Hôpital de Saint Affrique : UNE LUTTE EXEMPLAIRE MAIS INACHEVEE

lundi 1er novembre 2004.
 

L’hôpital de Saint-Affrique est en danger. Il y a quelques années est intervenue une fusion "ratée" avec l’hôpital de Millau, pour former le "CHIC" ("Centre Hospitalier Intercommunal" autrement dit "Usine à Gaz") que seul SUD-SANTE avait refusé. Ratée du fait de la politique hospitalière des pouvoirs publics qui consiste à réduire les budgets des hôpitaux publics pour les empécher de fonctionner correctement, tout en distribuant des cadeaux aux cliniques privées, et en concentrant les "efforts" financiers sur de grands pôles hospitaliers régionaux mixtes (public-privé), comme pour tous les autres futurs ex-services-publics.

Cette année, il était question de fermer les services de radiologie, réanimation et chirurgie à Saint-Affrique. Ces fermetures, malgré les protestations hypocrites de l’Agence Régionale Hospitalière (l’administration chargée de liquider les hôpitaux publics), entraînaient "mécaniquement" l’arrêt des urgences et de la maternité, qui n’auraient pu fonctionner correctement.

Contre cette liquidation réglée de l’hôpital, la population du bassin de Saint-Affrique s’est fortement mobilisée. Un ensemble d’associations, partis politiques et syndicats, dont nous, SUD-Solidaires, ont signé un Manifeste (texte ci-joint), et ont participé à la mobilisation.

Le 19 octobre, un référendum a montré la volonté claire de la population de garder son hôpital (18000 votants pour 22000 inscrits sur les listes électorales), une journée ville-morte a suivi le 22 octobre. Cinq personnes ont alors entamé une grève de la faim (un médecin, trois infirmières et un pompier retraité).

Pour soutenir leurs revendications, une action spectaculaire a été organisée : l’occupation du chantier du viaduc. Lundi 27 au petit matin, les manifestants sont entrés sur le chantier et ont bloqué une partie de son activité. Des habitants de tout le Sud-Aveyron se sont relayés nuit et jour pour tenir la place. Malgré la demande de l’entrepreneur, les forces de l’ordre n’ont pas osé intervenir. Cette lutte pour une trop juste cause pouvait risquer de se répandre dans toutes les régions de France où les hôpitaux de proximité sont en cours de fermeture, dans l’ignorance générale.

Le mercredi 29 les grévistes de la faim ont arrêté leur grève, et l’occupation du chantier a été levée. L’ARH a fait une proposition consistant à maintenir la réanimation et la radiologie (déclarant pérenniser ainsi la maternité et les urgences). Par contre, elle ne se prononce pas sur la chirurgie, laissant l’Inspection Générale des Affaires Sanitaires et Sociales décider, avec la condition d’un accord entre public et privé. Et elle ne résoud pas le problème financier : comment donner les moyens à l’hôpital de fonctionner ?

Certains se satisfont des résultats obtenus ; nous - membres du Manifeste - leur répliquons ATTENTION : non seulement il y a de forts risques pour que la chirurgie disparaisse de Saint-Affrique, et que s’amorce ainsi le processus de fermeture progressive ; mais encore, la privatisation de l’hôpital est aussi amorcée. Ainsi, l’argent de nos impôts servira de moins en moins à soigner les malades qui n’en ont pas les moyens malgré des maladies graves. Il servira de plus en plus à permettre à ceux qui en ont pourtant les moyens de compléter le financement de leur chirurgies esthétiques et d’engraisser les actionnaires des déjà-très-cossues entreprises privées de la santé. La réforme programmée de la Sécurité Sociale, qui sera bientôt liquidée au bénéfice des grandes compagnies d’assurances privées complète le tableau. Sinon tout va bien dans le meilleur des mondes. Et rassurez-vous, sans luttes exemplaires et achevées, ce sera pareil pour l’Education.

Sud Millau


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