BAYROU DE SECOURS

mercredi 14 mars 2012.
 

Jeudi 8 mars 2012, François Bayrou était l’invité de David Pujadas pour l’émission Des Paroles et des actes.

Que révèle dans cette campagne l’omni-présence télévisuelle des visions politiques d’un homme du siècle passé ? Que le pouvoir est en place, et que les médias sont là, comme autant de coussins d’amortissements aux chocs des sociétés. M. Bayrou en est sûrement un de ses plus épais air-bags.

Au lendemain des deux heures trente de l’émission de France 2, “Des Paroles et des actes” avec François Bayrou on se dit que de toute évidence -à voir son artificiel crédit de 14% d’intention de vote sans faire d’efforts, Bayrou est l’auxiliaire éligible des consortiums privés de fabrication de l’opinion, qu’on appelle tantôt Instituts de sondage, tantôt Agences de notations.

Soi-disant opposé à Manuel Valls au milieu d’une émission pleine de bons sentiments, tellement que mon écran en dégoulinait, François Bayrou eut bien du mal à masquer la girouette perpétuelle qu’il est depuis trente ans de présence à droite. De son coté, son adversaire d’un soir, ami de toujours, le dit socialiste eut peine à faire avouer à Bayrou (pourquoi d’ailleurs) qu’il est un homme de cette “Seconde Gauche” chère à Michel Rocard, cette gauche européiste béate, cette social-démocratie qui fit tant de mal en Allemagne, en Italie ; et en Amérique du Sud à toute la gauche socialiste qu’elle a absorbée et disqualifiée en trompant les électeurs sur ses objectifs. Jusqu’à se faire renverser.

Face à un opposant politique réel, François Bayrou aurait eu sans doute plus de difficultés face à son bilan droitier. Mais les chiens de garde du temple néo-libéral étaient là pour ne pas l’exposer trop durement, lui qui fait d’emblée partie du carré de tête qu’on présente au JT,tantôt léche-cul, tantôt faux-cul, garant de l’alternance euro-libérale qu’elle soit de droite ou dite de gauche. Mais nous allons nous en charger.

D’abord, le Giscard des temps modernes a le don de s’attribuer les mérites de projets qui sont déjà dans les tuyaux ou mieux, déjà en place.

Par exemple, le sieur Bayrou se fait fort d’imposer la règle d’Or. Il est parfaitement dans la ligne autoritaire de l’austérité décidée à Bruxelles pour rassurer les marchés financiers puisque ce serait le seul horizon possible… Mais c’est pour ne pas choquer ses ouailles qu’il omet de dire que cette règle d’or budgétaire vient d’être adoptée, de fait, par le Mécanisme Européen de Stabilité et au Traité sur la Gouvernance passés sous silence et adoptés dernièrement par les deux Chambres, grâce -il est vrai- à l’abstention massive du Parti dit socialiste sur ce vote.

Contempteur de l’Europe assommante d’aujourd’hui, les coups d’état supra-nationaux de Bruxelles ne dérangent guère M. Bayrou.

Il avait appelé à voter OUI en 2005, et c’est aujourd’hui un digne représentant de la bourgeoisie satisfaite qui se presse à ses petits meetings. Mais il l’a montré lors cette émission d’un ennui mortifère, les transferts de souveraineté dans sa bouche sont rebaptisés “des gains de cohérence”, dans sa novlangue pudibonde, voire bon-dieu-sarde. Puis, dans une sortie qui ose le gros mot : “Le clivage Droite/Gauche est une stupidité”, alors que nous devrions tous plutôt redouter l’abstention, due au sentiment de l’absence de clivage politique clair, abstentions massives que ce flou politique là a provoqué dans toute l’Europe. Mais dans sa bouche c’est plus simple, la ligne de démarcation qui le sépare du P.S majoritaire est une stupidité, nous en serons d’accord.

S’intronisant apôtre d’un gouvernement européen, et bien sûr zélote de la discipline budgétaire il sort son martinet : “Quand les citoyens connaîtront leurs dirigeants, ils pourront mieux s’en plaindre”. On ne peut que lui donner raison : ils mettront enfin un visage sur celui donne le fouet.

Et donc, il va comme un costume neuf à cet homme de regretter la disparition des services d’urgence ruraux, quand celui-ci avait voté pour la privatisation de La Poste en 2005, pourles directives européennes sur le Gaz et l’électricité, pour la Révision Générale des Politiques Publiques… Toute cette casse de services que ces gens là détestent lorsqu’ils sont garantis d’une continuité par la puissance publique, mais dont ils plaignent la détérioration une fois que les investisseurs compriment le personnel ou précarisent le travail. Le faux-cul de la droite française, c’est magnifiquement Bayrou, avec un seul sésame aux lèvres : la modernité. Pitoyable.

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