La politique de François Hollande frappe par sa cohérence. Ce n’est pas la nôtre.

jeudi 19 juillet 2012.
 

Une bonne nouvelle. Finalement, François Hollande a renoncé à sa funeste idée de donner aux accords sociaux la primauté sur la loi et le décret. Il s’est contenté d’annoncer qu’une énième révision constitutionnelle introduira dans la constitution la nécessité du dialogue social. Force restera donc à la loi. Pour les républicains c’est un point essentiel. Central. Pour les partisans du progrès social, aussi ! Car rappelons-le, l’État était présent à la conférence sociale qui vient de se terminer. Chacune des tables-rondes qui la constituaient était présidée par un ministre. Vu le discours libéral dominant qui plaide pour que la puissance publique renonce définitivement à intervenir dans les relations de travail, on finirait par se demander ce qu’ils faisaient là. Est-ce parce que ce sont de bons organisateurs de débats, habiles à minuter le temps de parole et faire accoucher les discussions ? Non. Ou même s’ils l’étaient, ce serait en raison de leur légitimité, issue du suffrage démocratique. Les organisations syndicales et patronales représentent des intérêts particuliers. Plus ou moins bien, mais c’est à leurs mandants d’en juger. Les représentants du gouvernement représentent quant à eux la société, l’intérêt général. Plus ou moins bien également, et là c’est aux citoyens d’en décider. C’est à eux que doit revenir le dernier mot. Ils viennent d’ailleurs de voter pour que cela change.

Or la conférence a commencé sur un élément de continuité déterminant. Dans son discours inaugural Hollande a estimé que l’économie française souffrait d’un problème de coût trop élevé du travail. Dès lors aucune mesure prise ne pourra le renchérir. Tout n’est pas dit dans cette contrainte initiale mais presque. Joignant le geste à la parole, le gouvernement avait déjà décidé le non rattrapage du SMIC bloqué pendant tout le quinquennat Sarkozy, avec ce coup de pouce dérisoire de 0,6 % équivalent à un carambar par jour pour un temps plein. Notons au passage que cette prérogative gouvernementale n’a donné lieu à aucune discussion préalable contrairement à ce qu’avait annoncé le candidat Hollande pour éviter de s’engager sur le sujet. Derrière les proclamations d’effacement, le gouvernement a donc en réalité clairement fixé le cadre du dialogue qui s’engage. Hélas c’est un cadre erroné qui pèse sur les politiques sociales depuis plusieurs décennies. Les gouvernements successifs se sont attachés à réduire le « coût du travail », tous procédant notamment à des exonérations de cotisations, qui atteignent aujourd’hui un montant record mais indiscuté de 170 milliards d’euros par an, trois fois le produit de l’impôt sur les sociétés. On peut constater que ces politiques n’ont créé aucun emploi et n’ont jamais enrayé l’installation d’un chômage de masse permanent ni la désindustrialisation du pays.

En revanche, aucun gouvernement ni aucune majorité ne s’est jamais attaqué depuis plusieurs décennies au coût du capital. C’est lui pourtant qui pourrit la vie de millions de travailleurs mal payés, provoque des suicides dans les entreprises, mine l’investissement. C’est le fléau que l’intérêt général aurait commandé de combattre. C’est en réduisant le prélèvement opéré par les actionnaires et les banques que les pays d’Amérique Latine ont pu se sortir de l’engrenage de crise piloté par le FMI. C’est cela qui aurait donné du grain à moudre aux syndicats de salariés et ouvert de nouveaux horizons de progrès social. Décidément la politique de François Hollande frappe par sa cohérence. Ce n’est pas la nôtre.

Mardi 10 Juillet 2012


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