Toulouse : A 12 ans, tabassé par des agents de sécurité pour avoir volé un Kinder

lundi 15 octobre 2012.
 

Quatre minutes de violence, de multiples coups portés… Un enfant de 12 ans a littéralement été passé à tabac par les vigiles d’un supermarché de l’avenue de Grande-Bretagne à Toulouse pour avoir volé une friandise… un Kinder Bueno. La scène s’est déroulée au printemps mais l’enfant, traumatisé, ne les a révélés aux policiers que très récemment.

Ce jour-là, dans le magasin, sa gourmandise l’a fait céder à la tentation. Attiré par un paquet de Kinder Bueno, le petit décide de s’en emparer et de ressortir avec, sans bourse délier. Il est repéré par la sécurité du magasin et interpellé.

Deux vigiles l’emmènent alors en salle de repos où il s’attend à une petite tape sur la main et une réprimande. Mais les choses dégénèrent. L’enfant reçoit une véritable correction. Les deux hommes le frappent. Il essuie des coups de poing, il est violemment projeté contre un mur mais aussi étranglé sur une table. La scène est très longue. Quatre minutes d’acharnement pour une barre chocolatée.

Excédés par les vols à répétition

Blessé, l’enfant est finalement libéré et rentre chez lui. Le médecin lui prescrit un jour d’interruption temporaire de travail. Plusieurs mois après les faits, sa famille vient de déposer plainte au commissariat du Mirail. Les policiers ont mené l’enquête et auditionné des témoins. L’un d’entre eux, un employé du supermarché, a confirmé les dires de la victime, cassette de vidéosurveillance à l’appui. Un indice crucial.

Deux hommes, âgés de 43 et 45 ans, ont été interpellés et placés en garde à vue. Aux enquêteurs, ils auraient expliqué leur dérapage par les multiples vols à l’étalage quotidiens auxquels ils devaient faire face.

Ils devront s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Toulouse au mois de février. Trahis par la vidéo

L’enregistrement de vidéosurveillance de la salle de repos du magasin montre une scène très longue au cours de laquelle l’enfant est violenté. Son visionnage a choqué un employé du supermarché qui n’a pas hésité à la remettre aux enquêteurs. Confrontés aux images, les deux vigiles mis en cause n’ont pu nier les faits. Ils ont immédiatement reconnu leur implication.

Claire Lagadic

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lunion.presse.fr « Les violences policières n’existent pas » Ludivine BLEUZÉ | lunion.presse.fr | mercredi 12 septembre

VILLERS-COTTERETS (Aisne). Un jeune Cotterézien a été condamné lundi pour dénonciation calomnieuse. Il y a un an, il avait porté plainte pour violence policière.

QUEL sale quart d’heure il a passé ! Au moins aussi marquant que celui du 20 septembre 2011 quand il a été interpellé par les policiers de la Bac de Soissons. Ce jeune Cotterézien a porté plainte après coup pour violence policière. Il se retrouvait à la barre, lundi, pour dénonciation calomnieuse. À n’en pas douter, il se souviendra longtemps de sa comparution devant les juges du tribunal correctionnel de Soissons. Le voilà définitivement vacciné de se mêler des affaires des autres.

« Civil choqué »

Il y a un an, ce jeune homme toujours prêt à rendre service, respectueux et poli - comme en attestent ses proches, ses amis ou encore le président de son club sportif - est témoin d’une interpellation. Les fonctionnaires de police procèdent en effet à un contrôle à la gare routière de Soissons où les incivilités pourrissent le quotidien des conducteurs de cars et des voyageurs. Le contrôle d’un mineur se passe mal, le ton monte. Les policiers l’interpellent. Il est plaqué au sol de manière trop musclée pour que le jeune Cotterézien ne se sente pas l’obligation d’intervenir. Lui aussi finit face contre terre, maîtrisé par les forces de l’ordre.

« Vous vous précipitez à l’extérieur du bus pour porter assistance à ce monsieur », résume sèchement le président du tribunal. Le jeune Cotterézien peine à se défendre face à la dureté du ton : « J’étais un civil choqué. Tout ce que je voulais, c’était leur dire : " Allez-y moins fort, il a seize ans et demi ". Je m’inquiétais pour lui. ». Autant dire que l’expression de « civil choqué » a irrité le juge : « Vous vous sentez habilité à intervenir, à donner aux policiers des conseils techniques ? »

Au sortir de sa garde à vue, le jeune homme s’était plaint d’avoir reçu un coup de boule et d’avoir vu l’un des policiers braquer un Taser sur le front du mineur.

