Grèce : Audiovisuel public fermé. Fonctionnaires licenciés. Grève générale

vendredi 21 juin 2013.
 

- 5) Grèce : le Conseil d’Etat rallume "temporairement" les écrans d’ERT
- 4) Grèce : le Front de gauche dénonce "un coup d’état" sur l’audiovisuel public
- 3) Dernières nouvelles, gravissimes
- 2) Par décision ministérielle TV et radios publiques sont fermées (PG)
- 1) Les chaînes publiques grecques cessent d’émettre (AFP)

5) Grèce : le Conseil d’Etat rallume "temporairement" les écrans d’ERT

C’est un mini-camouflet pour le gouvernement Samaras. Le Conseil d’Etat grec a annulé ce lundi soir "temporairement" la décision du gouvernement de fermer la radio-télévision publique ERT, et ordonné sa réouverture jusqu’à la constitution d’un nouvel organisme audiovisuel public.

Le combat pour la pérénité du pole public d’audiovisuel grec et le pluralisme de l’information n’est pour autant pas gagné. La plus haute juridciction du pays a demandé aux ministres compétents d’oeuvrer pour assurer de nouveau la remise en service "temporaire" de la télévision publique. Elle donne raison au syndicat de l’ERT qui avait déposé un recours contre la décision de fermer les chaînes télé et radios publiques, il y a une semaine. Mais cette décision n’est que "temporaire", jusqu’à la constitution d’un nouvel organisme audiovisuel public.

Nerit, le nouvel organisme

Le Premier ministre conservateur grec, Antonis Samaras, n’a pas perdu de temps. Il a déjà proposé ce lundi à ses deux partenaires de la coalition gouvernementale la réouverture "transitoire" de la radio-télévision publique sous la houlette d’une commission tripartite, selon une source gouvernementale. Une commission composée de représentants des trois partis de la coalition sera chargée "d’embaucher un nombre de journalistes chargés de faire fonctionner de nouveau la radio-télévision publique" jusqu’à ce que soit adopté un nouveau projet de loi sur l’audiovisuel public, selon une source gouvernementale citée par l’AFP. "Des conseillers étrangers, de la BBC, ou d’autres groupes européens vont aider à la constitution du nouvel organisme", qui sera baptisée Nerit, selon cette même source.

Projet d’accord politique

Pour éviter une crise politique et la perspective d’élections anticipées dues à la fermeture sans coup férir d’ERT, Antonis Samaras a proposé un programme en "sept points". Parmi ces points, figure un prochain remaniement ministériel, d’ici à la fin juin, selon cette source. Une réunion ministérielle était en cours lundi soir entre M. Samaras et les dirigeants du Pasok (socialiste) et du Dimar (gauche démocratique), Evangélos Vénizélos et Fotis Kouvélis respectivement, pour tenter de trouver une solution et sortir de l’impasse provoquée par la fermeture de l’ERT.

Des manifestations contre la fermeture de l’ERT se poursuivaient pour la septième journée consécutive devant le siège de la télévision publique dans la banlieue nord de la capitale grecque et sur la place Syntagma en face du Parlement, où le chef de l’opposition, Alexis Tsipras a prononcé un discours pour fêter à sa manière le premier anniversaire du gouvernement Samaras, péniblement sorti vainqueur des élections du 17 juin dernier. Selon ce dernier, la fermeture d’ERT, décidée sans préavis et sans concertation, sera le "chant du cygne" du gouvernement Samaras.

S G (L’Humanité)

4) Grèce : le Front de gauche dénonce "un coup d’état" sur l’audiovisuel public

La brutale décision du gouvernement grec prise par décret de fermer les chaines de radios et de télévisions publiques grecques est un évènement unique, qui soulève de très vives réactions. Un rassemblement de soutien à Paris, initié par les étudiants et les travailleurs grecs de France et soutenu par le Front de gauche et la CGT, est prévu ce mercredi soir.

« On savait que les coups d’état militaires débutent par un contrôle des médias, on saura désormais que les coups d’état financiers se singularisent par leur fermeture... » s’indigne Eric Coquerel du PG. Une décision historique en Europe, qui éclaire également toutes les menaces qui pèsent sur l’audiovisuel public partout en Europe. Les privatisions en Italie, les coupes budgétaires en France. Ce que rappelle Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité et vice président du groupe de la Gauche Unitaire au parlement Européen. « En vérité, les gouvernants de Grèce, de concert avec les institutions européennes, considèrent le droit à l’information et à la culture non seulement comme quantité négligeable mais surtout comme un obstacle à leur visée de limiter l’accès à une information pluraliste, stimulante de l’esprit critique. Ce phénomène est à l’œuvre dans tous les pays européens sous diverses formes. »

La gauche grecque se mobilise. Syriza et les syndicats sont aux côtés des 2700 salariés de l’audiovisuel public du pays qui occupent les locaux. Le chef de l’opposition de gauche, Alexis Tsipras, appelle à la mobilisation pour obtenir le retrait du décret d’urgence, signé la veille par les seuls ministres de la nouvelle démocratie, l’un des trois partis de la coalition gouvernementale. Il tente d’obtenir des rendez-vous à la mi-journée avec le chef du parti socialiste Pasok, Evangelos Venizelos, et celui du petit parti de gauche européenne Dimar, Fotis Kouvelis, les deux autres dirigeants de la coalition, au risque de provoquer une crise politique si les deux hommes refusent de signer le texte. Des programmes continuent à être diffusés, des informations comme des débats entre journalistes, accessible sur www.ert.gr et sur la chaîne locale 902, canal prêté par le parti communiste KKE.

