Mélenchon fait un tabac chez les parents d’élèves FCPE

samedi 31 mars 2012.
 

"C’est classe !" le blog de Libération dédié à l’Education revient sur la rencontre entre Jean-Luc Mélenchon et les parents d’élèves de la FCPE, le 17 mars 2012.

Acclamations et bruyants hourrahs pour Jean-Luc Mélenchon, applaudissements chaleureux et quelques sifflets aussi pour François Hollande, accueil sympathique mais sans plus pour Eval Joly, sifflements et broncas pour Claude Goasguen... A l’applaudimètre, Jean-Luc Mélenchon est sorti largement vainqueur des six candidats - ou de leurs représentants - à la présidentielle qui se présentaient devant la FCPE, la première fédération de parents d’élèves classée à gauche.

Ce samedi, la FCPE organisait à Paris une journée d’interpellations des candidats à partir de douze questions. Dans une salle de La Bellevilloise, à deux pas de la place Gambetta, Philippe Poutou (NPA), Eva Joly (EELV), Claude Goasguen (UMP), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), François Hollande (PS) et Jacqueline Gourault (Modem) ont ainsi eu chacun 50 minutes pour s’exprimer : 40 minutes pour répondre aux questions de la salle, puis 10 minutes pour parler librement.

La FCPE étant classée à gauche, on s’attendait à ce que le député Claude Goasguen, inspecteur général de l’Education nationale, soit brocardé. Ce qui n’a pas raté. Mais Mélenchon a créé la surprise en faisant apparaître Hollande qui lui succédait à la tribune comme un brin timoré sur le sujet.

Comment expliquer le succès du candidat du Front de gauche ? D’abord, il y a le talent oratoire, l’art de la formule, celui d’emporter les rires et de retourner les salles. "Le vrai débat dans les cantines scolaires, ce n’est pas le halal mais les frites molles et les frites dures !", a-t-il lancé, très acclamé.

Sur le collège unique où il était attendu, ayant une position plutôt ambigue, il s’en est encore bien sorti. "Dans le collège unique, il n’y a guère que le bâtiment qui est unique !", a-t-il asséné, allusion aux filières et options rares où se regroupent les meilleurs élèves, créant ainsi une hiérarchie déguisée - comme le latin-grec, l’allemand, les classes européennes, etc.

Sur le fond, il n’a pourtant pas brillé par sa clarté. On a d’abord compris qu’il n’était pas pour le collège unique, puis qu’il était quand même pour tant qu’on n’a pas trouvé mieux, enfin, qu’il n’était pas contre comme Nicolas Sarkozy qui, lui, veut le détruire. Cela a donné : "je ne l’âcherai pas le collège unique, mais si on trouve une meilleure solution"...

Pour expliquer son succès, il faut aussi compter avec sa façon d’asséner des vérités et de brandir des soutions présentées comme simples à réaliser dès lors qu’on en a la volonté.

"Il faut étendre la laïcité et les bienfaits de la loi 1905 à tout le territoire, et en finir avec le régime de Concordat en Alsace Moselle, a-t-il déclaré devant un public conquis d’avance, ça prend 5 minutes, c’est un décret".

Idem pour accorder un vrai statut aux parents d’élèves - une des 12 questions posées par la FCPE : là encore, "c’est un décret" - comprenez, ça se fait en un clin d’oeil.

L’ancien ministre de l’Enseignement professionnel (2000-2002) s’est aussi prononcé pour des classes de 4ème et de 3ème technos - dans un collège qui ne serait donc plus tout à fait unique -, pour le retour à la carte scolaire d’antan - "elle présentait mons d’inconvénients que la fin de la carte scolaire" décidée par Nicolas Sarkozy (en réalité, il ne s’agit que d’un assouplissement) -, et pour une scolarisation obligatoire de 3 ans à 18 ans.

Enfin, pour en finir avec "la marchandisation des savoirs en cours", le candidat du Front de gauche a prôné "la révolution citoyenne et des états généraux sur l’école, sur le mode des états généraux de la recherche organisés par Jean-Pierre Chevènement".

Lui succédant, François Hollande est apparu un brin falot. Pas de formule à l’emporte pièces ni de solution carrée ... Le candidat socialiste dit qu’il veut promettre ce qu’il pourra tenir - et il a déjà promis de créer 60 000 postes -, et qu’il ne veut rien décider sans consulter "les acteurs" - comme les syndicats, ces "corps intermédiaires" honnis par Sarkozy.

Ses réponses sont dès lors souvent mi-chèvre mi-chou. Est-il pour la suppression des notes ? Plutôt non, mais il faudra changer la façon d’évaluer les élèves. Pour celle des devoirs ? En partie, mais il faudra toujours en faire un peu à la maison. Pour celle des redoublements ? Oui et non, il prèfere les limiter ...

Jusqu’au faux pas. Interrogé sur la suppression des évaluations qui se sont multipliées en primaire, François Hollande répond : "on en discutera avec les enseignants". "Ouh ! ouh !, proteste alors la salle, et les parents alors ?". "Euh oui, bien sûr, avec les parents aussi", se reprend-il, souriant et un peu penaud.


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