12 avril 2006 Dehors la sale droite italienne (fascistes, libéraux, prétendus chrétiens et ex-socialistes)

samedi 15 avril 2023.
 

Apparu après l’opération mains propres, Berlusconi incarne un nouveau type de dirigeant bourgeois à la tête d’un "Etat" fondé seulement sur la protection des intérêts des puissants, quitte à massacrer si nécessaire la moindre grève lycéenne.

La coalition de droite dirigée par Silvio Berlusconi a pris pour nom "La Maison des libertés". Elle comprend :

- "Forza Italia" fondée en 1993 par Berlusconi. Au départ, ce parti conservateur de masse, néo-libéral, a rassemblé d’anciens élus "démocrates chrétiens" et "socialistes" seulement soucieux de conserver leurs mandats. A en croire l’ITANES (centre d’études des élections italiennes), le réservoir de voix caractéristique de ce parti ce sont des femmes assez âgées, peu instruites, regardant beaucoup la télévision. Il s’agit seulement d’un parti de pouvoir construit autour de Berlusconi.

- l’"Alliance Nationale", héritière du Mouvement Social Italien, lui-même constitué par d’innombrables cadres de l’ancien parti fasciste italien dissous ( Mirko Tremaglia, Pino Rauti...). Gianfranco Fini, leader de ce parti d’extrême droite, résume ainsi son orientation politique : "Nous sommes post-fascistes" ; "Notre but, c’est de devenir le grand parti libéral de masse qui n’a jamais existé en Italie" ; "la société italienne a besoin d’une forte thérapie modernisatrice, or les lois les plus raisonnables quand un pays veut se rénover, sont celles du marché".

- le Nouveau Parti Socialiste Italien ( de compromission en manque total de clarté politique, voilà cette couche d’élus tentant de rénover la droite)

- l’Alternative Sociale néofasciste d’Alessandra Mussolini (petite fille du Duce), liée à la Maison des Libertés par un accord électoral en bonne et due forme.

- le Parti républicain

- la Ligue du Nord, xénophobe, favorble à une division de l’Italie en trois grandes macro-régions (Nord, centre, Sud). un "Parlement du Nord" et un " Gouvernement du Nord" sont déjà en place. La Ligue représente surtout l’intérêt d’une partie du patronat et professions libérales du Nord qui veulent moins payer d’impôts à l’Etat italien.

- l’union démocrate-chrétienne, héritière des courants conservateurs intégristes de l’ancienne démocratie chrétienne.

La vie politique italienne a toujours été marquée par une crise institutionnelle qui s’explique essentiellement par le fait que ce pays capitaliste avancé n’a pas connu de révolution bourgeoise contrairement à l’Angleterre, Pays Bas, France, USA... Des formes et forces sociales héritées de la féodalité voisinent avec un capitalisme avancé (en particulier dans le Nord).

Le fascisme mussolinien a donné une réponse autoritaire à cette crise institutionnelle.

Le fascisme naît en Italie comme agent du patronat et de la droite libérale

En 1945, la Libération aurait pu permettre la mise en place d’un Etat s’appuyant sur une vie politique plus démocratique. Cela n’a pas eu lieu parce que les USA et leurs alliés n’ont pas voulu prendre le risque d’un poids important du mouvement ouvrier et du Parti Communiste. Ils ont préféré par exemple traiter avec la mafia comme force contre-révolutionnaire pouvant être utile plutôt que de l’éradiquer.

Une constitution a été installée, fondée sur le rôle des partis, essentiellement la Démocratie chrétienne.

Dans les années 1968, la puissance du mouvement social et démocratique a mis à nouveau en danger ce compromis libéral post-fasciste. Les USA et leurs alliés libéraux italiens ont immédiatement adopté une stratégie de tension rappelant celle des années 1920.

Gladio : la guerre secrète des États-Unis pour subvertir la démocratie italienne

12 décembre 1969 : Attentat de Milan. Quand la justice et la police initient et protègent les attentats assassins néofascistes

12 mai 1977, l’assassinat de Giorgiana Masi, 19 ans, par la police italienne

Pourquoi le pouvoir italien a lâché Aldo Moro, exécuté en 1978 ?

2 août 1980 La bombe de Bologne (placée par l’extrême droite), provoque un massacre dont l’Etat et tous les médias rendent responsables les Brigades rouges

La corruption de ces partis fut telle que l’opération "Manu Pulite" par la justice parut donner un coup fatal à cette expérience. Apparut alors Berlusconi et avec lui :

- un "Etat" fondé seulement sur la protection des intérêts des puissants, quitte à massacrer si nécessaire la moindre grève lycéenne

Face aux grèves scolaires : Interview de l’ancien président italien Francesco Cossiga, homme expérimenté dans l’utilisation de la police contre le mouvement social

- l’alliance politique privilégiée Libéraux Postfascistes

Des sénateurs du parti de Berlusconi veulent réautoriser le parti fasciste

"Mussolini a fait de bonnes choses" (Berlusconi lors de la journée de l’holocauste)

- les "écomafias" et leurs 169 clans réalisant des profits juteux sur la collecte et le retraitement des déchets, sans la moindre prise en compte de l’environnement.

- les constructions immobilières sans permis et sans respect encore de l’environnement

- le trafic d’animaux (vol de chevaux, vente illégale d’animaux protégés...) et surtout d’oeuvre d’art. En 2003, 18453 oeuvres d’art italiennes ont été volées dont 3000 considérées comme exceptionnelles.

La défaite, ce soir, de Berlusconi et de ses alliés serait une excellente nouvelle. Nous apprendrions probablement vite des opérations frauduleuses du même type que la Parmalat ; l’ancien directeur financier de ce groupe a raconté la fabrication de faux en tous genres et le montage d’opérations fictives aux îles caïman ou dans les Maldives. Calisto Tanzi, avait détourné 800 millions d’euros pour lui tout seul ; on parle de 11 millirds d’euros d’impact fiancier pour l’ensemble de Parmalat.

Mais l’extrême droite veille, pour prendre la direction de la droite.

La gauche saura-t-elle donner des réponses aux nombreuses crises de la société italienne ? Il faudrait pour cela commencer par construire une véritable force anticapitaliste unie et unitaire, apte à éviter la désespérance du peuple italien devant la corruption des partis politiciens, devant la stratégie social-libérale du Parti Démocrate... Nous en sommes encore loin, malheureusement.

Jacques Serieys


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