Le niveau des océans devrait s’élever de 19 à 58 cm d’ici 2100

mercredi 7 février 2007.
 

Les conclusions des spécialistes du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) sont sans appel. Le niveau des océans devrait s’élever de 19 à 58 cm d’ici 2100. Inéluctable sous nos latitudes ?

Oui. Actuellement, sur l’ensemble des océans et des mers du globe, le niveau monte en moyenne et régulièrement de 3 mm par an. La vitesse a triplé au XXe sièecle. Les scientifiques tablent globalement sur une montée de 4 mm chaque année d’ici la fin du XXIe siècle. Les mers du globe devraient donc gonfler de 40 cm avec une variabilité de plus ou moins 15 cm en France aussi.

Cette montée du niveau des mers est-elle uniforme ?

Non. Elle change d’une région à l’autre et a fortiori d’un continent à l’autre. Dans le bassin pacifique ouest et du côté de la Nouvelle-Calédonie, l’océan monte de 15 mm par an. Mais au large du Mexique, par exemple, on assiste à une baisse annuelle de 10 mm. A Brest, depuis les premières observations qui datent de 1711, la progression n’est, jusqu’à ce jour, que de 1,3 mm par an.

Les côtes françaises seront-elle touchées ?

Si on considère que le niveau va monter, la Camargue, avec les Landes déjà grignotées, sera l’une des côtes touchées en priorité comme certains estuaires ou zones de marais. Le processus a déjà démarré et le trait de côte pourrait donc changer de manière importante dans le delta du Rhône. Ailleurs, des zones à risques sont bien repérées comme la baie de Somme, les Bas champs picards où les digues ont déjà été endommagées par le passé. En une tempête, on peut perdre une plage. Elles sont vivantes. C’est une certitude, beaucoup sont menacées aujourd’hui à la surface du globe et vont disparaître plus vite que si nous n’avions pas joué avec le climat.

Et celles de l’Ouest de la France ?

D’ici la fin du siècle, une montée des océans de l’ordre de 20 à 40 cm n’aurait pas de conséquences majeures en Bretagne où le plateau continental et granitique est plutôt élevé. Il reste toutefois des zones sensibles localement comme les polders de Ploubalay dans les Côtes d’Armor ou ceux de Combrit dans le Finistère. Sur la côte atlantique très endiguée et urbanisée, différents marais, les dunes vendéennes du Jaunay sont des zones sensibles. En Normandie, des dunes basses devant des zones basses sont fragilisées. Les marais du Val de Saire, de Ver ou de Graye la mare de Vauville sont à surveiller. Commme les estuaires où, c’est une certitude, on enregistrera des variations des niveaux des pleines mers. Mais si des terres seront un jour gagnées par la mer, la mer recule aussi dans la baie du Mont-Saint-Michel où la sédimentation est plus forte que l’élévation du niveau de l’eau. Là, la terre gagne du terrain.

Cette montée du niveau des océans est dûe au réchauffement climatique. Mais, à partir de là, comment s’enclenche le phénomène ?

Les rejets des gazs à effets de serre ont réchauffé l’atmosphère, la terre et les mers. Plus une eau est chaude plus elle occupe un volume important. Cette dilatation thermique est, à hauteur de 55 %, la première cause de la montée du niveau des océans. Deuxième cause : la fonte des glaciers de montagne et, plus inquiétante encore, celle du Groenland et de l’Antarctique (35%). Troisième raison : la réduction des eaux continentales (10%). Autre donnée, quand la pression atmosphérique baisse d’un millibar, la surface de l’eau augmente d’un centimètre.

Faut-il s’attendre à des scénarii catastrophes ?

Sur une échelle de temps de pluisieurs centaines d’années, on ne peut pas l’exclure. Si des grandes parties du Groenland et de l’Antarctique fondent de manière massive. Mais des hauteurs de montées des eaux de plusieurs mètres comme le montrent des projections sur Internet, c’est improbable à l’échelle humaine et pas envisagé, à ce jour, dans les modèles climatiques.

Les spécialistes prédisent des violentes tempêtes à répétition, n’est-ce pas là le danger pour nos côtes ?

Exact. Les changements de la météo se répercutent sur la dynamique de l’océan qui va conduire à des surcotes. Pour l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, elle était de 6 mètres. En décembre1999 l’ouragan qui a frappé la France a déclenché une surcote moins importante mais aux effets dévastateurs. Les tempêtes de cette nature, accompagnées de fortes précipitations, vont se multiplier. D’où l’érosion du littoral qui va s’en trouver renforcée. Les dunes de Bréville près de Granville pourraient perdre 50 % de leur surface d’ici à 2100. Un cas parmi d’autres. Dans l’Ouest, c’est plutôt de l’érosion qu’on souffrira que de l’augmentation du niveau moyen de l’eau. Contrairement à d’autres pays à l’image des Pays-Bas très exposés, la France n’est pas à la pointe et ne dispose pas d’une cartographie précise des zones à risques. Pour l’heure, quand une brèche se produit dans une digue, on colmate tant bien que mal. Mais dans bien des cas, la mer finit par avoir le dernier mot.

Pierre Cavret.


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