Mélenchon Front de Gauche : Il se passe quelque chose !

mercredi 29 février 2012.
 

Meeting énorme à Montpellier le 8 février

Le 8 février Jean-Luc Mélenchon a tenu son meeting régional en Languedoc-Roussillon à Montpellier. Quelle démonstration ! Déjà les succès des meetings précédents nous avaient obligés en catastrophe à changer de hall dans le parc expositions. Nous avons quitté les salles qui avaient pourtant fait le plein de la gauche antilibérale : le 22 mai 2005 pour le Non de gauche, le 17 novembre 2006 pour l’unité antilibérale et le 29 janvier 2010 pour la liste régionale d’ « A Gauche Maintenant » que j’ai eu le privilège de conduire, chacun de ces rendez vous rassemblant entre 4 et 5 000 personnes.

Cette fois ci ce fut une véritable marée humaine et nous étions au gros du meeting plus de 9 000, retrouvant des affluences que seule la candidature de Mitterrand de 81 avait rassemblé. En soi cela est déjà un évènement. Mais tous ceux qui ont vécu cette soirée voyaient bien qu’il se passait quelque chose de nouveau ; comme l’a dit Midi-Libre lui-même : « une nouvelle gauche est née » ! La première chose qui frappait était la diversité des publics présents qui au fur et à mesure de la soirée s’unifiaient dans l’adhésion aux idées développées par le candidat du front de gauche. Pour illustrer ce point voici un extrait d’un mail que m’a envoyé un sympathisant, jusque là un peu sceptique, le lendemain du meeting :

Témoignage sur le public du meeting et ses attentes

« Cher René,

Je veux te témoigner ma grande satisfaction après le meeting d’hier. Mélenchon m’a enthousiasmé et tu peux compter sur moi pour la campagne […]. Arrivé largement en avance j’ai pu observer l’arrivée du public et je me suis permis d’en aborder pour leur demander les raisons de leur présence ; j’ai le sentiment que toutes les composantes naturelles de la gauche étaient là :

- des communistes revigorés et fiers de voir leur parti repartir enfin à la hausse,

- des syndicalistes très nombreux arborant fièrement leurs badges CGT, SUD, FO ou FSU et çà c’est sacrément nouveau en France,

- les militants altermondialistes qui ne se réfugiaient pas comme avant dans une sorte de retenue politique,

- des militants des droits de l’homme,

- les associatifs engagés dans la défense des travailleurs sans papiers,

- les animateurs des collectifs contre les gaz de schistes ainsi que des agriculteurs des hauts cantons,

- des écologistes bien sûr attirés par l’idée de planification écologique et inquiets de l’accord PS-EEVerts,

- les militants anticapitalistes qui semblaient trouver une issue à l’impasse du NPA,

- et puis des socialistes assez nombreux dont un qui affichait son badge du poing et la rose (quand je lui ai demandé pourquoi il était là, il me répond : « je viens voir par moi-même ce que dit Mélenchon mais aussi pour le moment j’ai l’impression que c’est le seul candidat qui puisse se dire socialiste. » ).

Il y avait aussi beaucoup de gens qui étaient venus à 2 ou 3 sans afficher une appartenance et que je voyais au cours de la soirée s’échauffer, rire et applaudir. Mais ce qui m’a le plus impressionné c’est cette masse de jeunes qu’on n’avait pas vu depuis longtemps dans les meetings de gauche ; ils étaient particulièrement actifs et joyeux. Quand je pense à tout ce qu’on dit sur leur dépolitisation et leur zapping permanent et là ils sont restés attentifs à suivre des discours pendant prés de deux heures !

Bref tu dois savoir tout çà autant que moi mais ce que je veux surtout te dire : faites bien attention à offrir à tous ces gens un cadre ouvert et dynamique où ils se sentent à l’aise comme ils sont pour qu’ils puissent agir.Le PG et le Front de gauche peuvent être ce cadre de reconstitution de la gauche si on s’y prend bien. Je vois une force considérable prête à se mettre en mouvement. Bien à toi et à bientôt.

