Le problème du niveau d’abaissement polémique des médias

jeudi 19 juillet 2012.
 

L’épisode de la diffusion des délires du tueur en série Toulousain en atteste. Le croisement entre le goût morbide du voyeurisme, rebaptisé « devoir d’information », les coups de billard à dix bandes entre officines qui en jouent et les effets pervers de la reprise en boucle nous ont montré une fois de plus jusqu’où peut aller l’irresponsabilité sociale du système médiatique. S’agissant du tueur en série je ne sous-estime pas non plus le coût désastreux de l’exhibitionnisme prétendument religieux de l’assassin, complaisamment relayé par une certaine presse écrite, heureusement encore moins lue en cette période de l’année. Cet épisode répugnant de la vie médiatique ne servira naturellement pas de leçon. Au contraire. La concurrence libre et non faussée dans ce domaine justifiera de nouveaux excès. Dans le cas de l’information politique, cette situation implique gravement la vitalité démocratique de nos sociétés.

D’ailleurs le problème du niveau d’abaissement polémique des médias et de leur inclusion aux avant-postes des dispositifs du combat néo-libéral jusque dans ses formes les plus répugnantes fait l’objet d’une mention particulière de la résolution finale du Foro de São Paulo. Le point six de ce texte pose un diagnostic et ouvre le débat. « …. La droite a lancé une vaste campagne médiatique pilotée à l’échelle internationale par de puissants consortiums de communication. L’attitude de ces derniers constitue un thème récurrent de l’agenda politique régional. Les grandes corporations déploient des plans de déstabilisation et agissent comme des organes de pouvoir plus influents que les gouvernements émanant du suffrage universel. Jour après jour, les grandes entreprises médiatiques défient la démocratie et ses institutions. En conséquence, la démocratisation de la communication représentera sans doute à l’avenir l’un des principaux enjeux pour les pouvoirs de gauche. » Je précise que je ne suis pas l’auteur de ce paragraphe et que je n’ai pas participé à la décision de l’inclure.

Voilà qui rejoint totalement ce que j’ai pu en dire ici tant de fois, après tant d’autres. Le travail d’Acrimed, ou de « Arrêt sur Images » ont maintes fois démontré le caractère grégaire des ritournelles médiatiques. Le livre d’Ignacio Ramonet sur le passage des mass-médias à la masse des médias le décrit si bien. Rien n’est plus propice à la propagation des manipulations que ces bégaiements du mouton médiatique. Comme il est frappant alors de constater combien, trop souvent, on croit qu’il est question d’une affaire personnelle ! Combien de fois nous a-t-on susurré que tout pourrait se régler si nous mettions de l’eau dans notre vin face à tel ou tel des médiacrâtes ou de ses deuxièmes couteaux ! Quelle illusion nombriliste ! Le regard croisé à ce sujet, sur tout un continent, permet de mieux comprendre l’enjeu en prenant la mesure du caractère systématique de l’engagement partisan de l’essentiel des grands réseaux médiatiques. Nous nous souvenons tous avoir vu la sphère médiatique quasi au complet se mettre en chaîne pour matraquer le vote « Oui » à la constitution européenne. Et, depuis cette date, on ne compte plus les campagnes partisanes de cette sorte. Elles sont surtout menées pour soutenir de toutes les façons possibles, du mensonge à l’omission, les plus piteuses palinodies de la scène européenne et accabler par tous les moyens de dénigrement leurs adversaires. On vient d’en avoir une nouvelle démonstration avec le traitement du dernier sommet européen et la pitoyable affaire du pacte de croissance de François Hollande. A notre tour, nous devons prendre en main une campagne sans complexe et sans connivences pour le renouveau et l’émancipation du travail médiatique qui est une tâche de notre Révolution citoyenne. L’épisode de la disqualification professionnelle de six prétendus « journalistes » du « petit Journal » qui n’ont pas eu droit à une carte de presse montre qu’il est payant de tenir bon et de ne pas se laisser faire, contrairement aux recommandations et intimidations qui avaient été faites à l’époque.


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