Gouvernement Ayrault : la pauvreté galope à l’avant-garde du recul d’ensemble

samedi 9 février 2013.
 

Le député PS Cambadélis se plaint que nous ne soyons jamais contents. Il va être satisfait : j’ai noté une annonce gouvernementale positive dans la semaine. L’allocation équivalent retraite (AER), supprimée en 2011 par la droite, va être remplacée par une prestation du même montant. Il s’agit d’une aide aux chômeurs âgés en fin de droit, jusqu’à leur retraite. Notons que les forces sociales ne crient pas bravo. Aucun communiqué enthousiaste. La CGT se dit « prudente » en attente du périmètre retenu et l’association de défense de l’AER parle déjà de mesure « a minima ».

Il faut dire qu’elle bénéficierait à seulement 10 000 personnes. Une goutte d’eau face aux 285 000 sans emploi supplémentaires enregistrés en 2012 (dans la catégorie sans aucune activité) et aux 4 917 500 chômeurs recensés par Pôle Emploi. Des chiffres calamiteux malgré le nombre de radiations, exceptionnel et inexpliqué le mois dernier (+25%, soit 46 000 « chômeurs en moins »), ce qui a permis aux médias d’annoncer en boucle la stabilisation du chômage en décembre. Or fin 2011 déjà, 9,1% des chômeurs avait 55 ans et plus, contre 5% en 2000. En 2012, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a connu un nouveau bond de 17%. C’est la conséquence directe, que nous avions annoncée, de la fin de la retraite à 60 ans, malheureusement entérinée par le pouvoir actuel. Cette « réforme structurelle » réclamée à cors et à cris par la Commission européenne est en train de jeter des milliers de personnes au chômage.

Qu’au moins cette terrible statistique rappelle que le chômage est la conséquence de décisions humaines. C’est la collectivité qui paye les plans sociaux décidés par les actionnaires tout puissants de Virgin, PSA, Renault, Arcelor-Mittal, Sanofi ou Gooyear... C’est toute l’économie qui déguste à mesure que les licenciements installent une spirale dépressive qui tire l’activité vers le fond. C’est pourquoi l’accord MEDEF-Ayrault qui facilite notamment les licenciements collectifs met en cause l’intérêt général dont l’Assemblée nationale est la garante. Si elle se contente de l’entériner, qui défendra l’intérêt de la collectivité ?

Cette solidarité qui nous lie face au chômage est d’abord un fait. Déjà, les plus grands « efforts » locaux et les « mérites » individuels ne permettent pas d’échapper à la nasse. Les zones jusqu’ici préservées du chômage de masse connaissent les hausses les plus marquées. Le chômage de longue durée, qui progresse plus vite que la moyenne, n’épargne aucune catégorie. L’indicateur conjoncturel de durée au chômage atteint 385 jours pour les employés… et 422 pour les cadres.

Tous touchés… mais certains plus que d’autres. De 2009 à 2012, le nombre de personnes au chômage depuis plus d’un an a doublé ! La progression moyenne du chômage ne doit pas masquer la hausse exponentielle du chômage de longue durée. De même que la baisse générale du montant des retraites coïncide avec la multiplication encore plus rapide des retraités pauvres. Symptôme du partage inégal des richesses, la pauvreté galope à l’avant-garde du recul d’ensemble. Nous voilà solidaires là encore.

Sarkozy « sera jugé sur le chômage », estimait le candidat Hollande, qui faisait le « constat implacable » d’une « progression considérable » touchant notamment les jeunes, les seniors et les chômeurs de longue durée. Hollande se disant de gauche, nous pourrions à bon droit lui demander plus. Mais Cambadélis nous accuserait de surenchère. Jugeons-le donc sur ce même critère. Alors c’est peu de dire que ça ne va pas dans le bon sens.


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