Conférence internationale sur les changements climatiques (1) Nous nous sommes condamnés pour 1000 ans

dimanche 4 février 2007.
 

La conférence sur l’évolution du climat s’est close hier à Paris sur un constat : nous sommes, à 90%, responsables de ce qui nous arrive.

L’étau se resserre sur le coupable. "Très probablement", c’est-à-dire à 90%, l’homme est responsable du réchauffement climatique que nous vivons depuis le début de l’ère industrielle et de son accélération ces vingt dernières années. C’est aussi lui (nous) qui avons grippé la machine de telle sorte que les 100 prochaines années seront encore plus chaudes. Et que nous devrions même en prendre pour 1000 ans. Le verdict des experts scientifiques du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), rendu hier à Paris, s’annonçait sans appel. Il l’est.

Le quatrième rapport du Giec - le précédent date de 2001 - c’est d’abord des chiffres et des estimations de probabilités. Décodés, ils permettent de donner quelques exemples régionaux de ce qui nous attend d’ici à la fin du siècle. Prévisions entre "probablement" (66% de chances) et "très probablement" (90%), comme le veut le langage diplomatique.

- Océans. La hausse des températures a pour effet de dilater la masse d’eau et de provoquer une légère hausse du niveau des océans, environ 50 centimètres. Plus spectaculaire est l’effet de la fonte des glaces arctiques qui entraînerait une élévation du niveau des mers jusqu’à 7 mètres. Concrètement, la côte du nord de l’Europe, de Calais à Hambourg, l’Ouest (jusqu’à Cambridge) et le sud de la Grande-Bretagne, Venise et sa région (de Rimini à Trieste), La Rochelle et ses alentours se trouvent sous l’eau. Les Pays-Bas sont quasi engloutis et l’essentiel du pourtour méditerranéen et des côtes Atlantiques ont les pieds dans l’eau.

- Glaces et neiges. C’est l’hémorragie. En particulier dans les régions alpines. Le recul des glaciers est aujourd’hui une réalité, il se poursuivra demain. Il s’en suit un effet boule-de-neige sur le réseau hydrologique et notre principale ressource énergétique. Au niveau saisonnier, la neige fond plus tôt, les rivières sont alimentées en eau plus tôt dans la saison, les barrages se remplissent non plus juste avant le pic automnal comme aujourd’hui mais durant l’été.

- Les précipitations. Elles augmenteront chez les uns et baisseront chez les autres. Les autres, c’est nous : une diminution d’au moins 10% au-dessus de l’Atlantique, sur l’Europe, jusqu’à Moscou et l’Est de la côte nord-américaine. Les variations se traduiront sous forme saisonnière : environ 15% de précipitations supplémentaires en hiver et de 25 à 30% de moins en été. Selon Swiss Re, les dégâts causés par les tempêtes hivernales vont quadrupler. En outre, la disponibilité en eau se réduira. Autour de 4250 m³ par Français par an en 2000. Nos voisins devront se contenter d’un peu moins de 2500 m³/an, en 2050 déjà.

- La désertification. Conséquences de la baisse de précipitations. Toutes les régions de la planète ne subissent pas la même hausse du mercure. En 2080, les rendements agricoles devraient augmenter de 10% chez nous (par rapport à 1980). Ils connaîtront une baisse de 30 à 40% au niveau de l’Amérique centrale, du Moyen-Orient, de l’Inde et de 10% à 20% au sud de ces régions.

- La température. Elle atteint aujourd’hui 14 degrés sur la planète, en moyenne. Elle pourrait grimper de 1,8 à 4 degrés d’ici à la fin du siècle. Cela se traduit par exemple pour la ville de Bâle par 12 jours par an avec un mercure à plus de 35 degrés. Contre un en moyenne dans les années 90.

Le deuxième volet du rapport 2007 du GIEC, attendu en avril, traitera spécifiquement des impacts du réchauffement climatique.

de Anne-Muriel Brouet


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