L’inquiétante "rupture tranquille" de Monsieur Sarkozy : RÉGULER LA SOCIÉTÉ PAR LES RELIGIONS

samedi 20 janvier 2007.
 

La société européen comporte une spécificité bien souvent tue, quoique déjà mise en évidence,dès le début du 20ème siècle, par le sociologue allemand, Max Weber. C’est celle d’un désenchantement progressif du monde, c’est-à-dire de sa laïcisation au fur et à mesure qu’il avance dans la modernité. Les États-nations européens se sont émancipés de l’autorité pontificale - c’est toute l’histoire du gallicanisme en France, de l’anglicanisme en Grande Bretagne ou du Kulturkampf en Allemagne - et les peuples européens éloignés des croyances religieuses.

Ce phénomène s’est traduit en France de deux manières. Tout d’abord,par le choix de la laïcité, l’État n’exerçant aucun pouvoir religieux etles églises aucun pouvoir politique. Ensuite par le recul des pratiques etdes croyancesreligieuses.Les sans religion représentent ainsi 27 % de la population française de plus de 18 ans.Parmi les catholiques,ils ne sont que 12,8% à être pratiquants,c’est-à-dire à fréquenter la messe au moins une fois par mois ; 24,6 % sont des pratiquants occasionnels et 62,6 % ne sont pas pratiquants( 2).

Ce phénomène de recul des pratiques religieuses ne concerne pas seulement la religion catholique. Pour les musulmans,les proportions sont les mêmes selon une enquête réalisée par Sylvain Brouard et Vincent Tiberj(3) : 21 % de pratiquants réguliers contre 79 % de non pratiquants ou de pratiquants épisodiques. Ces données corroborent des enquêtes antérieures etnotamment celle réalisée par Ipsos pour le Figaro en avril 2003 et selon laquelle 44 % des musulmans n’étaient pas pratiquants. Par conséquent,le rapportà l’Islam semble, en France, peu différent du rapport au catholicisme.

C’est pourquoi, les débats sur la laïcité avaient quitté le devant de la scène depuis de nombreuses années. Seule la grande tourmente du débat sur l’école privée les avait temporairement ravivés en 1984. Ils connaissent toutefois depuis quelques années un regain de vigueur avec les interrogations sur la place de l’islam en France et les controverses sur les sectes etles religions émergentes.Et,comme à son habitude,Nicolas Sarkozy y participe avec vigueur, Nicolas Sarkozy ou l’apologiste du modèle communautariste religieux tout à son souci d’apparaître porteur d’un nouveau message.

Et quel message ! Il s’agit ni plus ni moins que de promouvoir en France un nouveau modèle de régulation des problèmes sociaux par les religions dans la plus pure tradition des États- Unis,récemment ravivée par les évangélistes néoconservateurs américains.Ce projet est porteur de très lourds dangers :il implique d’en finir avec notre tradition de séparation des églises et de l’État, il conduit inévitablement à renforcer les sectes qui revendiquentle statutde religion ets’accompagne d’ores etdéjà d’un accroissementde l’influence des intégristes musulmans de l’UOIF.

Rarement, dans notre République un ministre de l’intérieur et des cultes se sera autant intéressé aux affaires religieuses.


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