Refuser l’austérité, l’urgence d’une autre politique à gauche

vendredi 7 décembre 2012.
 

François Hollande et Jean Marc Ayrault gagneraient à lire le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie… La droite nous expliquait que la soumission aux exigences des marchés financiers, notamment à travers la réduction drastique des déficits publics et l’accélération des contre-réformes libérales, était la seule politique possible. Les dirigeants socialistes expliquent que la réduction des déficits publics et la mise en place de « réformes structurelles » est une condition pour assurer la souveraineté de la France face à la finance ! Il faut se soumettre pour être libre… Le problème est que l’artifice n’a pas duré longtemps. L’intervention de l’agence de notation Moody’s, à travers la dégradation du triple A attribué à l’économie française, résonne comme une injonction autoritaire à renforcer sans cesse les politiques entièrement au service du capital, à présent imposées au nom de la compétitivité.

C’est un choix politique dangereux et lourd de conséquences qui a été emprunté par le pouvoir en place et qui est bien éloigné des aspirations des électeurs de gauche qui avaient voté François Hollande le 6 mai dernier. Derrière le cap du redressement « à marche forcée », qui a pris la place dans le discours présidentiel du « redressement dans la justice », c’est le choix conscient du gouvernement socialiste d’établir un compromis durable avec le patronat français et les classes dirigeants du pays. Cela s’est concrétisé dans trois décisions emblématiques qui marquent les six premiers mois du quinquennat de Hollande. C’est d’abord le choix de limiter la renégociation du traité Merkozy à l’ajout d’un « pacte de croissance » homéopathique et de poursuivre ainsi la généralisation des politiques austéritaires qui sont imposées en Europe. C’est ensuite le choix de se conformer à l’exigence, absurde économiquement, de respecter les 3% de déficits publics à l’horizon 2017, ce qui a pour seul objet de démontrer la « crédibilité » du gouvernement socialiste vis-à-vis de la finance. C’est enfin le choix d’imposer la question de la compétitivité comme la question centrale de ce début de quinquennat, en confiant au dirigeant patronal Louis Gallois la rédaction d’un rapport qui reprendra les obsessions d’un patronat français agressif et déterminé à imposer par tous les moyens ses intérêts. La décision d’augmenter l’impôt le plus injuste qu’est la TVA, pour financer le crédit d’impôt aux entreprises, constitue de toute évidence aux yeux de l’opinion le symbole de l’absence de volonté de changement de la part du président Hollande, lequel avait affirmé publiquement pendant la campagne le caractère injuste et inefficace d’une telle mesure.

La discussion sur le budget de la Sécurité Sociale et le budget de l’Etat s’inscrit dans cette logique. Même si ces budgets comportent des mesures positives (comme le remboursement à 100% de l’IVG pour toutes les femmes et la pilule gratuite pour les filles de 15 à 18 ans, ou des mesures fiscales qui taxeront un peu plus fortement les revenus du capital), les choix politiques du gouvernement se seront menés sous l’auspice de reculs multiples vis-à-vis des exigences des puissances économiques (depuis l’affaiblissement de l’impact de la taxe à 75% pour les revenus de plus de 1 million d’euros par an, à la reculade honteuse vis-à-vis des « Pigeons ») et du refus de la prise en compte des propositions qui étaient portées par d’autres composantes de la gauche, notamment de la part du Front de Gauche (mais aussi de nombreuses propositions faites par les députés EELV). Cette politique ne répond pas aux besoins sociaux et environnementaux urgents, il est nécessaire de s’y opposer et d’imposer une autre politique qui ose être de gauche. C’est l’objectif du Front de Gauche, dont aucun des députés ou sénateurs ne votera pour le budget proposé par le gouvernement Ayrault, et qui est déterminé à démontrer qu’une autre politique est possible et nécessaire pour la gauche.

Les forces existent dans le pays et à gauche pour une autre politique qui s’en prenne à la finance, impose l’égalité, reconstruise les services publics, préserve les emplois et les salaires, défende une véritable République démocratique et sociale. Ce sont les aspirations qui avaient été exprimées avec force il y a tout juste deux ans, dans le puissant mouvement pour la défense de la retraite à 60 ans, et qui ont permis de chasser Sarkozy le 6 mai 2012. Il faut travailler à remettre en mouvement cette énergie. Le succès de la manifestation du 30 septembre 2012 contre le TSCG à l’appel d’un large front de forces associatives, syndicales et politiques démontre la disponibilité qui existe pour imposer une autre logique et faire en sorte que de véritables changements sociaux et démocratiques deviennent possibles.


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