France Télécom : un document qui accable les ex-dirigeants

vendredi 17 mai 2013.
 

Un document interne de France Télécom datant de 2006 et relayé dans l’édition de ce mardi du Parisien, témoigne de la violence sociale à l’époque au sein de l’entreprise marquée par une vague de 57 suicides en 2008 et 2009.

Alors que l’enquête judiciaire sur les drames qu’a connus le groupe se poursuit au pôle de santé public du Tribunal de grande instance de Paris, le quotidien rend public un fac-similé d’un compte-rendu d’une réunion d’octobre 2006 de l’Acsed, l’association des cadres de France Télécom. Selon ce document, l’ancien PDG Didier Lombard, aurait déclaré : "Il faut qu’on sorte de la position mère poule. (...) Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C’est notre seule chance de faire les 22.000" suppressions de postes programmées dans le cadre du plan Next, qui visait faire changer 10 000 agents de métier et à réduire les effectifs entre 2006 et 2008. Selon Le Parisien, il existe deux versions de ce document. Dans la version originale, M. Lombard indique : "en 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte". Cette version a ensuite été édulcorée pour devenir "en 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre".

D’après le quotidien, la secrétaire de l’Acsed aurait indiqué aux policiers ne plus posséder la version originale car ses responsables lui auraient demandé de la détruire. Elle ajoute avoir pris elle-même l’initiative d’atténuer les propos tenus lors de la réunion. Le Parisien rapporte que les anciens dirigeants de France Télécom assurent n’avoir donné aucune directive pour détruire les documents et estiment qu’ils ne sont pas crédibles. "Ces documents sont la transcription de la violence sociale que nous avons vécue et c’est ça qui est nouveau", a réagi de son côté Sébastien Crozier (CFE-CGC), précisant en avoir pris connaissance via la presse. Il a jugé "interpellant le fait qu’il y ait une atténuation des propos" car cela montre "qu’il y a des gens qui ont pris conscience de l’étendue des dégâts" à l’époque.

Pour Me Frédéric Benoist, avocat du syndicat, partie civile dans l’enquête, "il y a beaucoup de documents qui figurent dans les dossiers d’instruction qui ont certainement été travaillés par France Télécom". Selon lui, les juges d’instruction ont aujourd’hui "suffisamment d’éléments pour démontrer que les infractions" qui font l’objet des poursuites, c’est à dire le harcèlement moral sont "caractérisées". Mais l’avocat dit surtout espérer que le tribunal correctionnel sera prochainement saisi sur des motifs qui "reflètent plus la réalité du dossier", c’est à dire la mise en danger de la vie d’autrui. Dans un communiqué, le syndicat SUD va dans le même sens, disant espérer "que le juge a apprécié ces nouveaux éléments à leur juste valeur et que les motifs de la mise en examen" des responsables de l’époque seront requalifiés en "mise en danger de la vie d’autrui".

L’enquête judiciaire liée aux drames - 35 suicides en 2008 et 2009, selon direction et syndicats- avait été ouverte en avril 2010 après une plainte de SUD et un rapport de l’Inspection du travail mettant en cause la gestion du personnel. La CFDT, la CFE-CGC/Unsa, la CFTC , la CGT, et FO s’étaient ensuite constituées partie civile. Dans le cadre de cette enquête, Didier Lombard, deux autres responsables, et France Télécom en tant que personne morale ont été mis en examen pour harcèlement moral en juillet dernier.


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