Mariage pour tous, exemple d’appui sur un mouvement populaire pour réussir le changement

jeudi 21 février 2013.
 

Que représente pour vous le vote de ce projet par l’Assemblée nationale  ?

Marie-George Buffet. C’est une belle avancée humaine. Contrairement à tous les discours sur la loi de la nature prônés par les conservateurs, la France va franchir une étape nouvelle dans l’égal accès de toutes et tous aux droits garantis par la République. C’est, pour moi, un moment équivalent à la loi Badinter (abolition de la peine de mort en 1981) ou la loi Veil (droit à l’avortement en 1975). C’est un moment de grande fierté et de grande émotion.

Vous vous êtes très investie en faveur de cette loi, pourquoi  ?

Marie-George Buffet. Je voulais porter un combat mené depuis des décennies par les homosexuels. Des hommes ou des femmes qui, après avoir gagné, en 1981, ce n’est pas si loin, de ne plus être criminalisés, gagnent aujourd’hui celui d’être admis en tant que tels dans la société. Je ne sais pas combien de couples homosexuels se marieront. Mais, au travers du mariage, c’est la reconnaissance que ces hommes et ces femmes sont, à part égale de tous, des enfants de la République. Le combat des communistes sur la question du féminisme et contre la discrimination a été marqué par des tourments et de très belles luttes. Il fut un temps où nous pensions que le social devait prédominer sur le sociétal. Expliquant même qu’avec le changement de société, ces problèmes se résoudraient d’eux-mêmes. On sait bien que ce n’est pas vrai. Les droits des femmes, comme ceux des homosexuels, se heurtent, à l’origine, à une forme de domination qui va au-delà de celle du capitalisme, c’est celle de la domination patriarcale. Placer au même niveau les questions sociales et sociétales, c’est, de la part du PCF, faire œuvre émancipatrice.

La gauche est rassemblée sur ce texte. Pourrait-elle l’être sur d’autres  ?

Marie-George Buffet. Je l’espère. Avec cette loi, nous nous sommes trouvés devant un bloc conservateur nous expliquant que le mariage était fait pour un homme dominant et une femme chargée de procréer pour assurer la filiation. La gauche a, sur ces valeurs, porté un projet faisant progresser l’égalité pour tous. Même si certains de nos amendements, comme sur la PMA qui, j’espère, reviendra plus tard, n’ont pas été retenus, la gauche a été en osmose. J’aimerais que sur les questions des licenciements, des droits nouveaux pour les salariés, du respect du Code du travail, la gauche ait le même discours révolutionnaire que sur le mariage pour tous. Qu’un Montebourg (ministre du Redressement productif) ou un Sapin (ministre du Travail) fassent preuve d’autant de courage que Christiane Taubira dans la défense des valeurs de gauche, et la gauche serait réunie. Je ne rêve que de ça, un gouvernement de gauche prenant appui sur un mouvement populaire portant de grandes réformes sociales et sociétales pour réussir le changement. Or, sur la réforme bancaire comme sur l’avant-projet de transcription de l’accord sur la flexibilité du travail, la gauche n’est plus la gauche mais le porte-voix du Medef. Cette médiocrité, ce manque de courage font que la gauche est désunie alors que, ponctuellement, le gouvernement fait preuve de courage avec cette loi.

La droite mène-t-elle sur cette question un combat d’arrière-garde  ?

Marie-George Buffet. Oui. Ce sera comme sur la peine de mort, l’IVG ou le pacs… Malgré le conservatisme de la droite, la société prendra le pas et donnera à voir qu’elle est apaisée dans sa diversité. Dans peu de temps, la plupart des mairies célébreront un mariage homosexuel. Cela apparaîtra normal, banal.

Entretien réalisé par Max Staat


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