Je fais l’objet d’une vigilance particulière lors de mes passages médias.

samedi 13 octobre 2012.
 

Tant mieux. Europe 1 et France Info se sont donc intéressés de très près à moi après mon passage à France Inter lundi matin. Europe 1 n’y va pas doucement. Le site internet titre : « Le gros mensonge de Mélenchon sur l’espérance de vie des européens ». Vous avez bien lu ? J’ai menti. Je ne me suis pas « trompé », ce qui pourrait arriver après tout quand quatre journalistes parlent en même temps pour vous « poser leurs questions » comme ce matin-là ! Non, ces messieurs les experts le sont non seulement en chiffre mais aussi en cœur humain. Donc j’ai menti. Mais ce n’est pas tout ! Je ne suis pas seulement un menteur mais même un « gros menteur » ! Mais qui est le menteur dans la circonstance ? Jugez vous-même. Voici ce que j’avais affirmé à France Inter : « Je vous signale, monsieur Cohen, pour le cas où cette information ne serait pas venue à l’oreille de vos auditeurs que dans huit pays d’Europe, dans huit pays d’Europe, l’espérance de vie a reculé. Et où en particulier ? En Allemagne, ce qui nous est présenté comme un modèle. Peut-être qu’il serait temps de se rendre compte qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. » Je voulais naturellement parler de l’espérance de vie en bonne santé. D’ailleurs, ces médias y ont également fait référence. Que constate-t-on ? Les chiffres d’Eurostat montrent un recul dans 9 pays en 2010 par rapport à 2009 pour les hommes. Et dans 10 pays pour des femmes ! Je le confesse, je me suis trompé. J’ai sous-estimé la régression pour ce qui concerne les femmes ! Quant à l’Allemagne, elle a reculé de plus de 6 ans entre 2000 et 2008 ! Et que pour ce qui est des plus pauvres, l’espérance de vie tout court, et pas seulement « l’espérance de vie en bonne santé », a bel et bien reculé de 2 ans depuis le début des années 2000. J’en ai déjà parlé sur ce blog. Cette question de l’espérance de vie et de la qualité de vie est un marqueur central du progrès humain. Je profite de cet instant pour vous parler du séminaire "Inégalités de santé, espérance et qualité de vie" que tiendra le PG sur ce sujet sous la houlette de François Delapierre. La première soirée de réflexion aura lieu jeudi 4 octobre à 20h à l’Usine, aux Lilas, à côté de Paris. Elle sera animée par Frédéric Pierru, chargé de recherche au CNRS, sociologue spécialiste des questions de santé publique.

Je reviens à mon sujet. Donc, dans les médias, la mode est à la rubrique "désintox". Déjà, pendant la campagne présidentielle, la chaîne « I>télé » et le site internet « Ovni » vérifiaient les déclarations des principaux candidats. Ça s’appelait le "véritomètre". Le site internet existe encore. Et au terme de la campagne, le verdict est sans appel. Le candidat qui s’est le moins trompé dans les chiffres c’est … moi ! Je suis le seul candidat à dépasser les 60% d’exactitude quand Le Pen, Bayrou et Sarkozy n’atteignent même pas les 50% et que Hollande et Joly tournent autour de 55%.

Pour mettre sa rubrique "désintox" en images, le journal Libération s’est associé à la chaîne de télévision Arte. Manifestement, Libération et Arte sont moins vigilants avec le gouvernement qu’avec d’autres, dont moi. Ainsi, sur les dix dernières vidéos réalisées, une seule concerne le gouvernement. Le gouvernement ne se trompe pas et ne ment pas, voilà la « désintox » subliminale de ces journalistes indépendants, éthiques et d’investigation. Mais il y en a eu une contre moi sur une histoire de détachement de travailleurs étrangers au sein de l’Union européenne. Evidemment c’est une sottise et un coupage de cheveux en quatre. Sur le fond j’ai raison. Mais je m’étonne qu’à part Mediapart, aucun média n’ait relevé les mensonges de Jean-Marc Ayrault dans le débat sur le traité européen. Pourtant, il y avait de quoi faire. Pour notre part, nous en avons identifié au moins cinq. Ils sont présentés dans la rubrique "l’argument du petit courrier" de ce blog. Parmi ces mensonges de Jean-Marc Ayrault, il y en a un sur la règle d’or. Le 2 septembre, le premier ministre affirmait sur France Inter qu’« Il n’y a pas d’inscription dans le marbre, de cette obligation d’équilibre budgétaire ». J’ai déjà montré que c’était faux puisque c’est l’objet de l’article 3 du traité. D’ailleurs Libération a relevé ce mensonge des socialistes. Mais le journal a préféré accuser… Jean-Pierre Bel, le président du Sénat, plutôt que le premier ministre. Un autre mensonge des socialistes et de Jean-Marc Ayrault n’a pas été détecté. Je veux bien sûr parler de la renégociation du traité lui-même. Jean-Marc Ayrault avait affirmé plusieurs fois que « les lignes ont bougé ». Il a fallu plus d’un mois pour que la rédaction de Mediapart l’oblige à reconnaître qu’il n’en est rien et que « d’un point de vue juridique, c’est vrai, c’est le même texte » que celui signé par Nicolas Sarkozy. C’était le 23 septembre. On attend toujours le papier dans Libé et la vidéo avec Arte ! Mais la mentalité de bulletin paroissial a ses raisons que la raison connaît trop bien.