« Il y a une particularité dans ce dossier, lui rappelle le président du tribunal, une jeune fille a filmé toute la scène avec son portable. Quand on compare votre récit et l’exploitation de la vidéo, cela ne correspond pas. » Et d’asséner : « Il n’y a pas plus de Taser qu’autre chose. » Quant au coup de boule… Penaud, le jeune homme murmure qu’il a plutôt été poussé avec le front que frappé de la tête.

Il n’en fallait pas plus pour que s’abattent sur lui les foudres du magistrat. « Il ressort que les violences policières n’existent pas et sont peut-être le fruit de votre comportement ! » Des éclairs dans les yeux, le vice-procureur De Valroger gronde : « Vous êtes minable ! » Pour le parquet, non seulement l’intervention du prévenu « est un véritable trouble à l’ordre public, mais au-delà de cette attitude anti-citoyenne, scandaleuse, on va lancer des accusations mensongères. La procureur a ordonné une enquête approfondie et tous les policiers ont été interrogés à plusieurs reprises. »

« C’est quand même musclé »

Rudy Blanchart, l’avocat du prévenu, nuance et tempère : « Tout part d’un malentendu. Il est intervenu pour quoi faire ? Faire obstruction ? Non, simplement pour leur dire d’y aller moins fort. On est dans une société où on reproche aux gens de se foutre les uns des autres. » Et l’avocat de décrire la personnalité du jeune majeur, qui vient de décrocher son bac avec mention : « C’est une personne sur laquelle on peut compter. » Si pour lui il y a malentendu sur les intentions de son client, il y en a aussi un autre entre les faits et le ressenti du jeune homme. Et quoique les fonctionnaires aient respecté les techniques d’immobilisation enseignées dans les manuels, « c’est quand même musclé. Mon client a eu 5 jours d’ITT » après cette interpellation. Considérant que l’étudiant avait peu de ressources, le parquet, qui avait au préalable requis 120 jours amende à 10 euros, a changé les réquisitions en travail d’intérêt général après la plaidoirie. Le jeune homme a été condamné à 105 heures de travail d’intérêt général. Cette première condamnation figurera à son casier judiciaire. Il devra, malgré ses modestes ressources, verser 1 000 euros à chacun des deux policiers pour le préjudice moral subi.

Ludivine BLEUZÉ

Truks en vrak Accueil du site > 2012 > septembre > Roms : la commune humanité bafouée Roms : la commune humanité bafouée

labandepassante.org | mercredi 12 septembre 2012

jeudi 13 septembre 2012

labandepassante.org

Roms : la commune humanité bafouée | labandepassante.org | mercredi 12 septembre 2012

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Le nouveau gouvernement a choisi la continuité avec l’ancien : la politique d’expulsion des camps de « Roms » étrangers continue de plus belle. Aux mêmes motifs. Avec à peu près les mêmes mots, les mêmes images. Avec les mêmes présupposés et les mêmes conséquences. À commencer par l’ethnicisation de familles issues de lieux et d’histoires multiples, qui ne se reconnaissent pas nécessairement de destin commun, sauf celui auquel on les assigne : le cercle vicieux de la misère et de l’exclusion.

Cela, nous ne voulons, nous ne pouvons pas l’accepter. Il y a deux ans, il importait déjà de se dresser en opposition à la politique de stigmatisation et de persécution menée sous la houlette de Nicolas Sarkozy, dans l’esprit du discours de Grenoble, contre les Roms et les gens du voyage. C’est avec la même détermination que nous nous élevons aujourd’hui contre la politique menée aux dépens des Roms sous la responsabilité du président de la République et de son premier ministre par leur ministre de l’Intérieur.

Manuel Valls renoue en effet avec une rhétorique qui avait mené un de ses prédécesseurs à la présidence de la République, et la République au bord de l’abîme. Or combien sont-ils, ceux qu’on veut expulser ? 12 000 ? 15 000 tout au plus ? Sont-ils à ce point une menace pour l’ordre public qu’il faille impitoyablement les déloger sans solution de rechange ?