Marc »

Marc résume très bien mon sentiment : une force populaire s’unifie et se met en mouvement. Désormais va se produire un aller retour permanent entre ce qui se passe d’un côté dans le sommet de la campagne et de l’autre l’action souterraine des mille et une discussions et rencontres au travail, au café, entre amis, en famille. Dans la période qui s’ouvre le mécanisme des petites phrases et de la pipolisation, qui font le spectacle médiatique habituel des campagnes avec un peuple de spectateurs passifs, semble bien compromis. Des enjeux vitaux pour la vie du peuple vont désormais venir sur la table maintenant que notre candidat est audible de tous.

Février mars : l’enjeu du traité européen

Parmi ces enjeux, il est significatif que la question européenne soit à nouveau au centre, maintenant que le cinéma de Sarkozy en sauveur de l’Euro et du triple A se termine en fiasco et que la discrète manœuvre de Hollande en parlant de renégociation…après l’élection semble intenable. Bref les partisans de l’Europe libérale espéraient que la question européenne laisse la place à d’autres sujets dont ils dicteraient l’agenda (sécurité, chômeurs « profiteurs », immigration…) et que nous avalisions ainsi par omission les questions vitales et particulièrement les politiques européennes austéritaires qu’on nous impose. Et bien c’est raté. D’abord parce que pour le grand nombre s’impose le sentiment qu’aucune politique autonome de croissance et d’emploi dans notre pays n’est possible dans le cadre de la discipline imposée par les institutions européennes et des traités européens. En situation de reflux ce sentiment peut produire de la résignation ; mais en situation de montée sociale et politique ce sentiment fonde la nécessité de la rupture avec les traités ultra libéraux qui régentent la construction européenne. Déjà dans la phase précédente de la campagne nous avons pu imposer l’idée que rien n’était possible sans remettre en cause la puissance des marchés financiers (« Les réguler ? Non, leur briser les reins »), au point que dans certains débats je vois les interlocuteurs d’autres forces politiques admettre la main sur le cœur qu’il faut combattre les marchés financiers, même s’ils ne proposent aucune mesure allant dans ce sens.

Maintenant c’est le tour de l’Europe : le nouveau projet de traité européen rédigé par Merkozy et approuvé sans résistance par les gouvernements conservateurs et sociaux démocrates de 25 pays sera signé en mars prochain. Or ce traité a le culot d’imposer à tous les pays une discipline budgétaire absolue et que personne ne pourra remettre en cause ; les 3% de déficit de Maastricht sont loin et nous voilà avec 0% ou 0.5% ! Après avoir perdu toute souveraineté monétaire avec la mise en place d’une Banque centrale indépendante de tout pouvoir politique et de tout contrôle démocratique (et on a vu depuis vingt ans que cette BCE n’a de cesse que de se soumettre aux exigences des marchés financiers), le nouveau traité préconise un mécanisme visant à déposséder chaque pays de toute autonomie budgétaire pour imposer à tous la même règle : baisse des dépenses publiques et baisse des impôts des riches !

La campagne du Front de Gauche sera donc une campagne pour dire Non au traité austéritaire ; la souveraineté populaire doit à nouveau s’imposer comme en 2005 mais cette fois ci en étant instruite de l’expérience de la catastrophe à laquelle a conduit le traité de Lisbonne. Chaque jour de la Grèce au Portugal, de l’Espagne à l’Italie, de l’Irlande à la Roumanie, l’actualité amène son lot de faits et d’arguments pour dire Non au nouveau traité. En ce moment l’ampleur des coups portés par la troïka contre le peuple grec indigne tous ceux qui en ont pris connaissance ; et il est assez sidérant que ces mesures soient imposées par ceux qui ont maquillé les comptes (les dirigeants de la droite grecque, la Nouvelle Démocratie , en accord avec le dirigeant européen de Goldman Sachs devenu depuis le président de la BCE qui fait payer cette erreur au peuple grec alors qu’il en est le complice direct ; quant aux sociaux démocrates grecs du PASOK ils sont encouragés par tous les socialistes européens à voter pour l’austérité maximale …ce qui les discrédite pour des décennies aux yeux de leur peuple). La première étape du NON au nouveau traité consiste dans la mobilisation de solidarité avec le peuple grec. Car ce qu’exige la troïka a été voulu par Sarkozy et il devra s’expliquer des souffrances qu’il contribue avec les autres dirigeants européens à imposer à ce peuple.

