Elections législatives en Italie (revue de presse)

jeudi 6 avril 2006.
 

1) Arnold Cassola, candidat des Verts pour les législatives italiennes du 9 avril était hier à Metz. Pour inciter les Italiens de Lorraine à se prononcer.

Les mains s’animent, le rythme de la voix s’accélère, et voilà Arnold Cassola, parti. Impayable quand il imite Silvio Berlusconi dans ses grands moments. On le voit là, Sua Emittenza, impeccable dans son costume gris anthracite, visage refait à neuf et maquillé, cheveu gominé qui soupire "moi je suis comme Jésus-Christ, je dois me sacrifier pour mes concitoyens" ou s’exclame : "personne n’a fait mieux que moi. Sauf Napoléon Bonaparte. Mais je suis plus grand que lui". Car, commente Arnold Cassola : "il fait toujours un complexe de sa taille". Pour le reste, la plus grosse fortune d’Italie qui a débuté en chansons, guitare à la main sur des bateaux de croisière, avant de devenir capitaine d’industrie et président du Conseil, n’a peur de rien.

Intarissable là encore Arnold Cassola, pour raconter comment le Condottiere a fait voter des lois sur mesure par un parlement godillot. "Rien que l’abolition des taxes sur l’héritage fera épargner 40 millions d’euros à sa famille, car depuis son élection en 1994 il a multiplié son capital par sept", souligne Arnold Cassola.

Secrétaire général du parti Vert européen, et prof d’université, l’homme au français impeccable est candidat pour les Italiens d’Europe aux élections législatives d’avril prochain. Il est sur la liste "L’unione" de centre-gauche menée par Romano Prodi, ancien président de la commission européenne. Hier Cassola était à Metz pour sa campagne auprès des Italiens de Lorraine, auxquels il dit simplement : "l’Italie a besoin de changement".

"Faccia di mortadella"

Du bilan Berlusconi, il cite la croissance réduite à néant, une dette publique en hausse de 105%, 10 millions d’Italiens sous le seuil de pauvreté, une plus grande précarisation de l’emploi. "Prodi saura faire tourner l’économie, il propose une Italie plus sérieuse, plus crédible, acteur et moteur de l’Europe. Berlusconi est un danger pour les démocraties européennes, s’il est réélu, cela renforcera toutes les extrêmes droites, d’où l’importance de son éviction", souligne Arnold Cassola. Conscient cependant que la partie n’est pas gagnée d’avance. "Berlusconi est un séducteur. Parti de rien, il a maintenant le succès, l’argent, les femmes et la tchatche". Quand Prodi est un peu comme l’austère qui se marre. Les Italiens l’ont surnommé "faccia di mortadella". Gueule de mortadelle. A l’issue des primaires qui ont vu 4,3 millions d’Italiens se déplacer, et qu’il a remportées haut la main, une énorme mortadelle a remplacé le gâteau de fête. Prodi a beaucoup ri.

Antonella KREBS

2) TRANSALPINO - Citizen Berlusconi, un livre fondamental

A quelques semaines des législatives du 9 avril, où le chef du gouvernement sortant Silvio Berlusconi jouera son va-tout, voici une lecture indispensable pour saisir les tenants et les aboutissants d’une campagne électorale extraordinairement longue et exacerbée.

Alexander Stille, journaliste et auteur italo-américain installé à New York et professeur de journalisme à l’université Columbia, porte depuis toujours un regard lucide sur l’Italie.

Le livre qui retrace "la vie et les œuvres" de Silvio Berlusconi contient une analyse intéressante de l’utilisation sans scrupules que le Cavaliere a faite des médias, de ses amis et de ses collaborateurs pour obtenir et conserver le pouvoir, ainsi qu’une description minutieuse - et rare - de la dégradation des mœurs politiques et de la morale publique italienne au cours de la dernière décennie. De même, Stille constate le profit qu’a su tirer Berlusconi des techniques de marketing et de communication politique importées des Etats-Unis, et établit un parallèle entre les campagnes électorales du Cavaliere et celles des républicains américains.

Toutes choses auxquelles la majorité des Italiens - et une grande partie de la classe politique - semble s’être habituée.

Gian Paolo Accardo

3) Berlusconi "Prends l’oseille et tire-toi"

Ce sont de nouveaux éléments qui pourraient coûter cher à Silvio Berlusconi. D’après le quotidien italien Corriere della Sera de jeudi la justice italienne a recueilli plusieurs témoignages à charge contre le chef du gouvernement. Le Premier ministre de la péninsule est soupçonné d’évasion fiscale et d’abus de biens sociaux dans une affaire d’achats de droits cinématographiques.

Parmi les différents témoignages, celui du Britannique David Mills, homme de loi de Silvio Berlusconi pendant plusieurs années et mari de la ministre britannique de la Culture Tessa Jowell. Il a révélé jeudi dans le quotidien Guardian qu’il pourrait comparaître en justice en Italie avec le chef du gouvernement italien. Les autres proviennent de hauts responsables de Fininvest, la holding de M. Berlusconi, dont Livio Gironi, ex-trésorier.

280 millions d’euros

La justice soupçonne Silvio Berlusconi et treize autres personnes d’avoir soustrait des caisses de Mediaset, le groupe télévisé du chef du gouvernement italien, 280 millions d’euros en faveur de ses deux aînés, Piersilvio et Marina, à travers des sociétés écrans off-shore. "Les bénéficiaires économiques des sociétés Accent et Timor étaient respectivement Marina et Piersilvio Berlusconi. Les nouveaux noms (des deux sociétés, ndlr) Century One et Universal One nous ont été suggérés par des personnes de Fininvest", affirme M. Mills, placé sous enquête, dans un procès-verbal cité par le Corriere della Sera.

Ces deux sociétés off-shore représentent les "coffres-forts" de la famille Berlusconi, selon le journal. David Mills s’est occupé des documents nécessaires à la création de ces sociétés sur instruction de Livio Gironi, le trésorier de Fininvest. "Je savais que Livio Gironi était directement lié à Silvio Berlusconi, qu’il était l’homme qui gérait son patrimoine personnel. J’ai préparé les documents en suivant les instructions de Gironi. Ce fut lui qui m’a dit que les enfants en seraient les bénéficiaires mais que la gestion courante devait être toujours sujette à l’accord de Silvio Berlusconi", déclaré M. Mills.

Transférer une partie du patrimoine

M. Gironi, interrogé par la justice, affirme : "je me souviens, c’était vraisemblablement en 1990, on commença à réfléchir au sein de la famille Berlusconi au transfert d’une partie du patrimoine aux deux premiers enfants. Je suis sûr d’en avoir parlé avec Silvio Berlusconi en personne et peut-être avec sa mère", dit-il dans un procès-verbal cité par le quotidien La Repubblica.

La suppression des impôts sur la succession a été une des premières mesures prises par le gouvernement de M. Berlusconi après sa victoire aux élections législatives en mai 2001. Le chef du gouvernement italien, qui a été blanchi des accusations de corruption dans un procès en décembre, est maintenant poursuivi pour avoir soustrait environ 60 millions d’euros (80 millions de dollars) au fisc dans un autre procès

Le Monde


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