juillet 2013.
 

Une fois de plus au Conseil européen, François Hollande, qui se flatte de vouloir être le « bon élève » de la classe, aura plutôt été le ravi de la crèche ! Il a signé tout ce qu’on lui a demandé de signer. C’est le tango Barroso de la France solferinienne. Des coups de menton avant les génuflexions. Après avoir pris la pose de guerre et avoir menti sur le fait que la Commission n’avait « pas le droit de dire à la France ce qu’elle doit faire », il a bien fallu qu’il admette le contraire, une fois sur place. Et il a signé sans faire d’histoires le document de la Commission concernant la France. Fini le bravache ! Madame Merkel n’a même pas eu besoin de lui faire les gros yeux. Pas un mot d’ailleurs sur le bilan désastreux de la politique de celle-ci et de l’effondrement en cours de l’économie européenne dans la récession. Il aura fallu que ce soit ce néant ambulant de Peer Steinbruck, grand chef du SPD allemand, qui pose la question le premier sur une scène politique institutionnelle. Ce n’est pourtant pas un foudre de guerre, ce Steinbruck, car il a été le ministre des finances de madame Merkel dans le cadre du gouvernement de grande coalition.

Mais le 27 juin dernier, au Bundestag, il a dit tout haut et très clairement ce que François Hollande n’a pas osé dire en notre nom, tétanisé qu’il est par les rites et injonctions de son surmoi bisounours sur le « couple franco-allemand » et la misérable auto-censure que ce concept creux impose aux eurobéats français. « Le chômage des jeunes, dont vous parlez ici et le taux élevé de chômage en général, madame la chancelière, a donc dit Peer Steinbuck, sont une conséquence directe de la politique que vous mettez en œuvre en Europe et qui n’est basée que sur l’austérité ». Après quoi, comme s’il lisait un discours d’un orateur du Front de Gauche, il a dénoncé le "cercle vicieux" de l’austérité : " Au lieu de diminuer, comme vous en aviez l’intention, les dettes ont augmenté de 500 milliards d’euros en 2012 dans les pays européens,

Les mesures d’austérité que vous avez défendues ont provoqué une augmentation du nombre de chômeurs à 26 millions. Le chômage des jeunes de moins de 25 ans a, lui, augmenté à 6 millions ». Personne ne l’a traité de germanophobe. Voilà bien le fin mot de la politique de madame Merkel : les dettes publiques ont augmenté de 500 milliards dans l’Union européenne. Imaginez la masse juteuse des intérêts que cette politique tire des poches des peuples pour les donner aux banques ! Je n’y viens pas. Mon propos est juste de souligner l’écart entre le soi-disant sérieux de cette politique et la réalité de son résultat. Mais je veux détailler le tableau de ces exploits avec les chiffres de la hausse de la dette en 2012 dans l’union comme nous les donne Eurostat. La dette a augmenté de 148 milliards d’euros cette année en Espagne, en France de 118 milliards d’euros, en Italie de 81 milliards d’euros ! Et même en Allemagne, ce pays de rêve et de réussite éblouissante, la dette, oui, la dette publique, ce chancre caractéristique de l’incontinence budgétaire de l’Europe du sud, la dette a augmenté de 81 milliards d’euros !

Revenons à ce sommet européen. Comme on le sait l’immense François Hollande qui a déjà obtenu pour notre bonheur à tous un formidable plan de relance européen vient de nous obtenir à propos des retraites une nouvelle victoire sur l’ignoble Barroso que ses petits camarades ont si bien fustigé. L’humble carpette s’est muée en somptueux tapis de haute laine. Les bouffons ont acclamé.

Décidément le traitement médiatique de l’actualité européenne reste le sempiternel conte pour enfançons que débitent, dans leur morgue combinée à leur flemme ou à leur ignorance, les commentateurs plus ou moins spécialisés, tous acquis par principe à l’eurobéatitude. Il est vrai qu’il est plus difficile de décrypter un sommet européen avec le souci de l’information que de recopier après boire avec Cédric Thomas, dit « Jean Quatremer », des statistiques d’androïdes sur mon travail de député européen. C’est donc par ce blog que vous apprendrez l’ampleur de la nouvelle capitulation du bon élève de la classe européenne. Et d’abord sur cette fumisterie de prétendue victoire grâce au fait que François Hollande aurait obtenu le retrait de la référence à « l’âge légal » de départ en retraite ! Car en « contrepartie » c’est « l’âge effectif » qui doit être retardé ! Un comble ! Cela signifie que les gens doivent être incités à partir plus tard pour jouir d’une retraite à taux plein. Donc que leur durée de cotisation doit être augmentée ! Bonjour la victoire ! Quel cynique que cet homme et ses services de communication ! Aucun commentateur de référence ne nous a fait la grâce de le « révéler ».

Pas davantage n’aura-t-on été tenu informés des autres engagements signés le même jour par François Hollande. C’est pourtant décisif. Car ces engagements forment l’agenda du gouvernement pour les prochains mois et rendent impossible toute forme de rapprochement à gauche pendant toute la période où cette politique va s’appliquer. Voyons rapidement un petit florilège des « recommandations » de la Commission que le président français a signé. Retraite : "prendre des mesures d’ici à la fin de l’année 2013 par exemple en adaptant les règles d’indexation, en augmentant encore la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux, tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales". Sans commentaire ! Ou plutôt si ! Voici un éclairage.

Ces gens connaissent aussi bien que nous le résultat concret de ce genre de mesure. Les seniors qui ne partent pas à la retraite pour pouvoir ensuite toucher leur retraite à taux plein vont s’inscrire au chômage car ils forment la tranche d’âge qui connaît le plus fort tôt de chômage. Le trou soi-disant bouché dans les comptes de régimes de retraite est aussitôt creusé dans celui des comptes de l’indemnisation du chômage. Les eurocrâtes ont donc trouvé la parade. Et François Hollande les a approuvés. Il faut payer moins les chômeurs ! Et donc rendre dégressive et plus difficile l’indemnisation du chômage. C’est noté ? François Hollande a dit oui, comme un bon élève de la classe européenne : "les conditions d’admissibilité, la dégressivité des allocations dans le temps (…) devraient être adaptés pour garantir l’adéquation des mesures d’incitation au travail". C’est du sabir de la novlangue européenne mais on comprend. Et bien sûr tout cela est placé sous l’égide de la seule politique possible : "poursuivre la réduction du coût du travail, notamment en adoptant d’autres mesures pour réduire les cotisations sociales patronales" ! Sans commentaire. "Prendre des mesures supplémentaires déplaçant la charge fiscale sur le travail vers les taxes environnementales ou la consommation". Il va de soi que ce retour de la « TVA sociale » s’ajoutera à l’augmentation déjà prévue qui portera la TVA à 20% au 1er janvier prochain ! Et ce qui est vrai des engagements inadmissibles sur les grands sujets l’est tout autant secteur par secteur. Ainsi à propos de l’élargissement du champ de la concurrence. Voyez : « Dans le secteur ferroviaire, ouvrir le transport intérieur de passagers à la concurrence ».


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