Après le meeting de Hollande au Bourget, le débat peut commencer à gauche

samedi 28 janvier 2012.
 

Le discours de François Hollande, au meeting du Bourget le dimanche 22 janvier a montré la volonté du candidat socialiste de tenir un discours plus clairement à gauche et plus combatif. Il a explicitement désigné « le monde de la Finance » comme son ennemi principal et comme une menace pour la démocratie. Il a affirmé avec force la nécessité de remettre « l’égalité » au cœur de son projet de société. Cela ne peut que conforter les partisans du Front de Gauche qui défendent depuis des mois la nécessité incontournable d’une politique de confrontation avec les banques et les spéculateurs pour mettre en œuvre une politique de transformation sociale et écologique.

Cette situation ouvre une nouvelle étape du débat à gauche qui va s’amplifier dans les prochaines semaines. Ce débat est positif. Le Front de Gauche le sollicite depuis des mois, à travers l’offre publique de débat que notre candidat Jean Luc Mélenchon avait formulé dès le début dès la fin du mois d’août 2011. Nous ferons tout pour lui donner la plus grande lisibilité et la plus grande clarté.

Pour le Front de Gauche, ce débat doit se mener publiquement. Loin d’affaiblir la gauche, il lui permet d’intéresser et d’entraîner des millions d’hommes et de femmes de gauche qui ont aussi leur mot à dire sur cette question, qui veulent être partie prenante de la bataille pour chasser la droite. L’enjeu des prochaines élections, c’est bien le combat contre la finance. Mais comment mener ce combat ? Avec quels objectifs ? Comment se protéger de la finance ? Simplement en séparant les activités de crédit des banques des activités spéculatives, qui est la politique mise en œuvre par Obama et qui est facilement contournée par les puissances financières ? Comment interdire les activités des banques françaises dans les paradis fiscaux sans la mise sous contrôle public des principales institutions bancaires du pays comme BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole… ? Comment limiter la spéculation en se contentant de « taxer les transactions financières » sans rétablir un véritable contrôle sur les mouvements de capitaux ? Voilà quelques unes des questions qui devraient être au cœur d’une alternative de gauche.

L’enjeu de la victoire de la gauche est en effet de rendre possible à nouveau la perspective de « l’égalité » comme le souligne François Hollande à juste titre. Mais l’égalité, qui est autant politique, que sociale, économique que culturelle n’est pas juste une belle idée. Elle s’incarne dans des droits politiques, économiques et sociaux qui ont été gagnés par des décennies de luttes et de mobilisations et qui peuvent et doivent être étendues à de nouveaux droits. Car il n’y a pas d’égalité possible quand les écarts de salaires deviennent indécents et symbolisent la domination d’une oligarchie. Il n’y a pas d’égalité possible quand le droit à la santé universel et gratuit est menacé par le démantèlement de la sécurité sociale (qui serait encore fragilisé par la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu). Il n’y a pas d’égalité possible quand la peur de perdre son emploi empêche de construire tout projet d’avenir et de s’investir dans la vie sociale et politique. Il n’y a pas d’égalité possible si la gauche se soumet au diktat de la « règle d’or » et de la lutte contre les déficits publics au lieu de rétablir la retraite à 60 ans à taux plein pour tous. La gauche doit défendre les retraités, pas les rentiers !

Ces questions ne peuvent être contournées. Face à Nicolas Sarkozy qui joue son va-tout en multipliant les provocations, la clé de la construction de l’alternative sera la cohérence politique. Face à cette droite qui parie sur la résignation, la gauche doit donner un contenu concret, mobilisateur à l’indignation et à la révolte. On ne domptera pas les vautours de la finance en leur demandant de respecter les bonnes manières. Il faut les mettre à genoux et les soumettre à la souveraineté populaire, pour que ce ne soit pas la démocratie qui soit asservie par le capital.


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