Hénin Beaumont : Candidature socialiste et trucages pour l’investiture

vendredi 25 mai 2012.
 

A l’heure où les représentants des institutions et les invités personnels du nouveau président assistaient à la cérémonie de passation de pouvoir je vaquais à mes occupations. J’étais sur le marché d’Oignies, dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais. Ce n’est pas par mépris pour ce moment. Certainement pas. J’ai eu l’honneur d’y assister en tant que secrétaire du bureau du Sénat en 2007. Bien sur c’était dans le cadre de mon mandat. Ce n’était pas ma personne l’invitée, mais la fonction que j’exerçais alors. Mais j’en avais été très honoré. D’abord parce que je « viens d’en bas » comme on dit. Ce n’est pas rien que de se trouver là, invité au moment clef du changement au sommet de la pyramide de l’Etat. Mais il y a davantage. Pour moi, comme pour beaucoup de gens, les rites républicains sont pleins de sens et d’une haute portée symbolique. La passation de pouvoir, temps terrible d’une transition difficile mais consentie, achève le temps du pouvoir et de l’autorité publique incertaine qui a cours tant que dure la campagne. Le moment signifie que le dernier mot est celui de la volonté du peuple exprimée par son vote. Nous ne réglons plus les problèmes à coups de bâton comme à d’autres âges de l’histoire, mais avec des bulletins de vote.

Donc j’étais à Oignies, sur le marché ce jour là. Le maire socialiste lui-même est venu m’accueillir sur le marché. Il m’a offert un parapluie de l’agglomération dont il est le président. Pratique. Mais il s’est arrêté de pleuvoir. Bon signe ! Cet homme-là était candidat à l’investiture pour la députation dans le cadre du vote interne des socialistes. Il a été battu. On peut me dire que cela ne me regarde pas. En effet. Le choix des socialistes est leur affaire. Dans le Pas-de-Calais, la fédération pèse très lourdement sur les votes et cela de bien des façons. Faut-il en dire davantage ? Certes cela aussi ce n’est plus mon affaire même si j’ai encore en travers de la gorge maints arrangements dont j’ai fait les frais du temps où je militais au PS et où je croyais à la sincérité des scrutins internes. Mais il se trouve que le Front de Gauche est impliqué par les tricheries du vainqueur de la primaire interne du Parti socialiste. Vous allez voir.

Pour tricher, le vainqueur, monsieur Kemel, maire de Carvin, a truqué les listes électorales. Celles de sa section, cela va de soi. Il y a rajouté de nouveaux adhérents. Les communistes ont eu en main la liste des adhérents électeurs. Un ami qui approche ces mystères la leur a remis. Et là, surprise ! En effet, dans la liste électorale réaménagée par le tricheur figurent plusieurs adhérents communistes. Et aussi quelques morts notoires. Ceux-là aussi sont censés avoir voté, si l’on en croit les listes d’émargement. Les vivants communistes, une fois informés, ont protesté par courrier. Les morts restent sans défense. La fédération socialiste a été saisie de tout cela. Côté des perdants socialistes d’autres anomalies ont aussi été pointées. La fédération socialiste a tout couvert. Les votes communistes et ceux des morts ont été pris en compte dans le résultat. Telle est la façon de faire. Il est vrai que le vaincu était un partisan de Hollande à la primaire et le vainqueur un partisan de Aubry. C’est la raison pour laquelle de façon aussi imprévue Martine Aubry ne s’est pas seulement sentie obligée de soutenir ce Kemel. Après tout on pouvait le comprendre, ils sont membres du même parti. Mais pourquoi m’agresser par-dessus le marché ? Juste pour ça : c’était son pion dans le jeu vénéneux de la fédération du Pas-de-Calais. Cet épisode me fait penser que je vais avoir droit à quelques coups de billard à trois bandes spécialement tortueux. Car l’assaut des nordistes en cours contre l’actuelle équipe dirigeante du Pas-de-Calais en pleine déconfiture soulève toutes sortes d’appétits et donc de luttes de pouvoir aux contours les plus improbables. Comme beaucoup se tiennent par la barbichette sur arrière-plan de chantage mutuel je me demande par où va commencer le pilonnage contre moi qui leur sert de prétexte.

Mais sur le terrain les choses se présentent tout autrement. Les socialistes du rang, les électeurs, ne sont pas du tout convaincus de se laisser impliquer de force dans cette guerre de chefs. Car si, vu de loin, tout ça ne veut rien dire, vu de près, voter pour le candidat socialiste c’est lui faire allégeance et lui donner raison contre les autres. Voter pour donner raison à un tricheur qui fait voter les morts c’est rude. Surtout si c’est pour l’aider à virer Pierre, Paul ou Jacques de tel ou tel syndicat intercommunal ou comité d’agglomération. Bref la candidature du sieur Kemel n’est pas très motivante quand on est de gauche. Surtout quand on voudrait s’occuper plutôt de faire face à madame Le Pen.


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