Un appel à la mobilisation qui a été entendu en France, notamment par Pierre Laurent. « Au nom du PCF et du PGE, je tiens à affirmer mon soutien aux salariés des chaînes publiques, ainsi qu’aux forces sociales et aux démocrates et progressistes qui se mobilisent contre ce nouveau coup de poignard contre la Grèce. Le PCF et ses partenaires du Front de gauche soutiennent l’occupation du siège de l’ERT par ses salariés. A Paris, ils appellent au rassemblement annoncé par nos amis grecs devant l’ambassade de Grèce à Paris, ce soir à 18h30. » Appel relayé par la CGT de France Télévision : « Les salariés de France télévisions qui font eux aussi l’objet d’un plan d’économies drastiques adressent toute leur solidarité à leurs collègues des chaînes publiques de télévision et de radio grecques. Le SNRT CGT appelle à se joindre aux initiatives de soutien qui seront organisées dans les heures et les jours qui viennent. »

3) Dernières nouvelles, gravissimes, de Grèce :

Le gouvernement, se conformant ainsi aux ordres de la Troïka, a procédé soudainement, par simple décision coministérielle ayant force de loi, à la fermeture de la Radio Télévision Publique de Grèce.

· « Leur objectif officiel : conformément aux instructions de la Troïka, qui a fait remarquer que l’assainissement du secteur public avait pris trop de retard (les 2000 licenciements prévus immédiatement n’ayant pas tous été effectués), permettre le licenciement de TOUS les journalistes et autres personnels dont le statut était, jusqu’aujourd’hui, celui de fonctionnaires ou assimilés, à compter de la publication de la décision, lire : immédiatement.

En pratique, il s’agit d’un coup d’état (car la décision ministérielle ayant force de loi) qui met en péril la liberté d’information inscrite dans la Constitution Hellénique.

4 des ministres qui devaient signer cette décision ont refusé de le faire, mais la décision a tout de même été annoncée par le porte parole du gouvernement.

Les journalistes et personnels de l’ERT, présents dans les locaux de la rue Messogeion, ont annoncé qu’ils ne sortiraient pas des bâtiments, et diffusent des émissions en continu.

De nombreux citoyens se sont regroupés et continuent d’affluer devant les bâtiments de la Radio Télévision à Athènes, mais aussi en province.

D’importantes forces de l’ordre (les fameux MAT, équivalents des CRS français) ont été amenées derrière les bâtiments, comme également en province.

Les journalistes du privé, en signe de protestation solidaire, se sont déclarés en grève. La direction de l’ESHEA (organe syndical de la branche) a déclaré la branche tout entière en état d’urgence.

Il s’agit, nous sommes nombreux à le craindre, d’un coup d’éclat du gouvernement qui risque fort de dégénérer, et donne déjà tous les signes d’un véritable coup d’état.

A noter : les bâtiments centraux d’ERT, qui abritent des studios et du matériel de haute technologie, seront confiés... au "Ministère de la Protection du Citoyen" (comprenez : le ministère de l’intérieur et du flicage). Cela ne peut que rappeler les heures noires de l’histoire pas si ancienne de la Grèce.

Je continuerai, tant que possible, à alimenter ce billet des dernières nouvelles.

Pour l’instant, merci de tout faire pour faire savoir ce qui se passe, et diffuser les infos que vous pourrez glaner, ici ou ailleurs.

Solidairement et avec détermination,

Marie Laure Veilhan, Mediapart

2) Coups d’état financiers en Grèce : par décision ministérielle TV et radios publiques sont fermées (PG)

Le Parti de Gauche dénonce fermement la décision du gouvernement Grec prise par décret de fermer manu militari les chaînes de TV (ERT) et de radios publiques. L’austérité sert à justifier l’atteinte à la liberté d’information et d’opinion. Elle asphyxie la démocratie.

On savait que les coups d’état militaires débutent par un contrôle des médias, on saura désormais que les coups d’état financiers se singularisent par leur fermeture... En inventant le terme austéritaire lors des premières mesures imposées par la Troïka à la Grèce, le PG ne s’est pas trompé. Le terme risque même d’être rapidement en deçà à la réalité. Aucun peuple ne pouvant supporter une telle saignée, des mesures autoritaires commencent par être appliquées pour le contraindre, on impose des gouvernements non-élus, on refuse ou on nie le résultat des référendums ou de votes de parlements... Voilà ce qui s’est passé ces dernières années dans les pays européens les plus touchés par la récession. Aujourd’hui rien ne peut assurer que dans ces pays, la dictature financière ne se traduira pas à l’avenir par des coups d’état militaire.

