Traité austéritaire « Un remède qui tue le malade »

lundi 22 octobre 2012.
 

Quelle appréciation portez-vous 
sur le pacte budgétaire européen  ?

Jérôme Guedj. On nous explique que toutes les difficultés européennes viennent des dettes souveraines des États, de leur endettement et de leur déficit excessif. En gros, 
ce serait la faute aux États et aux seuls États. Ce serait 
la faute aux politiques publiques, aux investissements qu’ils font, aux services publics qu’ils mettent en œuvre. Ce traité fait l’impasse sur tout un tas de sujets  : 
la question d’une politique monétaire au service 
de la croissance, donc des missions de la Banque centrale européenne, le rôle des marchés financiers, 
la spéculation financière… Dans le traité, il n’y a pas 
tout ça. François Hollande a obtenu, dans les conclusions du sommet européen, la supervision bancaire, la taxe 
sur les transactions financières ou les fonds européens au service de la croissance. C’est très bien, mais 
ce n’est pas dans le traité.

Le contenu de ce volet sur la croissance n’est-il pas justement contredit par le traité lui-même  ?

Jérôme Guedj. Je suis pour le sérieux budgétaire, mais dans un pragmatisme de gauche, en tenant compte de la situation du pays. Je ne veux pas que le remède tue le malade. Or, ce traité est en effet presque contraire à ce que l’on dit vouloir faire par ailleurs. Par exemple, si on lance des investissements, cela nécessite des services publics en état de marche pour répondre aux besoins que cela suscite. Mais ceux-ci vont être bridés par la règle des déficits structurels, limités à 0,5 % du PIB. Il y a donc une contradiction. Le problème est posé non seulement par des députés PS, mais aussi par des économistes éminents qui ne sont pas les plus virulents, qui ne sont pas que des «  économistes atterrés  », et qui s’interrogent sur un rigorisme budgétaire exagéré quand on se trouve dans une situation de récession. Assainir les finances publiques peut être un objectif légitime, mais si cela se fait au détriment du soutien au pouvoir d’achat, de la lutte contre le chômage et du maintien des services publics, eh bien… on meurt guéri. C’est pourquoi je voterai non à ce traité.

Entretien réalisé par M. S., L’Huma


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