Europe « Organiser une manifestation nationale est une bonne idée »

samedi 15 septembre 2012.
 

Quelles seront les conséquences économiques du traité européen instituant la «  règle d’or  » d’équilibre budgétaire que s’apprête à faire ratifier François Hollande  ?

Jean-Marie Harribey. Si ce traité est ratifié, il nous mène 
à la catastrophe. Le pacte budgétaire va mettre en place trois verrous. D’abord, pour respecter le déficit maximum autorisé, on va comprimer les déficits déjà existants, en réduisant les dépenses publiques et sociales. Le résultat est assuré  : à la récession va s’ajouter la récession. Ensuite, un déficit autorisé de 0,5 % du PIB pour la France ne représente que 10 milliards d’euros par an. Cette marge de manœuvre équivaut à une miette au regard des énormes investissements publics qu’il faut mettre en œuvre pour transformer écologiquement et socialement la société. Pendant des décennies, on aura besoin de beaucoup plus. Enfin, on s’interdit de prévoir les investissements de transition écologique et sociale dont les effets bénéfiques seraient récoltés sur la longue durée. L’obligation d’être à l’équilibre budgétaire interdit quasiment d’emprunter.

En quoi cette interdiction d’emprunter pose-t-elle 
un problème  ?

Jean-Marie Harribey. On emprunte pour préparer l’avenir, pas pour que le bénéfice soit dans l’instant. Avec le traité, les investissements de long terme devront être financés uniquement sur le revenu courant et non par l’emprunt qui permet d’étaler le remboursement sur la durée pendant laquelle les investissements réalisés produisent leurs effets. Cette interdiction du recours au crédit est totalement absurde, sauf à supposer que le capital privé pourra financer ces investissements de transition. C’est une douce illusion quand on sait que, dans sa logique, le libéralisme économique recherche avant tout la rentabilité financière, mais en aucun cas les effets bénéfiques pour la société.

D’un point de vue démocratique, un référendum est-il nécessaire, selon vous  ?

Jean-Marie Harribey. Le Conseil constitutionnel nous a savonné la planche en autorisant François Hollande à se passer d’un changement de la Constitution pour pouvoir ratifier ce traité. Contrairement à sa promesse, Hollande va faire ratifier le traité Merkozy par le Parlement à la majorité simple. On peut faire le pari dès aujourd’hui que leur «  truc  » ne marchera même pas. Dans l’état de catastrophe actuel, ils ne réussiront pas à maintenir les déficits dans une borne aussi étroite que 0,5 % du PIB. Constitutionnellement, il ne reste plus que l’exigence d’un référendum.

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon invite à une marche contre ce traité, le 30 septembre, à Paris. En serez-vous  ?

Jean-Marie Harribey. En clôture de son université d’été, Attac a lancé un appel public à toutes les organisations syndicales et politiques de gauche pour prendre des initiatives communes sur cette affaire de ratification. La position d’Attac sera mienne aussi. Organiser une manifestation nationale est une bonne idée. Toutefois, 
il ne faudrait pas que les initiatives isolées se multiplient, sinon l’objectif de rassembler un maximum de forces unies exigeant un référendum ne sera pas atteint. 
La stratégie du Front de gauche mériterait d’être plus précise. Au-delà du traité, il faut qu’il y ait le maximum d’initiatives à Paris et dans les régions pour imposer 
un débat sur la question européenne.

Entretien réalisé par Guillaume Letourneur


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