Pourquoi je vote Mélenchon...

lundi 23 avril 2012.
 

- par Antoine Artous, membre du Bureau politique de la LCR à sa fondation et durant une trentaine d’années

Compte tenu de mon histoire politique, il me semble nécessaire (pour des raisons, disons, de déontologie militante) d’expliquer pourquoi je vais voter Mélenchon et non pas Poutou. Et, sans trop développer, faire quelques commentaires.

1. Lors de la dernière présidentielle, il était déjà nécessaire que soit présente une candidature unitaire, d’une gauche radicale, clairement démarquée du PS et qui cristallise le « non de gauche » au traité européen. La LCR avait porté une part de responsabilité dans son échec. Non seulement cela est à nouveau nécessaire, mais de surcroît je considère que la campagne actuelle de Mélenchon et sa posture politique (et pourtant je ne suis pas un fan des discours républicains) tracent bien le profil d’une gauche radicale. Reste sans doute ouverte la question du rapport au PS, qu’il faudra en tout état de cause discuter sur la base des évolutions concrètes.

Deux remarques sur le passé qui me semblent utiles pour le futur.

2. Dans les débats de la LCR, je me suis toujours opposé à l’autocréation d’un « nouveau parti large » par la Ligue seule. D’autant que se cristallisait dans la Ligue (et cela explique en partie la création du NPA) une double orientation inquiétante :

- a) la croyance que la Ligue pouvait se construire comme alternative directe au PS, à travers de nouvelles générations et sans s’encombrer des courants usés de la « gauche de la gauche » ;

- b) un profil politique combinant un radicalisme mouvementiste (« porte parole de la radicalité des mouvements sociaux ») et un propagandisme anticapitaliste abstrait. Sur ces questions et la phase politique d’alors, je renvoie à un article écrit avec Stathis Kouvélakis sur le bilan de la présidentielle de 2007 [1].

3. Je pensais qu’il fallait marcher sur deux jambes : bataille pour un front de la gauche radicale ; poursuite de la construction de la Ligue comme courant organisé de ce front. Dans ce cadre, le maintien de la Ligue me semblait décisif, comme un élément des équilibres au sein de « la gauche de la gauche », mais plus largement comme outil porteur d’une réelle histoire politique se situant dans la tradition d’un « marxisme révolutionnaire », « communisme révolutionnaire », revisité et actualisé. En effet, dans la phase actuelle et au niveau international, il est très important qu’existent de tels courants.

4. Un front de la gauche radicale a commencé à se mettre en place.

Non seulement sans la Ligue, mais (preuve de sa nécessité) il a fait éclater le NPA.

Pour la deuxième jambe, la question est plus complexe. Du point de vue des rapports de force d’abord, ce qui bien sûr est important pour peser sur l’évolution d’un tel front. Du point de vue politique ensuite, car le passage par le NPA puis l’éclatement de celui-ci ont accentué les brouillages politiques et programmatiques. Le bilan des élections va ouvrir une seconde phase. Toutefois, d’ores et déjà, il est nécessaire, d’une part de se situer dans la dynamique ouverte, en rejoignant le Front de gauche, au minimum en appelant à voter Mélenchon ; et, d’autre part, de voir comment des liens peuvent se nouer entre les courants et individus issus du NPA (ou de l’ex-Ligue) qui se situent dans cette perspective.

Antoine Artous


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