La récession porte en elle la régression sociale et répression démocratique. Ce qui s’est passé hier en Grèce le confirme. Mais que l’Union européenne ne joue pas les Tartuffe : le gouvernement grec n’est que l’exécuteur servile d’une politique voulue et appliqué par la Troïka. C’est avant tout elle que nous dénonçons.

Le PG appelle au rassemblement initié par les étudiants et les travailleurs grecs de France à 18h30 devant l’Ambassade grecque à Paris (17, rue Auguste Vacquerie, 75016 Paris, métro Kléber)

http://www.lepartidegauche.fr/actua...

Mercredi 12 Juin 2013 Eric Coquerel

1) Les chaînes publiques grecques cessent d’émettre (AFP)

Le gouvernement a accusé le groupe de mauvaise gestion pour justifier sa décision. Les syndicats pointent une manœuvre à la « Ceausescu ».

Les chaînes de la radio-télévision publique ERT ont cessé d’émettre mardi peu après 23h00 (20h00 GMT) et les écrans sont devenus noirs, l’émetteur principal situé sur une montagne près d’Athènes ayant été neutralisé par la police, selon une source syndicale. « C’est illégal. Le gouvernement a arrêté l’émetteur principal. Cela ressemble plus à un gouvernement de Ceausescu qu’à une démocratie », a déclaré à l’AFP le président du principal syndicat des salariés de la télévision, Panayotis Kalfayanis.

Le gouvernement grec avait annoncé quelques heures plus tôt mardi la fermeture immédiate des chaînes de télévision publiques grecques ERT, engageant par surprise une épreuve de force inédite avec les syndicats sous la pression de ses bailleurs de fonds internationaux. « La diffusion d’ERT s’arrêtera après la fin des programmes ce soir », avait déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, soulignant qu’ERT, qui est composée de trois chaînes, constitue « un cas d’absence exceptionnel de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant » a-t-il dit. Kedikoglou a précisé que ce service public, où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s’opposer aux plans de restructuration, rouvrirait sous une autre forme, avec un nombre réduit de salariés. Tous les salariés actuels d’ERT, au nombre de 2 656, recevront une compensation et seront autorisés à postuler à nouveau à un emploi dans la nouvelle structure, a-t-il dit.

Cette mesure radicale et sans précédent a été annoncée sans préavis au moment où les chefs de file de la troika des créanciers de la Grèce (UE-BCE-FMI) sont à Athènes. ERT appartient aux multiples organismes d’Etat qui devaient être restructurés ou fusionnés, en vertu du protocole d’accord signé entre la Grèce et ses bailleurs de fonds. « ERT appartient au peuple grec... c’est le seul média indépendant et la seule voix publique, qui doit rester dans le domaine public (...) nous condamnons cette décision soudaine » a écrit le syndicat GSEE dans un communiqué. « C’est un choc total », a commenté auprès de l’AFP un journaliste de la rédaction, Pantelis Gonos, tandis que des centaines de personnes commençaient à affluer autour du siège de la télévision publique, dans la banlieue nord d’Athènes. « Le gouvernement, sans consultations ni discussions, a choqué tout le monde en annonçant la suspension à minuit de la télévision, tous les écrans vont être noirs et personne ne sait quand elle rouvrira », a-t-il dit. « En tant que journalistes, nous allons essayer de la maintenir ouverte et de poursuivre les diffusions jusqu’à ce qu’on nous ferme. Peut-être vont-ils faire venir la police ? » s’est-il interrogé.

Le syndicat de journalistes Poesy a appelé à une grève immédiate de soutien dans les médias privés. « Le gouvernement est déterminé à sacrifier la télévision publique et la radio » pour satisfaire ses créanciers, a déploré le syndicat. Le gouvernement avait rendu public dans la journée un texte législatif autorisant l’arrêt du fonctionnement d’un organisme public en cas de fusion ou de restructuration.

Selon les syndicats, en fermant ERT, le gouvernement remplit d’un coup l’objectif assigné par les créanciers de la Grèce de supprimer 2 000 emplois publics d’ici à la fin juin. C’est une « solution facile pour répondre aux exigences de la troïka », souligne le syndicat Poesy, tandis que la Confédération des fonctionnaires du service public Adedy a qualifié le texte législatif de « coup d’Etat ».

Les hauts responsables de la troïka ont repris lundi à Athènes l’audit des comptes grecs et le contrôle des réformes parmi lesquelles figurent la réduction du nombre des fonctionnaires et la fusion ou la suppression des organismes publics. Lundi soir, les responsables de la troïka ont eu un entretien avec le ministre de la Réforme administrative Antonis Manitakis sur la restructuration du secteur public.


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