Le 21 février, les socialistes français au pied du mur

Les dirigeants socialistes français ont cru pouvoir s’exonérer d’une réponse claire sur ce traité. Au parlement européen les députés français se sont abstenus alors que les autres députés socialistes européens votaient pour. Puis François Hollande s’est déclaré favorable à une renégociation du traité s’il est élu. Cette position ambigüe ne va pas tenir longtemps. D’abord nous n’avons pas la mémoire courte : un épisode historique devrait nous instruire ; en avril 1997 lors de la préparation des élections législatives anticipées, qui ont vu la victoire de la gauche plurielle, Lionel Jospin a déclaré sur TF1 : « Les critères de Maastricht ne sont pas gravés dans le marbre et je les remettrai en cause ». Le peuple a donc espéré une remise en cause de l’austérité imposée à l’époque par la convergence pour faire l’Euro. Or en juin 97 à peine élu Jospin a signé le traité d’Amsterdam qui pérennisait les critères de convergence dans le cadre du pacte de stabilité. Les promesses pour demain ne sauraient donc nous suffire. Il nous faut des actes : or justement à partir du 21 février le parlement va aborder le texte préalable à ce traité et adopter ce texte consiste à approuver le traité. Jean Luc MELENCHON a expliqué cela en détail aux 9000 présents du meeting de Montpellier qui ont écouté cela avec la plus grande attention ; ce fut un grand moment d’éducation populaire. Depuis blogs et notes diffusent l’analyse détaillée de ce texte informant ainsi du forfait qui se prépare, à l’image de la formidable campagne civique de 2005. Hollande ne va pas pouvoir prétendre pendant longtemps que c’est un texte technique sans importance. Soit à la fin du mois ils votent ce texte et alors la promesse de renégociation n’est que du vent aux yeux de tous car il se sera fait le complice des plans de misère que l’Europe impose aux peuples ; soit ils votent contre et ils sauvent l’honneur de la gauche et nous aurons ainsi une base unitaire de mobilisation pour remettre en cause le traité. Et qu’ils ne nous fassent pas à nouveau le coup de l’abstention qui revient à laisser passer le texte.

Mener campagne : une tâche pour chacun

Pour terminer deux anecdotes qui montrent que chacun peut se poser la question de la meilleure manière dont il peut participer à cette campagne présidentielle. Un ami non encarté et non engagé politiquement m’informe qu’il est venu avec sa femme au meeting ; convaincus, à la sortie, ils ont acheté dix programmes « l’humain d’abord » et envisagent de les vendre dans la semaine ; ils ont ouvert un petit carnet en faisant la liste de tous les amis et liens familiaux qu’ils vont contacter pour les faire voter Mélenchon le 22 avril en réfléchissant aux meilleurs arguments possibles et les mieux adaptés. Cette démarche simple va se multiplier et irriguer la société dans les jours qui viennent. Le mépris médiatique sur le Front de gauche (qui fait suite au silence médiatique qui ne pouvait plus tenir) convainc chaque jour de nouveaux convaincus qu’ils ne doivent ne compter que sur eux-mêmes pour faire campagne et faire connaître le projet du Front de gauche et son candidat.

Une autre anecdote. Plusieurs enseignants ou parents d’élèves ou citoyens concernés par les questions d’éducation ont pris connaissance du discours de Mélenchon aux vœux au personnel de l’éducation. Et touchés par le contenu ils décident de diffuser le lien qui permet d’écouter ce discours d’une heure. Ainsi l’un d’entre eux écrit cela à ses collègues « Vous ne cessez de dire à vos élèves que pour devenir de vrais citoyens ils doivent se forger une opinion par eux-mêmes en s’informant au mieux ; alors commençons par nous l’appliquer à nous-mêmes pour les prochaines élections présidentielles en refusant le vote mécanique selon ses habitudes ou selon le paresseux vote utile. Aussi je vous demande de consacrer une petite heure à écouter le discours de mélenchon sur l’éducation. Personnellement convaincu par ce discours je suis preneur de toute réaction et de tout débat à ce sujet » et de donner le lien suivant : cliquez ici

Mille démarches similaires se multiplient et forment la matière première d’une mobilisation citoyenne souterraine qui se nourrit de tous les évènements qui se passent à la surface ; je vous appelle toutes et tous à vous y inscrire sans attendre de consignes.

René REVOL


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