Après mon passage sur France Inter lundi, je note aussi que, si les journalistes de la brigade de la pensée nommée « désintox » font la chasse à mes supposées erreurs, leur corporatisme leur interdit de s’intéresser à celles de leur confrères dans la même émission. Mon échange avec Patrick Cohen sur la question de la dette en est révélateur. Sans que cela fasse réagir aucun de ces experts en mensonges, monsieur Cohen a en effet prétendu que « les économistes ne disent pas que la BCE pourrait prêter sans limite et sans frein aux Etats qui en auraient besoin ». Il s’agissait de disqualifier la référence que je venais de faire aux nombreuses expressions d’économistes contre l’austérité. Et bien Patrick Cohen se trompe. Un très grand nombre d’économistes, dont les plus éminents, disent bien que les Etats devraient se financer directement auprès de la BCE. Et ils critiquent les "freins et limites" actuellement mis à l’endettement public par le traité budgétaire européen. J’en veux pour nouvelle preuve l’appel d’économistes contre ce traité que le Monde a publié mercredi 3 octobre. Il ne s’agit pas de quelques économistes dans un coin mais de 120 enseignants-chercheurs et experts, issus d’une trentaine d’universités et centre de recherche. Et ils écrivent justement que « cette crise est aggravée par l’interdiction qui est faite à la BCE de prêter directement aux États pour des dépenses d’avenir, au contraire des autres banques centrales dans le monde comme la Fédéral réserve américaine ». Ils dénoncent « le refus d’intervention directe de la BCE pour les dépenses nouvelles". Et ils regrettent qu’"elle se contente d’un rachat restrictif des titres de dette sur le marché secondaire ».

Ce n’est pas tout. N’en déplaise à Patrick Cohen, je persiste et signe mon raisonnement concernant l’absurdité comptable de la mesure actuelle de la dette. A l’antenne lundi, ils s’y sont mis à trois pour me contredire, Cohen, Guetta et l’unique auditeur qu’ils ont fait intervenir comme par hasard sous le même angle qu’eux. J’expliquais qu’il est absurde de comparer le total de la dette qui est due sur plus de 7 ans et le flux annuel de richesse créée par le pays. Et j’indiquais que la seule comparaison valable est celle du coût annuel de la dette (47 milliards d’intérêt) avec la richesse annuelle créée. C’est donc 2,5 % de celle-ci dont il est question. Un salarié au smic aurait alors 25 euros de charge de dette par mois ! Un drame stratosphérique on le voit ! Mes contradicteurs ont cru pouvoir faire les malins en me répliquant que le coût annuel de la dette intégrait aussi le remboursement d’une partie du capital emprunté. Or c’est un argument purement rhétorique car ces remboursements annuels ne sont pas imputés sur le budget mais refinancés par de nouveaux emprunts. Sur les 180 milliards d’euros empruntés en 2012 par la France 81 milliards servent à financer le déficit et les 99 autres milliards servent à renouveler les emprunts arrivés à terme. A l’appui de mon raisonnement, j’ajoute que si l’on veut se livrer à des comparaisons sur le stock de dette, le bon sens voudrait qu’on le compare aussi au patrimoine économique total du pays. Il s’élève selon l’INSEE à 12 000 milliards d’euros. Avec cette comparaison d’un stock à un autre stock, la dette représente 16 % du total du capital du pays. Même en me levant à six heures du matin, la tête est meilleure que ne le croient ces messieurs, même en s’y mettant à quatre contre un


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