Le coprésident du Parti de gauche a rendu visite aux ouvriers de PSA, en grève depuis dix semaines. L’occasion aussi de se démarquer des propos d’Arnaud Montebourg.
« Tenez m’sieur, ça va vous réchauffer », lance un ouvrier de PSA à Jean-Luc Mélenchon en lui tendant un café, comme en remerciement de sa venue sur le site d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Hier, le coprésident du Parti de gauche s’est rendu sur place pour soutenir les grévistes. Chacun cherche à le prendre à part pour lui confier quelque inquiétude ou exaspération. L’un se lance : « Montebourg prône le ‘‘made in France’’. On s’est dit ‘‘il viendra’’, mais non ! » Un autre approche. « On nous a coupé l’électricité et le gaz dans le local pour nous dissuader de continuer. » Jean-Luc Mélenchon, affligé : « Je suis là pour donner un coup de main, vous dire que vous n’êtes pas seuls. »
Toute fraîche du matin même, la déclaration d’Arnaud Montebourg, au micro de France Inter, critiquant l’engagement politique de Jean-Pierre Mercier à Lutte ouvrière, également délégué syndical de la CGT, fait bondir l’ex-candidat à la présidentielle : « J’espère que c’est la colère qui l’a fait parler et qu’il va s’excuser. Dans les syndicats, ce n’est pas l’étiquette qui fait l’engagement. » Et le concerné, présent, d’ajouter : « Surtout que tu ne le verras pas critiquer la famille Dassault dont deux font de la politique en même temps que des affaires. »
Plus tard, micro en main, face aux ouvriers, Jean-Luc Mélenchon s’est demandé : « Pourquoi une reconversion pour PSA Aulnay ? On aura toujours besoin des automobiles. Ils se coupent du futur. On parle des constructeurs allemands mais rappelons qu’on est plus productifs qu’eux. » L’entendent-ils du côté du gouvernement ? « Ils nous refusent la nomination d’un médiateur. Les négociations sont fermées ! » interpelle un gréviste, gilet jaune sur le dos. « Ce n’est pourtant pas une demande exorbitante », se désole l’interlocuteur. « Oui, mais la famille Peugeot dit ‘‘non’’ à Montebourg. Et lui obéit, s’emporte un autre. Ça fait deux mois qu’on est là. Les collègues ont des familles, des bouches à nourrir ! » Et comme pour y répondre, Jean-Luc Mélenchon, avant de repartir, a remis aux ouvriers une enveloppe remplie de chèques de la part des militants. « Ça permettra à certains de se faire une paie pour le mois de mars », remercie Jean-Pierre Mercier.
PSA divise pour moins payer
Drôles de manières dans le groupe PSA : pour fabriquer 177 000 bras de direction du nouvel utilitaire Citroën qui doit être assemblé sur le site Sevelnord, le constructeur a mis en concurrence plusieurs unités, dont sa propre fonderie (2 100 salariés) à Charleville-Mézières (Ardennes)… Et, en bout de course, c’est un équipementier suisse qui a emporté le marché. La CGT de la fonderie PSA de Charleville dénonce un choix « contre nature » : « Il n’y a plus aucune logique du groupe, observe François Cazeaux, le délégué syndical CGT, dans l’Ardennais. On demande à Charleville de répondre au marché simplement pour faire baisser le prix de la concurrence. » De son côté, alors que le syndicat évoque des menaces sur une soixantaine d’emplois, la direction tente de rassurer : « Diminuer les effectifs à cause de ce marché perdu, ce n’est pas du tout d’actualité. »
Audrey Loussouarn
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