Si les nouveaux responsables invoquent autant la sécurité que les anciens, ils revendiquent (à l’instar de François Hollande pendant la campagne) un juste milieu entre « fermeté » et « humanité ». Mais qui peut croire que c’est pour leur bien qu’on détruit le lieu de vie de ces migrants ? En tout cas, pas les premiers intéressés. Car ils l’ont vite compris : si l’on se souciait tant de leur bien être, on ne les abandonnerait pas ensuite à leur sort, en oubliant de les reloger. Ils ne font qu’aller un peu plus loin. S’ils parviennent à se cacher, c’est au risque d’être encore plus abandonnés à eux-mêmes et privés des droits sociaux les plus élémentaires. Déplacer ainsi les gens, c’est bien sûr redoubler leur précarité, et faire obstacle à la scolarisation de leurs enfants.

Certes, Jean-Marc Ayrault préconise la concertation. Mais sur le terrain (faut-il s’en étonner ?), ces engagements ne sont pas respectés. Des centaines de familles se retrouvent dans des situations inextricables. À Lyon comme à Lille ou à Marseille ou en région parisienne, le travail des associations de bénévoles a été ruiné en quelques heures. En Essonne, plusieurs expulsions de bidonvilles ont eu lieu sur arrêtés municipaux, sans solution de relogement réel. Dans de nombreux départements, trop de communes tentent de ne pas scolariser les enfants Roms.

La majorité gouvernementale croit-elle donc qu’en agitant les peurs sécuritaires, elle échappera au reproche de « laxisme » ? C’est tout le contraire : dans ce domaine, elle n’ira jamais assez loin. La droite, en attendant peut-être l’extrême-droite, fera toujours mieux, c’est-à-dire pire. La gauche gouvernementale le paiera donc cher, y compris dans les urnes. En tout cas, les sondages suggèrent déjà qu’elle n’y gagne rien – pas plus qu’hier la droite au pouvoir. Seul le Front national pourra récolter les fruits de cette politique.

En outre, les concessions au populisme identitaire et sécuritaire ne feront pas avancer le pays dans sa mobilisation citoyenne face à la dictature des marchés et aux destructions d’emploi, bien au contraire. S’en prendre aux Roms ne suffira donc nullement à gagner les suffrages populaires. Cela ne peut que diviser, affaiblir là où il faut rassembler, agir. Singer la droite ? C’est décidément un mauvais calcul.

Il ne suffira pas davantage de renvoyer cette réalité migratoire à son origine – en l’occurrence la Roumanie, ainsi que la Bulgarie. Comme dans de nombreux pays de l’Europe de l’Est, la violence ordinaire vis-à-vis des « Tsiganes » se poursuit et risque de s’intensifier à mesure que la situation économique se dégrade. En même temps, la légitimation par l’État français de leur caractère indésirable ne peut que renforcer ce racisme.

Surtout, plutôt que de faire peser cette migration sur les gouvernements nationaux d’origine, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur, il faut faire valoir une responsabilité de l’Union au lieu de mettre en péril l’idéal européen en la réduisant aux politiques néolibérales sans même la caution des droits de l’homme. Bref, il faut que Viviane Reding, commissaire européenne aux Droits fondamentaux, parle haut et fort comme en 2010, et non qu’elle soit réduite au silence face à l’État français.

Nous ne ressentons pas moins d’indignation qu’alors ; en revanche, notre colère est plus grande. Pourquoi changer de Président, sinon pour changer de politique ? Or plus ça change, plus c’est la même chose : les Roms sont encore et toujours pris pour boucs émissaires. Au lieu de jouer à son tour sur les peurs et les ressentiments, ce gouvernement aurait pu faire le pari des valeurs démocratiques : la liberté et l’égalité, pour les Roms aussi. Nous en sommes loin. Après l’éviction de la droite éhontée, on assiste à l’avènement d’une gauche honteuse.

Aujourd’hui, nous voulons donc interpeller la majorité gouvernementale :

Rien ne vous oblige à ce choix. Il est contraire aux principes que vous revendiquez ; pour autant, il n’est pas davantage dans vos intérêts. Votre responsabilité n’en est que plus grande. Nous vous tenons donc comptables aujourd’hui, comme l’histoire vous tiendra comptables demain, de cette banalisation de la xénophobie et du racisme par l’État français, au mépris des leçons du passé et des menaces qui pèsent sur l’avenir.

Claire Lagadic | ladepeche.fr


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