Au Caire et à Tunis, la colère populaire contre les islamistes

jeudi 13 décembre 2012.
 

A ceux qui expliquaient un peu doctement et avec beaucoup de morgue que les pays des « printemps arabes » devaient nécessairement en passer par une période où les islamistes seraient au pouvoir, viennent de recevoir un démenti cinglant de la part des peuples égyptien et tunisien. Au Caire comme à Tunis et dans les principales de provinces, les manifestations se multiplient.

Elles visent à dénoncer l’attitude de ces islamistes, qu’ils se nomment Frères musulmans ou Ennahda, dont le but premier est d’instaurer leur ordre moral et rigoureux. Une attitude qui se double d’une allégeance sans faille avec l’autre ordre, capitaliste celui-là, où le marchand est roi. Le ressentiment des Egyptiens et des Tunisiens à l’égard de leur pouvoir respectif est alimenté par les espoirs déçus de la révolution face aux difficultés économiques des deux pays et l’impasse politique dans laquelle ils sont plongés, faute d’un compromis sur la future Constitution.

On ne doit pas s’étonner de ce qui se passe. Bien que les médias occidentaux aient fait l’impasse sur les racines des révolutions tunisienne et égyptienne, celles-ci trouvent leur origine dans des mouvements sociaux de grande ampleur que l’on retrouve aujourd’hui. Les jeunes Egyptiens ont ainsi nommé leur organisation « Mouvement du 6 avril », qui ne marque pas la date de la naissance de Facebook mais fait référence aux grèves de 2008, parties de l’industrie textile pour s’étendre à tous les secteurs d’activités. En Tunisie aussi, cette même année 2008 le pouvoir a été ébranlé par la fronde des bassins miniers de Gafsa et Redeyef.

Les islamistes, mieux organisés, profitant du réseau des mosquées et de l’argent des pays du Golfe, avaient su étendre leur popularité malgré la répression. Au lendemain de la chute des despotes – Ben Ali et Moubarak – des élections trop vite organisées leur ont permis de prendre le pouvoir face à des forces laïques et démocratiques, affaiblies par les années de dictature, sans organisation et – malheureusement- divisées. Ils ont cru pouvoir tout se permettre. Le mouvement populaire et social, en Tunisie comme en Egypte, est maintenant sous leurs balcons pour leur dire : « Justice sociale, liberté et démocratie ». Plus qu’un mot d’ordre, une exigence essentielle qui pourrait balayer les Frères musulmans et Ennahda, n’en déplaise aux pays occidentaux qui les ont déjà adoubés !


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